Cela fait quelques mois qu’une polémique inutile enfle autour de l’organisation d’un événement à Paris, dénommé Festi-Bazin. Lequel est initié par Aminata Bocoum qui avait même fait quelques éditions à Bamako. Cette année, avec le soutien des autorités, la manifestation devrait se faire à Paris. Dans cette optique, Aminata Bocoum a pris contact avec l’ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco, Oumar Keïta. Lorsque celui-ci aussi était dans une dynamique d’organiser un grand événement à Paris, avec le soutien de l’Unesco, autour du Bazin, dans le but de promouvoir le savoir-faire des teinturières et les autres corps de métiers liés au Bazin.
Le bureau du Mali près de l’Unesco à Paris a alors donné mandat à Aminata Bocoum pour permettre la bonne organisation de la manifestation. Oumar Keïta et ses hommes étaient loin de savoir que cette dernière avait d’autres idées derrière la tête. En donnant la parole à chacune des parties, nous avons constaté qu’il y a eu des incompréhensions, mais aussi de l’arnaque parce que les stylistes et autres créateurs qui devraient participer à cette rencontre à Paris, viennent d’autres pays au détriment des Maliens.
Aminata Bocoum, promotrice de Festi-Bazin, qui est différent de l’activité que le Mali voulait organiser à Paris autour du Bazin et les corps de métiers liés, nous a confié qu’elle est dans cette démarche depuis le mois de mars. Mais, déplore-t-elle, ses lettres sont restées sans suite. «La ministre de la Culture n’a jamais répondu ni donné son accord, donc l’événement ne pourra plus avoir lieu cette année. Depuis le mois de mars, elle a été sollicitée, mais elle ne répond pas. On ne la juge pas, si elle pense avoir bien fait. Mais je ne veux juste pas que mon circule dans le journal, car j’ai un long chemin devant moi. Et je ne veux surtout pas m’attirer les foudres d’un ministre». En guise de preuves, Aminata Bocoum nous a remis tous les courriers qu’elle avait reçus, mais elle dit ne pas comprendre pourquoi elle n’a pas eu de réponse de la part du ministre de la Culture.
De son côté, l’ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco a été clair dans un courrier qu’il nous a envoyé. Oumar Keïta dit n’être pas au courant de Festi-Bazin à Paris : «Tout d’abord, il ne s’agit aucunement du Festi- Bazin. L’événement initié par la délégation permanente du Mali auprès de l’UNESCO, en préparation s’intitule “Les Journées du bazin” (comme indiqué dans la lettre de patronage de la DG de l’UNESCO). L’agence d’Aminata Bocoum a été mandatée par la Délégation pour apporter son expertise afin de mobiliser les partenaires et aider à l’organisation matérielle. Il n’a jamais été question de Festi-Bazin au sein de l’UNESCO (lettre de mandat n°99/DPM-UNESCO du 26 mai 2016)».
Au ministère de la Culture, on affirme n’être pas non plus au courant de l’organisation d’un tel événement à Paris, car les courriers dont Aminata Bocoum fait référence ne sont jamais arrivés au département. Nos interlocuteurs affirment que tous les courriers sont enregistrés avec un numéro, et qu’il n’y a jamais eu un courrier, à plus forte raison des courriers d’Aminata Bocoum.
Dans le département de la Culture, on refuse de rentrer dans une polémique stérile. Ce département accompagne en effet tous les festivals culturels, en moyens financiers ou techniques, malgré ses maigres ressources. D’ailleurs, chaque année, Festi-Bazin se tient au Mali et a toujours été soutenu par le ministère de la Culture. Aussi, faut-il le retenir, le bureau Unesco Mali à Paris a décidé d’organiser une journée du textile. C’est ainsi que Festi-Bazin a été choisi comme partenaire. Mais il n’est ni organisateur, ni initiateur. On ne comprend pas pourquoi Festi-Bazin s’agite à ce point autour de cette activité du bureau de l’Unesco.
Au-delà de cette polémique stérile, on doit s’interroger sur le Bazin. Bien que très apprécié par tous les Maliens, ce tissu est utilisé comme rideaux ou nappes de table en Autriche et en Allemagne. Les Maliens ont tellement aimé ce tissu que certains ont voulu le valoriser au point de faire croire que ce tissu est un produit culturel. Que nenni ! Pour certains opérateurs culturels, un événement autour du Bazin est d’abord une affaire du ministère du Commerce ou de l’Industrie. Ils estiment que le Bazin est un produit industriel et non culturel.
Par ailleurs, ce bruit a poussé le département de la Culture à prendre des mesures draconiennes pour l’accompagnement des nombreux festivals. D’autant que, malgré son soutien à ces festivals, aucun ne produit un rapport pour le lui donner et ainsi justifier les actions menées. Certains festivals utilisent le ministère de la Culture pour démarcher des sponsors, ce qui relève de l’arnaque.
Un opérateur privé, très au parfum des festivals, demande clairement une réforme de ce secteur au Mali, car, soutient-il, «ils sont pratiquement privés tous ces festivals, souvent avec un seul organisateur autour du festival». Désormais, le départ de tout festival doit se faire d’abord avec les collectivités concernées et le maximum de partenaires.
Selon cet autre observateur, il y a quelques festivals qui répondent cependant aux attentes de développement liées aux festivals. Comme le festival sur le Niger, avec des actions concrètes et visibles, et un bureau permanent à Ségou. Le Festival de Sélingué est aussi dans la même dynamique. Pour revenir au Festi-Bazin, il n’a aucun rapport avec ‘Les Journées du Bazin’.
Kassim TRAORE
Le malien est vraiment prêt à tout pour arnaquer, depuis quand le bazin est malien? L’Allemagne ou l’Autriche doit porter plainte contre le Mali pour usurpation
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