Malgré les récents enlèvements survenus dans le nord du pays, particulièrement à Tombouctou, site de la manifestation.
La 12è édition du Festival du désert se tiendra du 12 au 14 janvier à Tombouctou. L’assurance a été donnée par les organisateurs lors d’un point de presse couplé au lancement du festival samedi à l’hôtel de l’Amitié sous la présidence du Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Cette édition se tient dans un contexte difficile et critique dans notre pays, particulièrement à Tombouctou. Les récents événements survenus dans cette ville (enlèvement des touristes entrainant la mort d’un d’entre eux) ne sont pas favorables à ce grand rendez-vous culturel. Depuis plus de 3 éditions, l’organisation du festival du désert est compliquée par la question de la sécurité. Il serait facile de céder à ces difficultés et d’arrêter le festival, reconnaissent les organisateurs en soulignant cependant l’importance de l’évènement pour les populations locales. De leur point de vue, la plateau de la balance contenant les avantages pèse beaucoup plus lourd que le plateau des inconvénients.
Le Festival au désert est, en effet, la seule manifestation capable, dans le contexte de menace des terroristes et d’hostilité des chancelleries occidentales, d’attirer des centaines de touristes occidentaux et de dynamiser le tissu économique de la région grâce aux retombées du séjour de quelque 800 festivaliers qui viennent de partout dans le monde. En plus, le festival évitera à la 6è Région d’être isolée du monde et empêchera les enfants des populations locales poussés par la pauvreté, le manque de moyens, l’absence de travail, la perte de l’espoir et l’isolement d’être attirés par l’argent facile des bandits ou par le fanatisme religieux. Pour toutes ces raisons, la 12è édition du festival du désert doit et va se tenir. Il revient à l’Etat et aux organisateurs de faire face aux problèmes et surtout de trouver des solutions d’une part pour la sécurité des festivaliers et d’autre part pour la pérennisation de la manifestation. Les consignes sécuritaires des pays d’origine de la plupart des festivaliers occidentaux n’ont pas empêché ces derniers d’être au rendez-vous l’année dernière, notent les organisateurs. Selon Many Lansart, le promoteur du festival, nombre de personnes redoutaient une faible affluence à cette édition. « Mais le constat a été tout autre. La fête a été plus belle et près de 10 000 participants ont pu la partager. Ils sont venus essentiellement d’Afrique, des Etats Unis et d’Europe de l’Est » a t-il indiqué.
Ce précédent cimente la confiance des organisateurs même si le festival à venir a enregistré de nombreuses annulations suite aux récents évènements de Hombori et Tombouctou. Many Lansart demande aux uns et aux autres de rester soudés. « Le nord de notre pays n’est pas uniquement le désert, c’est aussi la joie, les rencontres, le divertissement. Si jamais on perd la bataille des populations, on perdra aussi la bataille contre les bandits ainsi que le terrorisme. Car chaque fois que nous reculons, c’est le terrorisme qui avance. Il faut donc que les populations de la région s’impliquent et cessent d’avoir la phobie de ces menaces. La 12è édition du festival du désert se tiendra malgré tout. Mieux encore la présente édition va dépasser encore une fois toutes les attentes » a t-il assuré. Pour cette édition les organisateurs ont donné la priorité aux musiques sahéliennes en incluant celles d’autres régions du Mali, d’Afrique et du reste du monde.
Des artistes ont manifesté leur désir de participer à la présente édition. Il s’agit, entre autres, de Salif Keïta, « Désert Blues » (associant Habib Koïté, Afel Bocoum et Tartit), Tinariwen (Mali), Mamar Kassey (Niger). Le programme des trois jours du festival, prévoit musique, danses, courses de chameaux, exposition de vente de produits de l’artisanat local, forums de rencontres et d’échanges. Les manifestations traditionnelles (parades, expositions, conférences et jeux divers) se dérouleront dans la journée. Les concerts et autres animations sont prévus dans la soirée. Le festival se déroulera quelques jours après le festival Ali Farka Touré qui se tiendra à Niafunké du 5 au 7 janvier. Il s’agit là pour les organisateurs des deux rendez-vous de permettre aux festivaliers de sauter d’une manifestation à l’autre. Après Niafunké les festivaliers pourront mettre directement le cap sur le festival du désert.