Depuis le 26 décembre 2014, 15 artistes plasticiens travaillent en résidence de création à l’Espace culturel Beyray. Les 15 artistes vont faire des créations à partir du thème : «Femmes et crise du nord». Les organisateurs envisagent la création d’une quarantaine d’œuvres d’ici la fin de la résidence en début janvier 2015.
Selon Oumar Konta, chanteur-auteur-compositeur et initiateur de l’Espace culturel Beyray à Kalaban Coro, ce projet est basé sur celui dénommé «Mali in Move», un projet culturel au service de la population d’ici et d’ailleurs… «En juin 2011 et en mars 2012, j’ai eu l’occasion de vous rencontrer afin de vous expliquer les projets avec mon Groupe Malikan ainsi que l’ouverture de l’Espace culturel Beyray à Kalaban Coro. Aujourd’hui, c’est un grand plaisir pour moi de vous accueillir afin de vous présenter l’évolution de nos activités», nous a-t-il confié.
En nous accueillant dans cet Espace culturel, c’est un jeune plein d’idées et d’imagination que nous avons rencontré. Il nous a d’abord parlé de son Groupe Malikan : «Nous avons eu l’occasion d’effectuer différentes tournées en groupe et aussi en acoustique en Europe. Au mois de juillet dernier, une partie du groupe a été invitée en résidence à une fusion musicale avec des musiciens belges au Centre culturel Jacques Franck à Bruxelles. C’est ainsi qu’est né le groupe belgo-malien à Bruxelles qui tournera dès mars 2015 et qui a aussi le projet d’enregistrement d’un CD».
Faisant le bilan de l’Espace culturel Beyray, il nous dira que diverses activités musicales, des projections de films et des conférences-débats ont été organisées. Et dès la fin de ce mois de décembre, une quinzaine d’artistes plasticiens seront en résidence afin de réaliser une quarantaine d’œuvres qui seront exposées dans divers Centres culturels en Europe. Le thème qui y sera développé est : «Femmes et crise du Nord». Cela fait suite aux différents contacts avec des associations et Centres culturels belges. «Beyray a créé le concept Mali in Move, en partenariat avec le Centre culturel Jacques Franck et Solidarité Etudiants Tiers Monde», explique Oumar Konta.
Avant d’ajouter que «Mali in Move» est un projet culturel permettant aux artistes plasticiens, musiciens et cinématographiques de faire connaître notre riche patrimoine. «Nous avons également dans nos projets, à moyen et long termes, l’intention de créer des partenariats dans le domaine de la formation, des échanges artistiques, de l’accueil d’artistes européens à l’Espace culturel Beyray…», a-t-il dit. Ce dernier point, poursuit-il, nous amène à expliquer les difficultés rencontrées actuellement, vu la situation politique et sanitaire (Ebola) du pays. «Pour nous, la politique malienne tourne en rond ; les hommes changent à la tête de notre pays, mais fondamentalement, le projet politique n’évolue pas», s’indigne M. Konta.
En outre, le jeune artiste déplore le fait que la pauvreté demeure ; les pratiques frauduleuses persistent au travers des paradis fiscaux, des sociétés écrans… Et tout cela, au bénéfice de quelques familles proches du pouvoir. La population du Nord mérite mieux que quelques sacs de riz ou de mil qui les maintiennent dans un rapport de dépendance par rapport au pouvoir. Ce qu’elle attend, c’est d’être soutenue dans la formation, la réinsertion sociale et professionnelle, ce qui lui permettrait de retrouver une certaine dignité.
«L’opposition actuelle, tombée de son perchoir après 20 ans de pouvoir absolu, réalise enfin la triste réalité dans laquelle vit la population ! En ce qui concerne la politique culturelle, pour nous, il est grand temps que l’on réunisse les jeunes talents créateurs de ce pays», indique-t-il. Il dira aussi que les artistes sont les vecteurs de la transmission de la culture et des valeurs maliennes. Son souhait est de voir des cadres créés afin de soutenir et développer les capacités artistiques des jeunes.
«En ce qui concerne la politique de fermeture des frontières menée par les pays capitalistes, celle-ci n’est pas liée à un problème africain, mais bien à un problème de gestion économique interne de ces pays du Nord. En effet, en Europe l’ouverture économique intra-européenne a permis aux entreprises des pays européens les moins développés de concurrencer les entreprises des pays les plus développés. Pour lui, ceci a créé de nombreuses pertes d’emplois dans divers secteurs, tels que la construction, le transport…Et les politiciens européens ont préféré mettre cela sur le dos des Africains abuseurs de la sécurité sociale, afin de ne pas mettre en danger la CEE (Communauté économique européenne)», a-t-il conclu.
Békaye DEMBELE