Un festival sur le tissu Bazin au Mali, il fallait y penser. Mais pour quel résultat, se demande t-on. Promotion culturelle ou « Pur business » ?
Oui, c’est bien un festival sur le tissu Bazin qui s’est tenu à la semaine dernière. Evénement de taille, il en fut un, car la mobilisation a été grande du côté officiel, avec la présence des ministres de la culture et de la communication.
Dans cette affaire, notre curiosité est grande. Elle est grande, parce que nous ne comprenons pas du tout la pertinence du sujet. Et il nous est apparu très difficile de faire un rapprochement entre ce tissu Bazin et notre culture malienne ; quoique le Bazin soit un phénomène de mode pour ceux là qui ont surtout le moyen de s’en procurer.
Le Bazin est ce tissu de haute classe, cédé entre 4000 et 6000 f CFA le mètre. Il est importé d’Europe. C’est une affaire de gros bonnet et surtout de gros sous.
S’habiller en bon Bazin, n’est pas donné à qui le veut. Un petit boubou (tunique) de Bazin, ne demande pas moins de 40 000 f CFA à celui qui veut l’enfiler. Pour un grand boubou à trois pièces, le minimum requit est 100 000 f CFA pour les grosses pointures.
Alors, pour un pays comme le nôtre, faire du tapage autour de ce tissu revient évidemment à gifler la grande majorité des Maliens. Cette grande majorité, sommes nous convaincus, se verrait mieux habiller en tissu COMATEX, BATEX CI et apprécierait plus un festival sur son local qu’un importé qui fait plus de bien aux fabricants et tailleurs étrangers qu’aux consommateurs locaux que nous sommes.
Certes, la teinturière du coin et le « frappeur » de tissu Bazin y gagnent quelque chose. Mais à quel prix, s’interroge t-on. Dégradation de l’environnement, bruits intempestifs causés par les « frappeurs », arnaque du consommateur sur la qualité des tissus, …la liste n’est pas exhaustive pour commenter les tares du Bazin.
Cependant, ça aurait été mieux d’organiser une foire du Bazin, en pur Business, qu’un festival en contenu culturel sur ce tissu.
Le Bazin n’est pas culturellement malien. Le ministre de la culture Rama Diallo, ni celui de la communication Mahamadou Camara ne peuvent dire le contraire. D’ailleurs, pourquoi le ministre Mahamadou Camara n’était –il pas habillé en Bazin ce matin du jeudi 4 septembre 2014 ?
Une chose est quand même claire, les organisateurs de ce festival vont bien se frotter les mains. Car, qui parle Bazin, parle forcement de beaucoup d’argent.
Seybou Kéita
