L’union ADS-EpMa pour l’organisation de la 8e édition du festival Bèlènitugu (couplée à la 1re semaine culturelle d’Ensemble pour le Mamala “EpMa”) de Somasso a été une réussite. Cette fête culturelle et folklorique tenue du 27 au 31 mai 2023 à Somasso a été une occasion pour mettre Somasso et la culture minianka en exergue. Ce qui a fait que Somasso était devenu le point de convergence des ressortissants venus des 68 communes du Mamala (Miniankala), de Bamako et d’ailleurs pour communier autour de leur patrimoine culturel.
Organisée par l’Association pour le développement de Somasso (ADS) et Ensemble pour le Mamala (EpMa), la 8e édition du festival Bèlènitugu (couplée à la 1re Semaine culturelle d’EpMa) a été une grande fête culturelle et folklorique à Somasso. Et si ce festival n’existait pas, il fallait le créer tant il est prisé par les communautés des 68 communes du Mamala et leurs ressortissants résidant à Bamako et ailleurs.
Placé sous le thème “La culture au service de la paix pour un Mali nouveau”, cet événement artistique et culturel, selon Markatié Daou, permettra aux habitants de vivre ensemble en harmonie, de faire des activités culturelles des sources de revenus, de permettre aux communautés de former une entité unique qui a son mot à dire au moment des prises de grandes décisions impliquant la vie de la communauté et de la nation, de préserver les éléments culturels (langue, habitudes culinaires, l’hospitalité, les codes vestimentaires, les instruments de musique, les pas de danse et d’autres vestiges), de permettre le retour et l’établissement au bercail des bras valides (jeunes filles et garçons) en exode rural.
L’organisation de cette 8e édition a répondu à toutes ces ententes et a atteint ses objectifs qui sont, entre autres, de faire de la culture un vecteur de la paix, de cohésion sociale, de renforcer le vivre ensemble à travers l’interpénétration des communautés vivants sur le même espace géographique qu’est le Mamala, de faire de la culture le moteur de l’économie locale…
En effet, du 27 au 31 mai 2023, Somasso était devenu le point de convergence et le centre culturel du Mamala qui comprend 68 communes. Le programme d’activités des événements était alléchant. Il s’articulait, entre autres, autour de l’animation folklorique minianka (niogo, zagré, le balafon…), des enregistrements d’émissions (Bikodo), la Télé fait son show et Vis-à-vis de Renouveau TV, des sketches.
Sans oublier des foires d’exposition des produits locaux, des danses chorégraphiques, des matches de football. La journée du samedi 27 mai 2023 a été consacrée à l’accueil et l’installation des festivaliers venus de Bamako et d’ailleurs. Cet accueil s’est déroulé dans une liesse populaire. Après les salutations d’usage, le chef de village, Notégue Daou, au nom de ses administrés, a souhaité un bon séjour aux festivaliers avant de les offrir une calebasse de colas et un bouc.
Le représentant d’EpMa, François Dembélé de Karankasso, a souhaité une bonne fête à tous les festivaliers venus à Somasso. Le représentant de l’ADS a souligné que le festival Bèlènitugu est une occasion pour l’ADS et l’EpMa de mettre Somasso et la culture minianka en lumière.
Toutes ces déclarations annonçaient un bon festival. Et la fête fut belle. Du 27 au 31 mai 2023, Somasso a vibré aux rythmes des chants et danses folkloriques. La nuit du samedi a été réservée à la prestation du balafoniste Zampère et son groupe.
Le dimanche 28 mai 2023, la délégation de l’EpMa conduite par son président Kloussama Goïta a été accueillie dans l’effervescence. Dans son intervention, il a félicité les organisateurs du festival qui ont fait une démonstration de mobilisation des populations. Il a indiqué que l’EpMa a été porté sur les fonts baptismaux avec comme objectif d’établir l’impact de la culture sur la paix et la réconciliation pour une nation. “Ce Mouvement a pris appui sur des associations culturelles et des acquis tels que le Festival Bèlènitugu de Somasso, un événement culturel soutenu par ses ressortissants et leurs partenaires”, a-t-il expliqué.
Transparence pour transparence, cette soirée a été une occasion pour les organisateurs de révéler le résultat des collectes qui sont en nature et en espèce. Les contributions en nature sont constituées de condiments, de céréales, des fagots de bois fournis par les femmes. Les espèces ont été donnés essentiellement par des ressortissants de Somasso et de leur marraine Fatoumata Batouly Niane (marraine) du mouvement citoyen politique “An b’i ko” qui a fait un appui de 3 millions F CFA. Le clou de la soirée du dimanche a été la prestation de Mamadou Dembélé “Dabara”. Il a impressionné le public par ses chansons surtout celle dédiée au président de la Transition Assimi Goïta (un Minianka bon teint), Fatoumata Batouly Niane et son mouvement.
Une campagne de reboisement utile
La journée du lundi a été réservée à l’ouverture du festival présidée par Modibo Koné, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable. A son arrivée, Modibo Koné a tenu à visiter les 68 stands représentant les 68 communes de l’arrondissement de Somasso. Au cours de cette visite des stands, chaque maire a présenté sa commune tout en expliquant au ministre ce qui est en train d’être fait dans la protection, la sauvegarde et la conservation de l’environnement, surtout avec la plantation d’arbres.
A la fin de la visite des stands, le ministre s’est dit satisfait des explications des maires qui se consacrent à la protection de l’environnement. Il a confié qu’il a pris note des soucis des différentes communes qui sont des questions de classes, de maîtres pour enseigner les enfants, des questions de pistes rurales. “Ces questions vont être transmises au président de la Transition pour que des dispositions soient prises. Beaucoup de maires ont souhaité qu’ils soient assistés durant la campagne de reboisement qui va commencer en juillet prochain avec des plantes. Cette année, ce ne serait pas n’importe quelle plante. Nous allons leur amener des plantes utiles économiquement pour nos populations comme le karité, le néré, l’acajou. Nous faisons ces campagnes de reboisement en communion avec les communautés qui ont épousé le souhait d’aller avec cette plantation d’arbres dans leurs localités, nous ne pourrons que les suivre. J’ai pris l’engagement au niveau de certaines communautés les plus chanceuses de faire un maximum pour planter quelques arbres à mon propre nom”, a-t-il confié.
Le ministre Modibo Koné, représentant le président de la Transition, Assimi Goïta, a offert un million F CFA aux “Namadenw” (les sœurs mariées en dehors de Somasso). Il a justifié son geste à l’endroit de ses “sœurs” par le fait qu’une sœur est beaucoup plus valeureuse. Il a remercié le président de l’ADS qui a su rassembler l’ADS et l’EpMa pour cheminer ensemble dans l’organisation du festival. Il a appelé les festivaliers à voter “oui” au référendum du 18 juin prochain pour adopter la nouvelle Constitution afin de sortir le Mali des difficultés.
Les activités se sont poursuivies avec des manifestations folkloriques comme les danses chorégraphiques, les défilés de 68 enfants (représentant les 68 communes de Somasso) et une animation musicale de Zampèrè, des prestations des artistes traditionnels comme Niogo, Korodouga.
Siaka Doumbia
Envoyé spécial
Markatié Daou, président de l’Association pour le développement de SOMASSO :
“La fête du Bèlènitugu rassemble tout le monde autour d’un idéal”
“Les autorités de la Transition ont contribué au raffermissement de notre tissu social”
Dans l’entretien qui suit, Markatié Daou, le président de l’Association pour le développement de Somasso parle de l’importance du festival Bèlènitugu dans le développement social et intégré de Somasso.
“Le Festival que l’ADS organise porte le nom d’une forêt, d’un bosquet de la protection de l’environnement ‘le Bèlènitugu’. C’est une fête traditionnelle qui commençait déjà par la provocation d’un feu de brousse contrôlé qui annonce les premières pluies de l’hivernage. A cette occasion, les hommes du village sortaient massivement pour procéder à une chasse réglementée. Donc, cette fête, au-delà de son aspect littérale, au-delà de sa vocation environnementale suscite également un autre engouement auprès de la population. Cet engouement est lié à la participation massive et pleine de la gente féminine. Il s’agit des filles qui ont été mariées hors du village et qui, à l’occasion de cette fête, reviennent avec leurs enfants pour tisser des liens familiaux, raffermir les liens familiaux de cohésion. Donc, ce festival représente pour nous un ensemble. Raison pour laquelle, la présence du ministre de l’Environnement n’est plus à justifier.
Et avoir le ministre de l’Environnement au festival, cela n’est que la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas la première participation du ministre Modibo Koné. Il a commencé sa visite à Somasso par une campagne de reboisement au mois d’août ou septembre. Cela veut dire que la culture, l’environnement et le développement social intégré de Somasso font un tout. Il s’agit d’un ensemble dans lequel nous essayons de mettre un contenu et de faire en sorte que les communautés puissent tirer le maximum de bénéfices de cette fête.
Effectivement, le ministre de l’Environnement était venu représenter les autorités de la Transition qui ont posé des actes partout au Mali. Mais en ce qui concerne Somasso, elles ont contribué au raffermissement du tissu social parce qu’à chaque édition du festival, nous bénéficions de la participation des Forces de l’ordre et de sécurité pour non seulement rassurer les participants mais pour prouver que l’Etat a la volonté de travailler à cela pour que périmètre, chaque kilomètre, chaque mètre du territoire nationale puisse véritablement être sauvegardé, préservé au bénéfice exclusif des citoyens maliens”, a-t-il expliqué.
Il a salué l’accompagnement, le soutien des autorités de la Transition au festival dont la vocation première est de rassurer la population. Pour Markatié Daou, la culture est un levier du développement social et intégré. Parce que, a-t-il soutenu, à Somasso, ce qui rassemble le plus est cette fête Bèlènitugu. “Au-delà des considérations religieuses, politiques et autres, la fête du Bèlènitugu rassemble tout le monde autour d’un idéal qui est le social, l’hospitalité légendaire qui est propre au Mali mais qui est une spécificité de Somasso de pouvoir bien entretenir ses hôtes, en acceptant s’il le faut, de céder tout ce qu’il y a comme confort pour que l’étranger puisse se sentir comme chez lui.
Donc, c’est une pratique que nous la nouvelle génération a voulu mettre en valeur avec une dimension un peu plus populaire, en impliquant les médias, les communicateurs, les acteurs socioéconomiques, les acteurs du développement, les partenaires. Nous sommes heureux de ce qui se passe chez nous à Somasso. Nous souhaiterons que les autorités puissent prendre cet exemple et l’appliquer ailleurs. Nous sommes ouverts à accompagner l’Etat dans notre participation inclusive à la vulgarisation de cette expérience initiée il y a 8 ans et dont le retour est positif et que nous sommes prêts à partager avec l’ensemble de la population, de la communauté malienne et de la diaspora”, a-t-il indiqué.
“Les pays qui se sont focalisés sur leur culture ont doublement gagné”
Markatié Daou a avoué que le festival Bèlènitugu garde son authenticité parce qu’il reflète ce qui se passe dans les terroirs. “Le festival Bèlènitugu répond à des préoccupations actuelles des populations autres que celles de Somasso. Donc, ce qui veut dire que, les gens, à un moment donné, ont soif de leur culture mais ils ne savent pas comment la jonction peut être facile. Et cette jonction est désormais facile à travers le festival Bèlènitugu et d’autres festivals qui s’inspirent du festival de Somasso. Nous souhaiterons avoir l’accompagnement de tous les maliens à tous les niveaux comme les acteurs culturels pour que notre festival puisse continuer à grandir, à s’étendre et à répondre à toutes les aspirations possibles liées à un événement culturel.
Je suis un homme comblé, satisfait mais avide pour que l’expérience de Somasso puisse aller au-delà de nos frontières parce qu’il y a des pays qui ont utilisé la culture comme le moteur de leur développement tels que le Japon, la Chine, l’Israël. Ces pays n’ont aucune leçon à recevoir des pays qui se disent développés par l’industrie. Mais les pays qui se sont focalisés sur leur culture ont doublement gagné.
Le Japon, la Chine, l’Israël ont la particularité de réfléchir par eux-mêmes et de faire la politique de leur moyen. Ne serait c que ça, je pense que la culture a quelque chose de positive. Raison pour laquelle, nous à Somasso, nous engagés dans cela et nous voulons faire en sorte que chaque participant du festival puisse nous laisser ses impressions et repartir avec des vécus, avec des aspects positifs qu’ils auraient glanés sur le terrain. Donc, accompagner le festival Bèlènitugu, c’est accompagner l’Etat malien, c’est accompagner l’Afrique, l’humanité. C’est faire en sorte que nous puissions, malgré nos différences, vivre ensemble de façon harmonieuse”, a-t-il exhorté.
“Le Festival Bèlènitugu est une école en soi”
Comme enseignement principal de cette 8e édition du Festival, Markatié Daou a parlé de possibilité de rêver d’un Mali stable, de rêver d’une Afrique émergente, rêver d’un monde unifié. “Parce que la culture a cette particularité de mettre ensemble les riches, les moins riches et les extrêmes pauvres pour qu’à un moment chacun puisse exprimer sa joie, sa satisfaction morale à travers des instruments de musique, des pas de danse, des codes vestimentaires et autres. Tous ceux qui ont participé aux différentes éditions du festival ont témoigné que le festival est original.
Et son originalité est tirée également du fait qu’il y avait une fête traditionnelle qui a pu survivre des centaines d’années. Cela ne peut être que positif. Et cette positivité a été améliorée davantage avec des concepts nouveaux pour pouvoir l’adapter aux réalités du monde qui ne cesse d’évoluer. C’est pour dire que le Festival Bèlènitugu est une école en soi et de laquelle chacun peut tirer son épingle du jeu. Il y a certains qui viennent pour la retombée économique, d’autres viennent pour se ressourcer, d’autres viennent pour savourer les beaux et magnifiques pas de danse, pour des sonorités rares tirées des instruments atypiques tels que les Niogo, Zagré, le Balanin authentique, le bara. C’est pour dire que notre terroir a du répondant pour faire de notre pays, de notre continent un espace où on peut se développer et gagner sa vie”, a-t-il conclu.
Siaka Doumbia, Envoyé spécial