Entretien avec le comédien, féticheur, Nouhoum Cissé dit Banièngo : « Selon mes fétiches, le Pr Diouncounda Traoré devra démissionner après les quarante jours, sinon nous allons vivre des pires moments… »

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Nouhoum Cissé est un comédien hors pair, connu sur le petit écran avec la pièce Banièngo. Après l’obtention de son  baccalauréat à Kita, l’enfant prodige rejoint l’école normale supérieure de Bamako, ou il obtient une maitrise en psychopédagogie. Il sort de là comme enseignant. Amoureux de l’art, il apprend la comédie sur le tas et aujourd’hui il n’est plus à présenter. Il explose avec la pièce théâtrale Banièngo, un court métrage à travers lequel il a voulu dénoncer la gestion calamiteuse de l’état par le président ATT. Il s’est confié à cœur ouvert s’est confié à l’Indépendant Week-end.

Nouhoum Cissé dit Baniengo

L’indépendant weekend : Vous avez été l’acteur principal de Banièngo, cette pièce théâtrale qui vous a propulsé au devant de la scène nationale et internationale. D’abord que signifie Banièngo et d’où est  venue l’inspiration d’écrire cette pièce ?

Banièngo veut dire en langue Bamanan « père égoïste ». C’est une conception de la compagnie théâtrale Blonba, dont le promoteur est Aliou Ifra Ndiaye. Il m’a contacté à l’époque pour être l’acteur principal de cette pièce et c’est comme ça que j’ai joué Banièngo.

Que voulez-vous faire ressortir à travers cette pièce théâtrale ?

Après avoir constaté la gestion calamiteuse de l’Etat, l’égoïsme, l’égocentrisme, le laxisme, la méchanceté etc, qui était en train d’envahir la société malienne, en tant qu’homme de culture, nous avons voulu nous faire entendre à travers cette pièce. Et c’est comme cela que nous avons joué Banièngo pour dénoncer tous ces faits qui minent notre société.

Est-ce qu’à l’époque votre message est passé ?

A l’époque beaucoup de gens n’avaient pas compris ce message. La preuve,  la société a plutôt pris ma propre personne comme le vrai Baniengo. C’est pourquoi, on me voit à travers la ville  comme un Baniengo. D’ailleurs, ma rue a été surnommée depuis ce boom, « le Baniengo carré, ma famille est devenue    « la famille Baniengo ». Finalement, j’ai pris cette image, je l’ai transformée en une révolte, une aigreur. Comment peut-on comprendre qu’à mon âge,  je sois toujours en location ? C’est parce que le pays était bourré de Banièngo. Malheureusement c’est après le coup d’Etat que la société a compris qu’à travers Banièngo nous avons voulu montrer la mauvaise gestion de l’Etat.  Nous sommes aujourd’hui presque dans le Ko, ce qui aurait pu être évité. Banièngo était en fait l’image du président de la République. Nous avons voulu l’interpeller à travers cette pièce, par rapport à la mauvaise gestion de l’Etat. A un moment, personne n’avait peur de personne dans ce pays. Il faut le dire, l’air ATT n’a connu que l’indignité, l’irrespect, le libertinage à outrance, l’effritement de l’autorité de l’Etat, le vol,  l’égocentrisme à tout point de vue avec l’éducation au rabais. Et cela nous a conduit où nous sommes aujourd’hui.

Selon vous le président ATT n’a connu que l’échec ?

Je vais vous dire une vérité, ATT est juste victime d’une trahison. Il a été trahi par la classe politique et son entourage, qui n’ont fait que voler. Sinon à partir du moment où il a commencé à dérouter, avec la mauvaise gestion, si c’était des personnes de bonne foi, elles allaient le faire asseoir et le rappeler à l’ordre. Non ! Ce qui les intéressait, c’est le vol. Les hommes politiques  alors, n’en parlons plus. Déjà je me demande si l’opposition existe au Mali…

Comme vous l’avez si bien dit le pays va mal. Vous avez dénoncé à travers Banièngo, la mauvaise gestion de l’ancien gouvernement. Quel message avez-vous à l’endroit du nouveau gouvernement ?

Mon message va d’abord à l’endroit surtout du président de la République par intérim, Pr Diouncounda Traoré. S’il me lit à travers vos colonnes, je lui propose de démissionner après les quarante jours. Même si on lui demande de continuer qu’il refuse. En démissionnant, il sera grand,  plus crédible et sera un homme de réconciliation. Sinon, nous allons vivre les pires moments dans ce pays. C’est pareil pour les députés, qu’ils refusent la prolongation de leur mandat. A la fin de leur mandat, qu’ils partent. C’est le conseil d’un simple homme de culture. Enfin, au premier ministre Cheick Modibo Diarra, sa nomination a été très bien accueillie. Alors qu’il ne soit pas un Banièngo, afin que la transition réponde à l’attente des Maliens.

Par rapport à la situation au Nord Mali, quelle proposition faites vous pour une sortie de crise ?

Le problème du Nord est plus compliqué que ce qu’on pense. Le gouvernement de transition doit prendre des mesures très strictes et ne pas se laisser faire par les puissances sinon on va tomber dans leur piège.

Clarisse Njikam

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