« Expression des femmes détenues de Bollée sur la crise malienne » est une exposition dont le vernissage a eu lieu le 23 mars 2013, au Centre Soleil d’Afrique.
Quand on demande à des détenues de s’exprimer par la photographie, la peinture, le bogolan et la vidéo, il n’y a aucun doute que cet exercice donnera un résultat qui ne s’éloignera pas de la vie carcérale. « Be Ka films », dans sa collaboration avec la prison de Bollé, vient de réussir un exploit dont le résultat est exceptionnellement merveilleux. Dans sa volonté de faire participer les femmes en prison à la fête du 8 mars et leur donner l’opportunité de s’exprimer sur la crise que vit le Mali, « Be Ka films », du 28 février au 8 mars 2013, a initié quatre ateliers au profit des détenues de Bollé. Si au début, de nombreuses personnes avaient perçu cette initiative d’un mauvais œil, elles ont tous été émerveillées par le produit final. Mais, il ne pouvait en être autrement. Pour arriver à un résultat aussi exceptionnel, « Be Ka Films », dirigé par la jeune réalisatrice Awa Traoré, a fait appel à ce que le Mali compte de jeunes talentueux pour encadrer les différents ateliers.
L’atelier de Bogolan qui a regroupé 4 femmes détenues a été encadré par Bouillagui Touré. L’atelier de peinture qui a enregistré la participation de 3 femmes prisonnières a été piloté par l’artiste peintre Ouologuem. Tiekoura Daou du Conservatoire a encadré l’atelier de photographie qui a vu la participation de 4 détenues et la réalisatrice Awa Traoré de « Be Ka Film » a dirigé les 3 femmes qui ont participé à l’atelier de la vidéo.
Et c’est le fruit de ces différents ateliers qui est au centre de cette exposition dont le vernissage a eu lieu le 23 mars 2013 au Centre soleil d’Afrique. Ce vernissage fait suite à ceux qui ont déjà eu lieu à Bollé et au Centre Aoua Keita. Loin d’être des œuvres imaginaires, cette production des femmes détenues de Bollé traduit une réalité de la vie carcérale. Mais, des 27 œuvres produites et exposées, nous avons été impressionnés par la valeur artistique d’une œuvre photographique. Elle est pleine de signification.
Derrière des barres, symbolisant la prison, la rupture avec le monde extérieur, une jeune dame accrochée à son poste radio ne veut rien perdre de tout ce qui se passe au-delà des murs de son cachot. Cette photo pour nous est une forte revendication d’information sur la crise que vit le pays des détenues de Bollé. En plus de la description de leur quotidien en prison, les femmes ont donné libre cours à leur talent pour traduire dans des œuvres, autant attrayantes que significatives, leur vision de la crise que vit notre pays.
En même temps que la liberté, elles aspirent à la paix pour le Mali. Mais, il faut dire que les femmes de Bollé ont profité de la réalisation d’un court-métrage de 5 mn pour lancer des messages forts. On retient que plus de 160 femmes sont en prison à Bollé, mais ne doivent pas toutes être coupables, selon les réalisatrices et les comédiennes d’un soir.
Elles dénoncent la lenteur des procédures judiciaires qui fait que de nombreuses innocentes passent de long mois derrière les barreaux pour rien. Et, comme, il fallait s’y attendre la corruption du système judiciaire occupe une grande place dans ce film. « Les nanties, même criminelles, ne passent pas plus d’un jour ici. Mais, nous autres pauvres y restons, pour certaines pendant de longues années », dénoncent pratiquement en cœur, les intervenantes dans le film. Qu’à cela ne tienne, elles prient pour le retour rapide de la paix, même si elles sont convaincues que ce qui arrive au Mali tire sa source de l’accumulation des injustices de toutes sortes.
Assane Koné
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