Le Blues Faso de l’Espace culturel passerelle (ECP) de Missabougou va vibrer le 15 juin prochain à l’occasion d’un événement inédit. C’est en effet ce jour que Rokia Traoré a choisi pour présenter son 6e album, «Né So» (Ma maison, chez moi) au public malien. Une belle opportunité de découvrir également l’ECP, un espace dédié à la détection, à la formation et à la promotion des arts et de la culture dans toutes les composantes. «Né So» est le dernier opus dans les bacs de la jeune star du showbiz mondial, Rokia Traoré. Un album dont la sortie mondiale a eu lieu le 12 février 2016 (Nonesuch Records).
Une œuvre que l’ambassadrice du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a dédié à des millions d’humains déracinés par les crises, les guerres et les catastrophes nationales qui sont contraints de vivre loin de chez eux dans des conditions souvent extrêmes.
Bien accueilli par les critiques, «Né So» a été retenu parmi les trois albums sélectionnés dans la catégorie «Musique du monde» aux Victoires de la musique en 2017 en France. «En bambara, Né So signifie Chez Moi. Que ce soit une villa, une grotte, ou dans la rue, notre vie commence à cet endroit précis. Ici naissent et résident nos habitudes, nos égocentrismes, notre capacité à nous projeter…» avait expliqué Rokia à la presse française dans une interview accordée à la veille de la sortie mondiale de cet album.
«Chez Moi signifie avoir une terre où planter ses rêves. Or, lorsque l’on doit partir du jour au lendemain, cette base même de notre humanité, de notre essence, s’anéantit. Lorsque nous n’avons plus de Chez Nous, lorsque nous ne savons plus où diriger nos pas, avec le strict nécessaire pour bagage, nos mondes s’effondrent», avait précisé la star du Bélédougou qui a récemment perdu son père. «Imaginez l’état d’un réfugié, d’un immigré, la perte de ses repères, le retour à zéro. Alors, selon moi, rien (ni crise économique ni peur de l’étranger) ne justifie que nous laissions ces personnes-là dehors, aux portes de nos pays. Nous avons ce devoir d’accueil. À tout prix», avait plaidé Rokia Traoré.
«Il y a le pays de mes racines, et tous mes Chez-moi. Tous mes voyages, les pays dans lesquels j’ai résidé, ont permis l’émergence de ma musique : un art contemporain, tressé de multiples horizons, avec ce cœur malien, aux racines bien vivantes, en moi. Je possède aussi la nationalité française et me sens proche de ce territoire pour sa culture, sa gastronomie, etc. Mais au Mali, là où je suis née, je me sens utile, à l’aise, Moi-même. Dans le village de mes parents, quand je vois vivre mes cousins germains, aux vies tellement distinctes de la mienne, je me sens émue aux larmes, de nous voir si proches, si différents, unis par le même sang…» avait poursuivi la jeune artiste, compositrice, interprète…
Se définissant souvent comme «une déracinée», Rokia mélange de façon subtile tradition mandingue et sons blues-rock associés à de simples chansons avec refrains. «Les instruments à cordes, qui sont toujours caressants, lancinants, voire ensorcelants, accompagnent ce chant de l’âme sans fioriture qui vous touche immédiatement. Surtout que l’artiste malienne déclame des textes poétiques», écrivait récemment un critique français fasciné par le talent de l’artiste.
La présentation de «Né So», le vendredi 15 juin 2018, au Blues Faso de l’ECP de la Fondation Passerelle, est une occasion souhaitée pour découvrir ce somptueux album en communion avec Rokia et ses instrumentistes sur scène. L’Espace Culturel Passerelle a ouvert ses portes le 30 avril 2016 à Missabougou, à Bamako. C’était à l’occasion de la semaine du Jazz de la Fondation Passerelle, soutenant le Festival Jazzy Koumben, avec la collaboration de l’Unesco.
Moussa BOLLY
Passerelle ou viaduc?
Comments are closed.