Avec des célébrités comme Seydou Keita et Malick Sidibé, la photographie malienne est l’une des plus prisées sur le continent africain. Terre de photographie, le Mali fut pendant longtemps confronté à un problème de la relève. Mais, aujourd’hui, l’on peut sans risque de se tromper dire que cette époque n’est qu’un mauvais souvenir. A la faveur du vernissage de l’exposition photo « Pour un monde durable », le 23 février 2012 à la Médina, en face de l’ECICA, des jeunes photographes maliens, par la qualité de leurs travaux, ont réconforté plus d’un quant à l’avenir de la pratique de cet art au Mali.
« Il faut préparer les photographes maliens pour assurer une meilleure participation de notre pays aux Rencontres de la photographie africaine qui a lieu chaque deux ans chez nous ». Ce cri de cœur d’Amadou Keita, photographe malien, au vernissage de l’exposition « Pour un monde durable », le 23 février 2012, à la Médina Art et Culture, n’est pas sûrement tombé dans les oreilles de sourds et a été perçu comme la démarche normale que notre pays doit suivre pour élever le niveau des artistes photographes.
En 2011, la capitale malienne a abrité la 9ème édition de la Biennale africaine de la photographie. En prélude à cette exposition, l’association Cultur’Elle, avec un appui financier du Fonds de solidarité prioritaire de l’Ambassade de France au Mali, a réuni 14 photographes maliens dans un workshop sur le thème « Pour un monde durable ». Le résultat de cet atelier qui déjà été exposé lors de l’édition 2011 des Rencontres de Bamako, constitue la trame de l’exposition dont le vernissage a eu lieu le 23 février 2012, à la Médina. A propos de cette exposition Ananias Léki Dago qui fut le Directeur du workshop, est formel : « Pour ces photographes maliens, c’était comme si on leur demandait de voir le monde au travers d’un minuscule trou.
Ce qui signifiait, pour eux, questionner les enjeux complexes de ce monde tout en les réduisant à leur quotidien, à leur environnement ». Selon lui, par des approches photographiques qui les distinguent les uns des autres, ils ont abordé des thèmes d’actualité pour interpeller, sensibiliser et informer. « Leur prise de parole par le truchement de l’image, symbolise de belle manière leur entrée en lice dans ce débat mondial. Pourvu seulement qu’on les entende », a-t-il conclu. Qu’on les entende ou pas, leurs œuvres qui expriment leur talent, et du coup qui dotent notre pays d’un potentiel impressionnant de jeunes photographes, resteront comme un témoignage de leur combat pour un monde durable et meilleur. Ce sont : Abdoul Karim Sidibé et ses « Criquets plastiques », Adama Bamba et la « Cantique au Djoliba », Amadou Keïta et « Les ferrailles », Aminata Sissoko et sa « Ville en-fumée », Ansoumane Diarra et « ça coule ? », Emmanuel Bakary Daou et son « Passé-présent. Et le futur ? », Mamadou Konaté et le « Mystérieux Karité », Mariam Ibrahim Maïga qui nous « conte la désertification », Moussa Koumaré qui va à la rencontre du « Bagani, Mali bio carburant », Oumou Traoré qui scrute le « F pour fonderie », Salif Traoré expose son obsession des « Energies renouvelables », Mariétou Sissoko traduit son attraction par les « Crédits tigui », Sokona Diabaté, plus politique s’attaque à l’ « Invasion chinoise » et Tiécoura N’daou, avec « Couleurs haut ciel », nous invite à prendre le pli des étoffes teintes.
Assane koné