Le jeudi 11 décembre 2014, la France a remis l’insigne de Chevalier de l’Ordre national des arts et des lettres à la jeune artiste malienne Fatoumata Diawara. C’était à la résidence de l’Ambassadeur de France au Mali. C’est d’ailleurs lui-même, Gilles Huberson, qui a remis cet insigne à Fatoumata Diawara qui était pour la circonstance entourée de son père et sa mère, ses frères et sœurs, amis et alliés et son mari. Et de plusieurs invités. Parmi les invités, il y avait Alioune Ifra N’Diaye qui l’a aidée à aller en France pour la première fois. Nous nous intéressons au parcours de cette artiste qui chante, danse, joue dans les films…Une artiste au vrai sens du mot.
Née en Côte d’Ivoire de parents maliens originaires du Wassoulou, elle a amassé toute une gamme d’expériences africaines. Très jeune, elle a été éloignée de ses parents pendant près de 10 ans, confiée à sa tante Fatoumata Diawara et a vécu les préjudices culturels des femmes. Elle s’est battue pour accomplir ses ambitions artistiques… Et puis, grâce à son talent et mérite, elle a rencontré le succès comme actrice d’abord, avant de se plonger dans l’univers de la musique comme auteur-compositeur-interprète.
Le théâtre des Bouffes du Nord, Paris, accueille les premiers pas de Fatoumata Diawara sur les planches en 1999, avec une adaptation d’Antigone mise en scène par Sotigui Kouyaté. En 2002, Fatoumata Diawara a été choisie pour incarner une figure féminine légendaire d’Afrique occidentale, Sia, dans «Sia : le rêve du python» de Dani Kouyaté, film qui connaît un succès planétaire. Ce rôle va bouleverser sa vie : au lieu d’accepter le rôle d’impératrice qu’on lui offre, Sia part sur les routes pour réclamer paix et justice, quitte à passer à son tour pour folle auprès de la population.
Encore aujourd’hui, pour beaucoup de Maliens, Guinéens, Sénégalais et Burkinabés, elle est Sia. Fatoumata Diawara n’a pas accepté de se plier aux coutumes locales, en empruntant les chemins de la création artistique et de l’engagement social. Sa carrière d’actrice se développe avec la Compagnie Royal de Luxe qui lui offre un rôle dans son nouveau spectacle, mais pour lequel, là encore, elle se laissera partir. Elle prend la fuite et rejoint la compagnie, avec qui, elle partage la scène dans le monde entier durant 6 années, en tant que comédienne, mais aussi… chanteuse…
«Pour les gens de ma génération, Royal de Luxe ‘’parle’’ : à la fin des années 1970, toute une génération d’artistes donnent naissance à des compagnies telles que Délices Dada, Ilotopie… et Royal de luxe… Fondée en 1978, et qui s’installe au Hameau de la Taule, à Saint-Jean-du-Gard, autour de Jean-Luc Courcoult…Royal de luxe, c’est le goût du travail collectif, de la récupération et du détournement d’objets… Et c’est aussi le gigantisme», a laissé entendre l’Ambassadeur de France au Mali, parlant de la riche carrière de Fatoumata Diawara.
Après Royal de Luxe, elle se lance un nouveau défi. Elle s’est dit : «Une fille malienne avec une guitare acoustique, c’est une chose à la fois merveilleuse et audacieuse». Elle apprend ainsi les six cordes en autodidacte et commence à travailler sur son propre répertoire. Sa véritable passion se révèle : Fatoumata Diawara décide de s’y consacrer pleinement, tout en poursuivant ses expériences au cinéma. Les chansons de son album, telles que «Boloko», «Sowa», ou encore «Bissa» sont vecteurs de messages et témoignent notamment de manière autobiographique, sans colère ni hargne, des pseudos traditions, telles que le mariage forcé, la séparation des enfants de leurs parents ou l’excision. Elle écrit dans «Boloko» : «Les femmes africaines vivent dans trop de galère et de souffrance. Nous devons revoir nos croyances ancestrales et les trier. Gardons ce qui est bon pour nous et rejetons tout ce qui nous nuit».
Militante contre l’intolérance et en faveur de la paix comme en témoigne sa chanson «Kèlè», elle est à l’initiative d’un projet qui réunit d’une seule voix 37 des plus grands artistes musiciens maliens dans «Mali-ko», chanson enregistrée à Bamako en 2012. «Mali-ko» a fait le tour du monde et a porté haut et fort le message de la paix pour le Mali.
En 2013, elle est nominée par «New Africans» parmi les 100 Africains les plus influents et est devenue la première femme à recevoir la «Science for Peace Awards» de la Fondation Veronesi à Milan. Son rôle dramatique dans «Timbuktu», le dernier film d’Abderrahmane Cissoko, où Fatoumata Diawara interprète une artiste musicienne aux mains des terroristes, lui fait alors gravir les marches du Palais au dernier Festival de Cannes. C’est ce parcours fantastique d’artiste engagée que la France a salué.
«L’émotion que vous transmettez dans votre voix, vos chansons, vos interprétations face à la caméra ; votre appétit de vivre pleinement – ne dites-vous pas que votre ‘’secret’’ réside dans vos rires et larmes – font aussi de vous une personnalité attachante. Votre ‘’petit nez’’, comme vous le dites, votre instinct, vous a conduit jusqu’ici. Votre plus beau rôle est celui de votre vie et nous sommes fiers d’honorer ce soir votre carrière exemplaire en vous remettant la distinction de Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres», a précisé Gilles Huberson, Ambassadeur de France au Mali, avant de lui remettre l’insigne.
«Pourquoi partageons-nous autant ? Pourquoi les Maliens se sentent-ils bien chez nous et vice-versa ? Pourquoi tous ces mariages mixtes ? Pourquoi ces merveilleux mots d’Aimé Césaire, je cite : mes ancêtres bambaras ? Nous n’avons bien sûr pas les réponses à ces questions…mais nous avons Fatoumata Diawara… Chère Fatoumata Diawara, c’est un grand honneur pour moi de vous remettre aujourd’hui l’insigne du Chevalier de l’Ordre national des arts et des lettres».
L’insigne de Chevalier de l’Ordre national des arts et des lettres de France
Créée en 1957, cette décoration française récompense «les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres dans le monde». «Respecté et envié des artistes, des écrivains, des créateurs», selon la formule d’André Malraux, cet Ordre fut l’un des quatre Ordres de mérite ministériels (avec les Palmes académiques, le Mérite maritime et le Mérite agricole) à ne pas avoir été aboli lors de la réorganisation des décorations françaises décidées par le général De Gaulle en 1963.
«Vous rejoignez ainsi les personnalités du monde culturel, telles que Marion Cotillard, Cate Blanchett, Georges Clooney, Vanessa Paradis ou encore Salif Keïta et Abdoulaye Konaté. Il est de tradition, avant de remettre une telle décoration, de saluer les différents talents qui l’ont rendue évidente. Aussi, vais-je simultanément saluer la femme africaine engagée, symbole d’espoir pour la jeunesse du continent, l’actrice, la chanteuse, et le ‘’pont’’ entre la France et le Mali, entre la France et l’Afrique…. Jeune artiste accomplie, autodidacte, engagée pour la paix, militante pour les droits des femmes et des enfants, vous incarnez aujourd’hui l’espérance et la confiance pour la jeunesse malienne, africaine, internationale», a clamé l’Ambassadeur de France au Mali.
Kassim TRAORE
Fatoumata Diawara : «Je dédie cette médaille à la jeunesse africaine»
«Les mots me manquent car ça fait deux mois que j’ai été informée que j’allais être lauréate de l’insigne de l’Ordre national des arts et des lettres. C’est un honneur et une immense joie pour moi, je remercie tous ceux qui m’ont aidée afin de parvenir à cette distinction française, notamment Alioune Ifra N’Diaye qui m’a encadrée et aidée à aller en France pour la première fois, mes parents (ma mère et père) qui sont parmi nous ce soir. Cette médaille est pour la jeunesse africaine, je la dédie aux jeunes africains. Nous devrons nous lever, nous battre et faire face aux défis du monde. Nous ne devons pas accepter que les gens viennent nous imposer leur langue, leur mode de vie… Nous devons rester nous-mêmes avec nos valeurs et tôt au tard nous aurons notre mot à dire dans le concert des grandes Nations de notre planète. Seule la jeunesse peut changer l’avenir du continent, mais une jeunesse consciente responsable et engagée, comme nous l’a démontré celle du Burkina Faso. Je demande aux Maliens de diminuer les critiques envers notre président de la République. Je ne le connais pas, mais les critiques vont l’affaiblir, alors qu’il a besoin du soutien de tout le monde pour construire le pays. Ce qui nous est arrivé, on doit l’éviter en posant des actes qui vont nous mettre au-dessus des autres. C’est main dans la main qu’on pourra réussir. Cette médaille est un nouveau départ pour ma carrière et je dois tout faire pour mériter la confiance des gens. Je remercie la France qui m’a adoptée étant très petite ; je remercie tout le monde, mon père, ma mère…».
Alioune Ifra N’Diaye salue la médaille Fatou
«Ce jeudi 11 décembre 2014, à la résidence de l’Ambassadeur de France au Mali, Fatoumata Diawara a été élevée au rang de Chevalier des arts et lettres de la République française. Elle rejoint ainsi Georges Clooney, Marion Cotillard… Je suis particulièrement fier de cette distinction parce que Fatoumata Diawara fait partie de mon histoire professionnelle. Elle a été à la hauteur des risques pour elle. Merci à toi, Fatou, de nous avoir rendu hommage, à Jean-Louis Sagot-Duvauroux et à moi-même. Merci à la France de continuer à reconnaître nos talents. Peut-être que notre pays fera de même et réduira ainsi les reconnaissances à titre posthume. Fatoumata Diawara est aussi le fruit de l’encadrement d’une cinquantaine de jeunes formés à Blonba parmi lesquels, on peut citer Maciré, Mathiny Traoré… Ils sont tous des meilleurs dans leurs domaines respectifs».
BRAVO
😉 😉 😉 ,félicitation ma fille y (bagayoko)la fille de mon homonyme,à bey(bagayoko) merci y diwara dicko tu fait la fiérte de notre Maliba ,bonne continuation ,ma petite-fille,encore bon vent 😉 😉 😉 😉 😉 😉
FÉLICITATION POUR CETTE MÉDAILLE,le mérite revient aussi a ta très chère tante djeneba ble diawara qui a fait de toi ce que tu es aujourd’hui en t’ inscrivant dans les cours du soir pour apprendre a lire et les cours de théâtre.
Félicitations et courage pour un Mali qui gagne
Felicitation
Félicitation,du courage
M le journaliste du reporter Fatoumata Diawara n’est pas du WASSOULOU mais de MADINAI DIAWARA près de BOUGOUNI sur la route de YANFOLILA.
Felicitations pour cette haute distinction. Vous le meritez par votre courage, dur travail et devouement pout l’art et la culture.
BRAVO et bonne continuite.
Félicitations à Fatoumata Diawara !!!!¨
Je trouve tout de même contradictoire de demander,d’une part, aux jeunes de se lever et se battre comme l’ont fait les burkina bé et, d’autre part, leur demander de réduire les critiques sur notre président sous prétexte que les critiques l’affaibliraient.
Si les critiques l’affaiblissent, c’est qu’il n’est pas fait pour diriger un pays démocratique. Dans ce cas, il n’aura qu’à démissionner. Puisqu’on changera pas les règles du jeu parce qu’un des protagonistes s’appelle IBK.
Félicitations tu mérites une distinction cependant je suis pas d’accord avec toi si tu penses sincèrement qu’il faut arrêter de critiquer un dirigeant au motif de l’affaiblir car les critiques sont toujours constructives!Peut être étais tu sous le coup de l’émotion!Toute personne affaiblie par une critique n’en mérite pas une car en définitive on est critiqué justement après un bon travail!Chère Fatoumata je suis convaincu nous devons tous souhaiter bénéficier de critiques
Merci pour la promotion de la culture malienne
Voici une femme intelligente, vaillante et battante qui merite cette distinction, courage ma soeur et beaucoup de success “y Diawar Dicko”
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