Sans complexe et sans fausse note, dans un jeu de scène qui restera longtemps gravé dans les esprits des festivaliers, le «Si bémol majeur», notamment ses deux chanteurs (un chanteur et une chanteuse), ont émerveillé le public de Sélingué. Mieux, cet orchestre se positionne pour être un ambassadeur sûr de la bonne musique made in Mali. Et, cette prestation a annoncé la couleur de la nuit du 28 mars 2019 au Festival International Urban music et mode.
Les Maliens ont du talent. Les artistes maliens ont du talent. Et, pour s’en convaincre, il fallait voir la prestation de l’orchestre «Si bémol majeur» au Festival International de Sélingué. Sept artistes dont deux chanteurs et 5 instrumentistes, sous la conduite du Maestro Kempes, ont fait voyager les festivaliers dans le temps et à travers le Mali, à travers des interprétations musicales enrichies d’apports personnels.
De Gao à Kayes, en faisant souvent des incursions en République sœur de Guinée, le «Si bémol majeur» sur la scène de Sélingué a exposé son talent qui a été apprécié par plus d’un. Cependant, ce groupe doit travailler à passer à une autre étape de son existence : s’investir dans la création de son propre répertoire.
De Ségou à Sélingué, le Rap s’imbrique au reggae et au bambara foli
Modibo Diarra dit Van Baxi, natif de Ségou, est arrivé à Sélingué cette année avec un style de musique particulier. Un genre particulier de Rap qui emprunte fortement au reggae, mais, sans s’éloigner de la musique bambara de son terroir. En parfait accord avec son orchestre et ses deux choristes, Van Baxi fera danser les festivaliers, qui n’en demandaient pas mieux. Très engagé, il s’est pratiquement inscrit ce soir-là dans la musique de sensibilisation, en rapport avec le conflit communautaire en gestation dans le centre du Mali.
Il a invité les Maliens à la vigilance. Pour lui, aucun Peulh ne pourrait tuer un Dogon et vice-versa. Donc, il invite les Maliens à rechercher la cause de ces tueries du côté de ceux qui ont intérêt à voir le pays s’embraser.
Le groupe «Faratuben» ou la musique bobo à la conquête du monde
Composé d’artistes maliens de l’ethnie bobo et de jeunes artistes occidentaux, le «Faratuben» restera la plus grosse surprise de Sélingué. Il n’y a aucun doute, si le talent de ce groupe n’avait pas été sous-estimé par le programmeur, il allait jouer un jour de grande influence, tant il assure un spectacle de haut niveau. Mais, qu’à cela ne tienne, le public présent, le jeudi 28 mars 2019, à Sélingué, a dansé au rythme de la musique et des champs bobo de souche.
En plus de l’instrumentalisation qui fait une place de choix au balafon mythique, le leader vocal du groupe a un timbre de voix qui lui donne la possibilité de faire un retour aux souches pour faire revivre les styles de chants bobo de la grande période de l’effervescence de nos indépendances.
En plus de Faratuben, Les jeunes rappeurs de Sélingué, dont certains découvraient la grande scène pour la première fois, s’en sont donné à cœur joie et ont rivalisé d’ardeur pour convaincre de leur talent. Mais, ce soir-là, en terme de rap, de nombreux jeunes maliens étaient venus voir la prestation annoncée du rappeur américain SB.
Assane Koné