Sida, guerre, misère, immigration et offrandes sont les thèmes principaux qui sont abordés dans les œuvres qu’Abdoulaye Konaté expose actuellement à Ségou. En prélude au démarrage de la 7è édition du Festival sur le Niger, Mohamed El Moctar, ministre de la culture, a présidé le 1er février 2011, à la Fondation du Festival sur le Niger, la cérémonie de vernissage de l’exposition d’Abdoulaye Konaté sur le textile.
Décidément Abdoulaye Konaté, directeur du conservatoire des arts et des métiers multimédias Balla Fasséké Kouyaté, est un grand artiste plasticien de son époque. Sa riche production artistique, dispersée à travers le monde, dans les musées, les galeries et autres collections privées, restera un jour comme le témoignage évident que le natif de Tombouctou fut un artiste de renom. Plus que grand, Abdoulaye Konaté est un maître.
Et, les amoureux des arts plastiques qui ne le savaient pas encore ont eu l’agréable surprise de le constater le 1er février à Ségou. L’exposition textile d’Abdoulaye Konaté est une expression de l’art dans sa forme supérieure, la plus possible. Ceux qui ne sont pas avertis seront d’abord frappés par l’absence de l’utilisation de peinture. Abdoulaye Konaté a poussé la perfection jusqu’à faire parler le textile. A Ségou, ce sont dix œuvres de l’artiste malien qui sont actuellement exposées pour résumer toute sa démarche artistique.
Dans la salle d’exposition, la plus grande toile, réalisée en 2008 et dénommée « génération biométrique », est une dénonciation de tous les stratagèmes imaginés par le monde occidental pour se barricader afin de ne pas être envahi par ce qu’il considère comme toute la misère du monde. Sur cette toile, le monde occidental et la liberté des êtres humains sont symbolisés par le monument de la liberté. Tout juste à côté de cette toile, notre regard est attiré par un ramassis d’habits de réfugiés. Intitulée « Tolérance », cette œuvre réalisée en 1998 est un coup de gueule de l’artiste contre toute ses guerres qui se nourrissent de l’intolérance, sans oublier toutes les misères humaines que cela provoque.
Dans une autre œuvre réalisée en 2006 et dénommée « Les boutons d’amour », Abdoulaye Konaté s’engage dans la lutte contre le VIH/SIDA. « Plumage de pintade » et le « triangle des trois couleurs » sont de la catégorie des œuvres récentes du plasticien malien. Il les a réalisées en 2011. Pour Ségou, Abdoulaye Konaté a exposé trois de ses œuvres réalisées en 2007 et qui font désormais partie de la collection privée de Pièrre Villaert de la Belgique. Toutes intitulées « Les offrandes », ces toiles sont réalisées sur la base de trois couleurs : blanc, rouge et noir. Selon le plasticien, dans toutes les aires culturelles maliennes, l’on recourt à l’une de ces couleurs pour les offrandes. « Si on ne vous demande pas un poulet blanc, on vous dira un cola rouge ou un mouton noir », a-t-il déclaré. Le vernissage de cette exposition qui va durer jusqu’au 6 février 2011 a été mis à profit pour décerner des attestations à six jeunes plasticiens qui ont participé à la formation master class dirigée par Abdoulaye Konaté, dans le cadre de la 7ème édition du festival.
Assane Koné
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