États généraux de la culture, de l’artisanat et du tourisme Quand le fugaba décide…

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Les états généraux de la culture, de l’artisanat et du tourisme ont été sanctionnés par une série de propositions dans les différentes commissions sur la base desquelles une synthèse a été faite.

 Les travaux des états généraux de la culture, de l’artisanat et du tourisme ont pris fin le samedi, 11 janvier 2025 par une cérémonie présidée par le ministre en charge de la culture, monsieur Mamou Daffé.

De 12 commissions, les participants ont fini en 16 pour prendre en compte tous les pans du secteur : arts appliqués, visuels, festivals, arts et spectacles vivants, Maaya ni Danbé, financements et accès au marché, livres, arts de la scène, cinéma et audiovisuel, patrimoine, artisanat, tourisme et hôtellerie, formation et éducation artistique, gouvernance, musique urbaine, culture Mali 2025, …

L’objectif général était d’ouvrir un débat national inclusif et participatif sur la culture, l’artisanat et le tourisme avec l’ensemble des parties prenantes afin de réaliser un état des lieux des trois secteurs problématiques : contraintes majeures, conditions de relance, propositions de solutions durables et proposer des recommandations pertinentes pour le développement.

Il s’agissait également de dresser un bilan des secteurs de la culture de l’artisanat du tourisme, d’identifier les problèmes qui entravent le développement des trois secteurs, de proposer des orientations de mise en œuvre des politiques de développement des secteurs à court, moyen et long terme en se basant sur les acquis et défis actuels, d’identifier les mutations en cours et les opportunités de développement, de dégager les perspectives stratégiques…

Des propositions ont été faites par toutes les commissions à l’issu des travaux coordonnés et dirigés par messieurs le coordinateur Salia Mallé et le modérateur Samba Niaré.

De ces résolutions, les problématiques majeures soulevées par les participants, ont été la formation et le financement.

Le coordinateur a tenu à mettre un point d’honneur sur les constats suivant notamment la méconnaissance de la culture par la majorité des Maliens ancienne et nouvelle génération ; l’incidence des autres cultures sur la culture malienne ; la difficulté liée à la gouvernance, à la professionnalisation ; l’effritement des mœurs, des valeurs et des repères, l’incidence de la culture sur les autres secteurs de la vie à savoir la santé, l’environnement, la diplomatie, l’éducation, la justice…

A l’issu des travaux, M. Mallé, dans sa lecture de synthèse des états généraux des secteurs de la culture, de l’artisanat et du tourisme, a énuméré les recommandations suivantes :

Au titre du Maaya ni danbé : il s’agit d’instituer un programme de formation aux valeurs citoyennes afin d’inculquer à la jeunesse une culture du Mali koura ; de légitimer les légitimités traditionnelles comme le Recotrad et les communicateurs traditionnels ; d’institutionnaliser un mode de valorisation du danbé au Mali ; d’initier le concept du transmetteur de patrimoine culturel immatériel pour une meilleure conservation de la transmission des savoirs endogènes ainsi que la revitalisation d’un diagnostic local du patrimoine ; d’initier sur tout le territoire des espaces socio-éducatifs des enfants et adolescents à la citoyenneté et aux valeurs sociétales du Mali ; d’initier et multiplier les cadres d’échanges et des débats citoyens sur l’ensemble du territoire ; d’institutionnaliser la confréries des chasseurs traditionnels du Mali ; de promouvoir nos langues officielles ; de créer une chaine de télévision et de radio culturelle pour diffuser uniquement des contenus culturels au Mali ;

Au titre de la professionnalisation : de créer une agence nationale pour la promotion des industries culturelles et créatives ; créer une agence pour la promotion du patrimoine culturel ; structurer et professionnaliser les artistes, les acteurs culturels, les artisans, acteurs du tourisme en adéquation avec les besoins des trois secteurs ; créer des plateformes digitales de streaming pour la diffusion et la vente des œuvres musicales pour un meilleur positionnement des musiciens maliens sur le marché à l’international ; structurer et professionnaliser les festivals dans le cadre d’un plan global de développement et de compétence et de  capacité de production…

Au titre du financement et accès au marché : Initier un plan pour le développement du secteur de la culture, de l’artisanat et du tourisme à l’instar du plan Marchal avec un fonds conséquent pour les infrastructures, la création et la diffusion ; la mise en place d’un groupe de travail sera fait pour produire une proposition et des mécanisme de mise en place  au cours des trois mois à venir dans un dynamisme  public-privé;  augmenter le budget du ministère de la culture à hauteur de 1% du budget national conformément aux accords de l’union africaine…

Au titre de la formation et de l’éducation : insérer dans le programme scolaire l’enseignement des instruments de musique ; instaurer un système de validation des acquis et expériences au niveau de l’enseignement dans toutes les disciplines ; la délivrance aux professionnels de la scène et aux artisans des attestions pour la validation des acquis de l’expérience ; créer des labels pour 2025 dans les domaines du théâtre, de la danse, des contes et des marionnettes ; créer une école supérieure de tourisme ; créer des centres de fabrication des instruments traditionnels dans toutes les régions du Mali ; engager un programme de recherche sur les musiques et terroir et renforcer les capacités des jeunes ; créer un centre de formation pour le secteur de l’artisanat…

Au titre de l’équipement et des infrastructures : créer le grand théâtre, cité des arts de Bamako ; créer des centres d’attraction touristique ; construire et équiper une salle multiculturelle dans la région de Tombouctou pour marquer 2025, année de la culture; faciliter la création des centres d’enseignement des arts traditionnels comme le bogolan, la poterie, la gravure et assurer leur promotion ; poursuivre la création de musée régionaux ; réhabiliter les espaces de spectacles existants et en créer au besoin ; créer des bibliothèques régionales et les équiper ; réhabiliter et moderniser les salles de cinéma ; construire et mettre en place des espaces adaptés aux activités de la culture urbaine à Bamako et dans les régions…

Au titre de la promotion des industries des secteurs de la culture, de l’artisanat et du tourisme : créer Malibougou pour le rayonnement de l’infrastructure du cinéma et de l’audiovisuel malien ; créer des plateformes digitales pour faciliter la diffusion et la vente des œuvres artistiques sur le marché international ; soutenir la traduction et l’édition des livres dans les langues officielles…

Au titre de la gouvernance : mettre en place un partenariat public-privé performant et dynamique ; créer un conseil supérieur des arts et de la culture ; créer une agence nationale des industries culturelles et créatives, réviser le décret portant sur le statut de l’artiste et l’acteur culturel ; institutionaliser les rencontres de Bamako ; mettre en place des mesures visant à faciliter l’entrée au Mali ; élaborer et mettre en œuvre pour chaque domaine une nouvelle politique nationale assortie au plan d’action ; sécuriser les sites et entreprises touristiques ; créer la bibliothèque nationale et la direction générale du livre et de la lecture ; créer des agences pour la promotion de l’artisanat ; adopter le décret d’application pour la mise en œuvre de la rémunération pour copie privée et la reproduction par reprographie des œuvres…

Aminata Agaly Yattara

États généraux de la culture, de l’artisanat et du tourisme :

L’argent, le nerf de la guerre !

Aucune de ces propositions n’a encore été budgétisée et à en croire le ministre, l’espoir est permis. Du moment que le président a décrété 2025, année de la culture, les moyens seront mis à disposition pour traduire en actions ou jeter les bases d’un développement culturel.

Le budget annuel attribué au ministère de la culture est passé de 8 601 milliards en 2024 à 12 226 milliards de FCFA dans la loi des finances en 2025.

Ce montant prend en compte l’administration publique. Dans son intervention, le ministre de la culture lors de la clôture des travaux, a signalé que les présidents des différentes commissions seront commis pour justement dans un comité qui poursuivra les travaux, pour affiner les propositions et les budgétiser et procèdera au suivi. Cette équipe s’occupera de l’exécution et fera un point en décembre 2025.

 

Aminata Agaly Yattara

 

ILS PARTAGENT LEURS ASPIRATIONS !

Bien que le ministre de la culture, Mamou Daffé, a rassuré les participants et les hommes de culture qu’il va travailler corps et âme, d’arrache pieds pour la plupart des propositions soient traduites en action. A ce niveau, tous restent unanimes que tout ne pourrait certainement pas se faire, mais que beaucoup pourra être fait qu’avec l’implication de tous les artistes ainsi que de tous les acteurs culturels.

Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et ancien ministre de la culture abonde dans le sens ou tout cela serait ou est un idéal.

« Mes aspirations, c’est comme un rêve. C’est que la décision prise par le chef de l’Etat soit une réalité, c’est-à-dire prise en compte depuis la fin de ces Etats généraux.  Avec une effectivité dans le sens d’aller tout de suite au besoin prioritaire avec un financement qu’il faut pour cela. Avec des dispositions, qui permettent vraiment de rassurer ce secteur extrêmement important pour le président et l’avenir du pays et qui peut permettre dans la situation politique actuelle d’être un très grand ambassadeur du Mali, de l’AES. »

 Dr. Fatoumata Coulibaly, cinéaste « je crois en Dieu, c’est lui qui nous a amené ce vent de bonheur et le ministre Mamou Daffé. J’en foi en notre président et au ministre de la culture car il est l’incarnation de l’art traditionnel moderne. Je sais qu’après ces travaux, il en sortira de belles choses. Même si toutes les doléances ne sont pas prises en compte, il faut que nous tous, les acteurs culturels mettent tout en place pour faire rayonner la culture. Ce n’est pas l’état seulement, nous devrions trouver ensemble des voies et moyens pour y arriver. »

Propos recueillis par Aminata Agaly Yattara

 

 

 

RESOLUTIONS

Que des problèmes !

Il a été dit par bon nombre de personnes que c’est la première fois que les états généraux de la culture ont été organisés. Il m’est important de rappeler qu’en 2024, les états généraux de la culture, ont été tenus par le réseau Kuruni avec certaines faitières de la culture. Mais, il serait judicieux de reconsidérer la donne quant au fait que les états généraux sont certainement organisés pour la première fois par le ministère de l’artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme et ce pendant ces dernières années.

Quant aux recommandations de ces états généraux, nous ignorions ce qu’il en est de l’exécution des recommandations à ce jour. Mettre les faitières ensemble, est une avancée surtout si l’initiative vient du ministère en charge de la culture.

Parlant des résolutions de cette initiative ministérielle, s’il faut choisir les plus urgentes, quelques problématiques majeures ont été relevées par tous les groupes par tous les participants notamment : la formation, la modernisation d’espace de diffusion et d’espace de spectacles, le problème de financement.

Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et membre de la commission financement explique qu’ils ont eu à faire des positions concrètes dans le sens de permettre une visibilité dans le financement d’entreprise culturelle, de mettre en place une agence de promotion des industries culturelles et créatives, qui va avoir pour rôle l’obtention d’un fond de gérer cette promotion.

Les artistes, a-t-il poursuivi ne seront plus dans l’inquiétude de financement des entreprises dans leur projet et vont savoir ou se dresser. La même chose que l’artisanat, le tourisme et le patrimoine, la création d’une agence. En dépit de tout cela, le problème de la formation se posera forcément toujours. Donc, pour lui, c’est important que l’accent soit mis sur les écoles de formation comme l’INA et le Conservatoire des arts, multimédia Balla Fasseké Kouyaté. A cela il ajoute que la problématique des infrastructures est très important également.

« Je dirai que les travaux effectués dégagent non seulement les besoins urgents mais les recommandations à court, moyen et long terme. Les recommandations ont été faites par priorité et j’ai foi en cette commission et en nos autorités pour arriver à résoudre ces problèmes à 70%. Mais la priorité des priorités reste la formation, ensuite la construction des infrastructures et pour finir la mise en œuvre d’un plan ou d’un système pour la diffusion contrôlée des œuvres. Le renforcement de capacité est le défi auquel fait face non seulement la jeunesse mais l’ensemble des acteurs de la culture », souligne Mamadou Lamine Diarra, rapporteur de la commission cinéma et audiovisuel.

Aminata Agaly Yattara

 

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