Le neuvième congrès de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) qui avait débuté ses travaux à Johannesburg en Afrique du Sud, siège de l’association a élu Cheick Oumar Sissoko à sa tête.
En effet, depuis le décès du Gabonais Charles Mensah en 2011, les cinéastes africains n’avaient pu élire un responsable à la tête de leur organisation. Après plusieurs reports, cette fois beaucoup de cinéastes ont porté à Johannesburg leur choix sur la candidature de notre compatriote Cheick Oumar Sissoko. Ce célèbre réalisateur a été couronné de nombreuses fois sur le plan africain et international.
À titre de rappel, son long métrage «Guimba, le tyran», a remporté le prix étalon du Yennenga en 1995 au FESPACO. Cheick Oumar Sissoko a été aussi Ministre de la culture du Mali de 2002 à 2007 et celui de l’Education nationale en 2007.
Patriote intransigeant ayant une forte passion de son pays, cet homme de culture a pris part de manière active et décisive à la lutte pour le changement démocratique au Mali.
D’abord, dans les structures clandestines de résistance à la dictature militaire en compagnie d’autres camarades comme le Dr Oumar Mariko, le Pr Many Camara sociologue connu dans les milieux universitaires maliens et internationaux. Cheick Oumar s’est également battu au sein de l’Association des étudiants africains en France et plus tard dans les associations et organisations politiques nées au Mali dans les années 1990.
Grâce à lui la Coordination des organisations et associations démocratiques a été mise en place laquelle est venue à bout de la dictature en mars 1991. Président de l’association CNID (Congrès national d’initiative démocratique) puis du Mouvement SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance) de 1996 à 2001, Cheick Oumar Sissoko est président de ce parti depuis 2001. Il est le président du Comité de gestion des radios Kayira du Mali, dirige le cercle des intellectuels maliens amis du Venezuela et est promoteur d’un Centre de production de films appelé «Kora films».
Bamako présage de la consécration
Avant le départ de la délégation pour l’Afrique du sud, le ministre de la Culture Bruno Maïga, a rencontré l’ensemble des professionnels du cinéma malien. Il s’est félicité de la candidature de notre compatriote au poste du président de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI). Vu les chances de succès, il a demandé à nos cinéastes de rester unis autour de cet objectif noble.
«Tout doit être mis en œuvre pour que Cheick Oumar Sissoko puisse obtenir ce poste», a dit en substance le ministre de la Culture Bruno Maïga. «C’est seulement dans la solidarité que nous gagnerons. L’élection de notre compatriote sera considérée comme celle du Mali», a-t-il enfin souligné. Pour sa part, le président de l’Union des cinéastes du Mali, le réalisateur Salif Traoré, a donné l’assurance au ministre que le soutien de ses camarades ne fera pas défaut à Cheick Oumar Sissoko.
Energique, intelligent et panafricaniste convaincu, le nouveau président de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) est un artiste d’un commerce agréable et d’une très grande élégance. Son esprit d’ouverture et sa parfaite connaissance des réalités du cinéma africain dont il est incontestablement l’un des pionniers, l’aideront à réaliser avec succès ses ambitions. Son remarquable passage au ministère de la culture du Mali en est une illustration. Mais la tâche sera immense.
Les défis à relever et les acquis à consolider
L’expansion du cinéma africain connaît un coup de frein avec le désengagement des Etats de certains secteurs d’activité qui serait dicté par les Politiques d’ajustement structurel (PAS). L’absence de véritables politiques nationales pour la culture défavorise l’éclosion d’un environnement propice à l’exercice de l’activité cinématographique. S’y ajoutent la faible production, la raréfaction des subventions, la réduction de l’offre en formation, l’inexistence de salles de cinéma, la faible présence de productions africaines sur les marchés, la piraterie etc.
Créée en 1969 avec le statut d’organisme international, la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) a pour objectifs la défense des intérêts des cinéastes africains et la promotion du cinéma du continent. Ce 9è congrès de Johannesburg a également permis aux participants, parmi lesquels des pionniers du cinéma et de l’audiovisuel en Afrique, de tracer une nouvelle voie pour leur secteur. Ils sont aussi d’accord sur de nouveaux instruments juridiques et ont définit une nouvelle stratégie opérationnelle pour équiper la fédération afin qu’elle réussisse ses missions dans l’intérêt des cinéastes africains et de la diaspora.
En outre, le congrès a examiné et adopté les instruments conçus et développés par le secrétariat général afin de renforcer les capacités de la FEPACI sur le plan institutionnel. Il s’agit de la stratégie sine qua non pour redynamiser cette organisation dans la défense des intérêts de ses membres et de contribuer à la réalisation du développement socio-économique de l’Afrique.
Bréhima Coulibaly