Festival Bélénitougou de Somasso : La gardienne de la culture minianka

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Du 22 au 26  mai dernier, Somasso déserté s’est métaphorisé en Somasso rallié. Pendant quatre jours, cet ancien village où étaient installés les colons depuis les années 1930 est resté debout pour offrir l’hospitalité à des centaines de personnes qui ont pris part à la 6e édition du Festival Bélénitougou pendant six jours. “Culture et développement en période de Covid-19” était la pierre angulaire de l’événement.

A plus de 250 km de Bamako, la capitale malienne, Somasso est le chef-lieu de la Commune éponyme dans le cercle de Bla, région de Ségou. Anciennement reconnu par son attachement ferme aux valeurs traditionnelles du territoire, le village est composé de Miniankas, Peuls, Bamanans, Bomous, Malinkés. Les hommes intègres s’ouvrent désormais au monde et donnent une occasion aux curieux de découvrir les richesses culturelles cachées des Miniankas. Le Festival Bélénitougou s’élargit d’édition en édition depuis son lancement en 2015. D’un artiste au début à une dizaine aujourd’hui, il veut dépasser le côté folklorique pour s’ériger en mécanisme pour l’émergence locale. “Il permet aux petits vendeurs surtout les femmes d’ici d’avoir des retombées économiques dans la vente de leurs articles”, a déclaré Sékou Fané, le maire de Somasso.

Sous le parrainage d’Aboul Coulibaly, président de l’association Yeelen, évoluant dans la promotion de la citoyenneté active, l’intérêt du festival va désormais au-delà du village en question depuis la 2e édition. C’est toute la zone qui s’y identifie. Du cercle de Bla à la capitale, le public donne crédit à l’événement.

Si d’ordinaire des bus transportaient les festivaliers à y prendre part, cela n’a pas été le cas cette année à cause de la crise sanitaire qui sévit le monde qui avait d’ailleurs empêché sa tenue l’an passé. En plus, cette édition coïncide avec la continuité des cours, ce qui n’était pas le cas lors des fêtes précédentes.

Des artistes de renommée comme Sékouba Traoré Sékoubani, Mamadou Dembélé dit Dabara, l’ambassadeur artistique de ce festival et son maître Abdoulaye Diabaté, tous de la localité, ont ébloui les spectateurs par leurs savoir-faire. En plus, Zanpèrè, le célèbre et balafonniste du cercle de Bla était dans son assiette pour le rendez-vous.

L’arrivée de Rama Ngoni, une artiste burkinabé, de jeunes rappeurs de Bamako et les artistes de la contrée a été de belles surprises pour le public. Presque tous les genres musicaux maliens ont été joués. C’était surtout une occasion pour ces derniers de se lancer même si le public destinataire ignorait parfois de la portée des messages véhiculés.

Animé d’une volonté de côtoyer les stars musicales, sans doute, c’est la musique qui attire le plus dans ce festival. Malgré un vent violent et une pluie fine, le public ne montrera aucun signe de lassitude lors de la soirée de clôture. De 20 h à 4 h du matin, les spectateurs y compris des personnes du troisième âge ont suivi la soirée en intégralité. “C’est l’unique occasion de voir ces artistes ici. Il faut alors profiter bien”, s’est justifiée une vieille dame

Pour détendre l’atmosphère d’autres activités étaient au programme, dans lesquelles les compétions sportives, la prestation théâtrale des femmes, la chorégraphie des enfants, l’exposition du bétail et des céréales, la sensibilisation sur la Covid, et un don des kits sanitaires dont des chariots.

L’idée du festival est inspirée d’une cérémonie traditionnelle : Bélénitougou. “Béléni”, nom d’un bois, et “tougou”, qui signifie enflammer en bamanankan, était une pratique pour les habitants de mettre du feu à un moment propice au bois afin de préserver la nature. Ce rituel était suivi de pratiques rituelles pour protéger le village. Un siècle après, les choses n’étaient plus les mêmes avec l’arrivée des religions et l’avancée de l’école classique, les gens ne voyaient plus en ses pratique des vertus comme ceux qui les ont précédés. C’est conscient de la perte de ces valeurs que l’Association pour le développement de Somasso, (ADS) a initié ce festival en 2015 pour faire “renaitre les bonnes valeurs des ancêtres”, a rappelé le président de l’ADS.

L’événement est amplement financé par des partenaires nationaux et les particuliers que sont les membres de l’ADS et les ressortissants du village. “La contribution physique de nos frères d’ici est inestimable. Sans cela, le budget du festival qui est, aujourd’hui à 25 millions, s’élèverait à 50 millions”, a reconnu Markatié Dao, le président de l’ADS.

En revanche, tout n’est pas rose dans l’organisation d’un événement de haut niveau comme celui-ci dans un village. Parmi les contributions, la part des hommes politiques était forcément remarquable. Ce qui a failli être l’opportunité pour ces derniers “de transformer le festival en campagne politique”. Les organisateurs promettent en tout état de cause de rester sur l’objectif initial qui est la promotion de la culture et le développement local. “Nous devons penser à d’autres initiatives comme le reboisement dans nos prochaines éditions. C’est le bon moment de donner l’exemple”, a proposé Ndo Dao, l’un des initiateurs et grands contributeurs du festival.

Rendez-vous l’année prochaine pour être les témoins de la concrétisation d’autres engagements pris par les festivaliers !

 Chaka Kéïta, envoyé spécial

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