Le célèbre plasticien malien, dans ce qu’il sait le mieux faire, vient de s’insurger à sa manière contre la charia que des Djihadistes, venus d’une autre époque, ont tentée d’imposer par la force au peuple malien. « Non à la charia à Tombouctou », « Non à la charia au Mali » et « Non à la Charia au Sahel », sont les intitulés d’une partie de la production plastique d’Abdoulaye Konaté qui a émerveillée plus d’un, le 15 février à la Fondation festival sur le Niger à Ségou.
Décidément, Abdoulaye Konaté, Directeur du Conservatoire Balla Fasséké, restera encore pendant longtemps l’une des valeurs sûres des arts plastiques au Mali et pourquoi pas en Afrique. Sa production artistique ne finit pas de séduire. A la faveur d’une récente exposition à la Fondation Festival sur le Niger à Ségou, dont le vernissage a été présidé par Bruno Maiga, ministre de la culture le vendredi 15 février 2013, le célèbre artiste, a levé le voile sur ses œuvres récentes. Fortement humain et soucieux de l’avenir de son pays et du monde, l’artiste ne s’est pas fait prier pour donner libre cours à son inspiration. Si ailleurs, d’autres utilisent la peinture, Abdoulaye Konaté est en plein dans l’usage du textile.
La technique utilisée par l’artiste est un chef d’œuvre en soit. Et, la salle d’exposition de la Fondation du Festival sur le Niger a pris des galons, le temps d’un vernissage. La scénographie de l’exposition est accrochante et captivante. Des tableaux de plus de 4 mètres carrés, dans un contraste de couleur, se font face et invite la réflexion. « Non à la charia à Tombouctou », l’intitulé d’un tableau qui frappe le visiteur par sa couleur bleue sombre, est en quelque sorte le résumé de ce que vient de vivre la cité des 333 saints. Les murs de Tombouctou, en bleu clair, couleur d’espoir, se dressent avec fierté, malgré l’épée de la charia qui surplombe la ville et assombri le ciel. Et, pour que la ville retrouve son rayonnement d’antan, l’artiste a carrément mis l’épée dans le viseur d’une arme imaginaire, mais plus puissante, histoire d’inviter à l’éradication du Djihadisme.
A coté, un tableau dénonce la charia au Mali, sous le titre « Non à la charia au Mali », est dominé par la couleur noire, qui met en exergue la blancheur d’une épée suspendue au-dessus du Mali, symbolisé par le drapeau vert, jaune et rouge. Mais, le tableau « Non à la charia dans le Sahel », est d’une densité impressionnante. Sur ce tableau, trois Djihadistes, de dos et habillés de noir, scrutant l’horizon, avec une épée rouge de sang dans le ciel. Malgré, la multitude d’épées sur leur tunique, les Djihadistes ne doivent pas écumer le Sahel. Et, l’artiste le dit par son viseur qu’il pose sur l’épée Djihadistes, comme pour inviter à sa destruction rapide. « Je ne suis pas pour des régimes politiques religieux. Je suis pour une laïcité », indique le plasticien. A coté du Mali, Abdoulaye Konaté, dans des œuvres, fait allusion au Tibet, à la Tunisie et à l’Iran.
Mais, sans oublier la protection de l’environnement. Dans un tableau en trois temps, que certains appelleront volontairement une œuvre triptyque, Abdoulaye Konaté met l’accent sur le ballotage du Tibet entre la Chine et les Etats Unis. Refusant de se souvenir du sang versé lors de la révolution tunisienne, Abdoulaye Konaté, dans une œuvre intitulé « La révolution tunisienne », rend hommage à la première victime, le vendeur de fruits, qui s’est immolé par le feu. En lieu et place du sang, l’artiste a préféré les fruits, qui pourraient aussi symboliser une forte revendication des retombées de cette révolution. Aussi, convaincu des méfaits de la bombe atomique, il dénonce la volonté de l’Iran a possédé cette arme à tout prix. La dernière œuvre qui est un engagement de l’artiste Konaté pour la préservation de notre environnement, se décline d’un vert foncé vers un vert clair.
Assane Koné