Les émissaires du roi portaient sur leur tête l’ennemi du roi bien fagoté et traversèrent bien de campagnes et villes malgré les intempéries. Ils voyagèrent souvent dans la chaleur moite de la nuit, souvent dans la fraicheur matinale, leurs pieds foulant la rosée. Un jour, chemin faisant, les hommes du roi eurent faim. En voyant des jujubiers chargés de fruits mûrs, ils déposèrent le jeune homme au bord de la route pour aller assouvir leur faim. Pendant qu’ils se régalaient de jujubes mûrs et appétissants, un berger peul guidant son bétail en transhumance trouva sur son chemin, le jeune homme bien ligoté qui se débattait dans sa peau de bœuf. Aussitôt, le jeune homme se mit à crier et à se débattre. -Non, non, je ne voudrais pas être leur roi. Je ne voudrais pas être le roi de qui que se soit et personne ne pourra me forcer à l’être, disait-il ! Le berger peul qui était intéressé par les propos désespérés du jeune homme en difficulté voulut en savoir davantage.
-Je me fous royalement de leur couronne. J’aimerais rester un simple citoyen, oui, un simple et honnête citoyen, s’écria-t-il ! Le berger à qui s’offrait l’opportunité d’être roi, se précipita à libérer le jeune homme et lui proposa d’être à sa place, ligoté et emballé, exactement comme il l’avait trouvé. Les émissaires du roi, après leur pause, transportèrent leurs charges et se dirigèrent vers la mer sans ne s’apercevoir de rien. Arrivés à destination, ils jetèrent le berger à la mer malgré ses protestations et ses cris de désolation. Le jeune homme téméraire après sa libération s’appropria tout le bétail que le berger peul gardait, et avec tous les animaux, retourna chez lui au village. Le lendemain, il remplit une calebasse de lait de ses vaches et l’offrit personnellement au roi. Il profita de l’occasion pour dire à ce dernier.
-Voici mon bétail, cadeau que j’ai reçu de la mer. Elle me l’a offert en guise de viatique pour mon retour au village. Le roi ne croyait pas ses yeux. Il y avait là plusieurs milliers de bovidés qui étaient à la disposition de ce jeune homme qu’il avait puni et qui avait été jeté à la mer sous ses ordres. Il se dit intérieurement que si la mer pouvait donner tant de fortune à toute personne qu’on jette dans ses tréfonds, il aura lui aussi sa part de fortune. Abattez moi un bœuf séance tenante et qu’on me ligote exactement comme ce qu’on a fait à ce jeune homme, qu’on m’enroule dans la peau de ce bœuf qui sera abattu tout de suite et qu’on aille me jeter à la mer exactement comme ce qu’on a fait à ce jeune homme, ordonna le roi. On ligota le roi pour l’enrouler dans la peau de la bête fraichement abattue et dix solides émissaires allèrent le jeter à la mer qui l’engloutit définitivement. Le roi est mort, vive le roi !
Les puissants, en plus de leur pouvoir ont toujours besoin de fortune qui peut les mener à leur perte.
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Publications
« Les contes du Togouna »
Le magistrat Léon Niangaly, très passionné de lecture et de l’écriture, nous gratifie d’une autre publication basée sur les us et coutumes de son milieu d’origine. Il s’agit de « Les contes du Togouna ». Dans ce recueil de contes de 36 pages, publié par Imprim Color, l’auteur nous émerveille par des contes avec des leçons de morale qui éduquent plus d’un. De ce fait, dès la page 3 de l’ouvrage, Mr Niangaly tient à situer les lecteurs par ceci : « Togouna signifie littéralement « hangar Mère » : lieu de repos des hommes dans les villages dogons. Dans chaque village, chaque quartier dispose de son Togouna. Le Tougouna est également le lieu où l’on débat des problèmes politiques et sociaux. C’est aussi un temple de la culture. Aussi est-il normal qu’on y raconte des histoires, toutes sortes d’histoires…Les contes de cet ouvrage ont tous été recueillis au cours d’une veillée populaire à Koro, en 1979. Les conteurs Anaï Niangaly, Anoumoloum Niangaly et Keton Dama sont tous originaires de Koro. N’ayant pas suivi l’école moderne, les conteurs ont gardé leur authenticité basée sur la tradition orale. En 1981, pendant mon stage de magistrat à Tombouctou, j’ai commencé à transcrire ces contes en dogon phonétique dans des cahiers d’écolier que je garde encore. Je les ai traduits plu tard en français à Gourma-Rhaous où je servais comme juge de paix en 1992. Certaines modifications y ont été apportées pour les nécessités de l’édition, mais je n’ai jamais voulu m’écarter de la version jam-saye. J’avais voulu faire une édition bilingue français-jam-saye de ces contes. Mais, des raisons indépendantes de ma volonté ne m’ont pas permis de le faire. J’espère que d’autres le feront à ma place. Je souhaite que ces contes de mon village intéressent tous les enfants d’où qu’ils viennent ». Que c’est bien dit ! En parcourant l’ouvrage, nous nous rendons compte qu’il est composé de 11 contes dont Un voyage de gallinacés, Le forgeron, le bouc et hyène, Le lièvre, Le crocodile et le chien, Crime et Châtiment, La servante, Les aventures de l’oie noire, La tombe de la mère éléphant, Le lièvre maudit par Dieu, Un autre tour du lièvre, La monture de l’aïeul du lièvre, Hyène et l’âne. Dans tous ces contes, les leçons de morale se dégagent portant sur la reconnaissance, l’ingratitude, la cupidité, la trahison, la supercherie, la malédiction et tant d’autres. Pour l’illustration de nos propos, nous avons choisit un conte pour vous. (voir en bas de l’article)
Il est à noter que l’auteur, Léon Niangaly est né en 1952 à Koro au pays dogon. Il a fait des études fondamentales à l’école de sa ville natale. Après les lycées de Badalabougou et de Markala pour les études secondaires de philosophie et de langues, il poursuit des études de sciences juridiques à l’École Nationale d’Administration de Bamako. Magistrat, il a servi comme juge ou procureur de la République dans diverses juridictions de son pays. Actuellement, il est conseiller à la Cour d’Appel de Bamako.
Mamadou Macalou
Extraits : « Les contes du Togouna »
Crime et châtiment
Un jour, une tortue se promenant en brousse à la recherche de sa maigre pitance. Elle rencontra un singe qui lui dit : Ta promenade est fort intéressante. Elle te permet de prendre de l’air mais à moi qui ai faim, elle m’offre un bon repas. Aussi, le singe recommanda à la tortue de vive voix d’aller lui chercher sagement du feu avec lequel il la rôtirait pour en faire son repas. La tortue, toute tremblante, alla chercher du feu. Sur le chemin, elle rencontra un chien qui fut étonné de la voir si soucieuse. Compatissant à sa douleur, la tortue répondit au chien : – Je m’apprête à mourir ; le singe veut me manger. Il m’envoie chercher le feu avec lequel il va me faire rôtir. Je ne sais plus à quel saint me vouer ! Le chien fut révolté par la méchanceté du singe. Il voulait lui infliger un châtiment digne de sa cruauté. Il assura la tortue de sa volonté de la sauver. Dans ce dessein, il lui demanda seulement de le traîner par les pattes jusqu’au singe. Il feindrait d’être mort, ce que tout le monde croirait en le voyant ainsi tiré par la tortue. Comme convenu, la tortue prit le singe « mort » par les deux pattes arrière et le traîna en faisant beaucoup de bruit vers le singe. En voyant de loin le spectacle insolite du chien tiré par la tortue, le singe courut vers elle et lui demanda : – Que fais-tu avec cet animal dangereux ? – Il est mort ! C’est un chien mort que je t’amène, dit la tortue amusée par la terreur qu’elle lisait dans le regard du singe. – Tortue, c’est là un jeu dangereux que tu joues, car un chien, même mort, peut être méchant. Pourtant, le singe curieux voulait savoir si le chien était vraiment mort. Il lui semblait bien que c’était vrai, mais il restait toujours prudent. Il demanda à la tortue de lapider le cadavre du chien, de le rosser et de le passer à rudes épreuves. Ce qui fut fait. Et comme le chien ne remuait toujours pas, il fut enfin convaincu qu’il était mort. Alors, il s’approcha du cadre du chien, monta dessus, le tapa, dansa sur lui et, victorieux, dit : -Jamais mon grand-père n’a tué un chien ! Mon père ne l’a jamais fait non plus. Mais aujourd’hui, un chien est ma victime ! Oui j’ai tué un chien et j’en suis fier ! Comme le singe dansait sur le poitrail du chien, celui-ci le renversa brutalement et le singe fut écartelé.
La justice condamne la force brutale. Elle protège les faibles des forts, les pauvres des riches.
Gestion électronique des bibliothèques et centres de documentation
L’AUF apporte sa touche
Avec le développement croissant des nouvelles technologies de l’information et de la communication et leurs utilisations indéniables, les responsables du Campus Numérique Francophone de Bamako sous la houlette de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), ont initié une série de formation au profit des bibliothécaires, documentalistes, enseignants, chercheurs et étudiants de certaines facultés de la place. Ils étaient près d’une vingtaine de participants à prendre part à un atelier de formation sur la gestion électronique de l’information documentaire à l’aide du logiciel libre B, en système intégré de gestion de bibliothèques. C’était du 21 au 25 octobre 2013 au Campus Numérique Francophone de Bamako (CNF B) sise à la faculté des sciences et techniques.
Cinq jours durant, les participants ont successivement exploré les différents modules aux fins d’ une meilleure gestion de leurs fonds documentaires.
Cet atelier, animé par M. Horatio Quadjovie et Mme Aminata Sakho DEME, respectivement des Campus numériques francophones du Togo et de Dakar, a été fort bien apprécié.
Les participants ont à l’unanimité salué initiative tout en souhaitant bénéficier d’autres formations leur permettre d’être au diapason de l’évolution des technologies.
Pour leur part, ils ont promis de mettre en pratiques les compétences acquises pour le bien collectif. Un vœu et plaidoyer donc à l’endroit de leurs autorités qui pour les avoir désigné à prendre part à cet atelier, ont ainsi donné un signal fort de leur volonté d’aider au développement des bibliothèques et centres de documentation dans leurs établissements respectifs.
Le Responsable du Campus numérique de Bamako,M. Michel NAMAR dans le même esprit a remercié les participants pour leur assiduité et leur volonté manifeste d’apprendre qui a été pour beaucoup dans le succès de cet atelier et à travers eux leurs Hiérarchie. Selon lui, cet atelier s’inscrit dans la continuité des actions que l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), à travers le Campus Numérique de Bamako, a toujours et va continuer à mener au profit des acteurs des établissements d’enseignement supérieur au Mali.
Dans la foulée, il annoncera que cet atelier sera suivi de bien d’autres d’ici la fin de l’année dont l’atelier en numérisation de fonds d’archives au profit des agents de l’Institut Ahmed Baba de Tombouctou. Dans son propos, M. le Recteur Macki Samaké, après avoir félicité et encouragé les participants, a surtout salué cette initiative de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) à travers son Campus Numérique. Il a par ailleurs assuré les participants de la volonté des autorités à aider au développement des bibliothèques dans leurs établissements respectifs.
Le Directeur de l’Institut Universitaire et des Technologies, a quant à lui souhaité voir ajouté au programme ce module de gestion électronique de l’information documentaire; et cela suite à la pertinence de l’exposé des formateurs et surtout les possibilités qu’offre le logiciel PMB.
La cérémonie de remise d’attestations a été co-présidée par les Recteurs Macki Samaké et Samba Diallo , respectivement Recteur de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB)et de l’Université des Sciences sociales et de Gestion de Bamako (USSGB). C’était également en présence du Vice Doyen de la Faculté des Sciences et du Directeur de l’Institut Universitaire de Technologie.
Mamadou Macalou
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