Fin des vacances scolaires, fin des vacances familiales, c’est la rentrée. Le soleil se couche de plus en plus tôt, c’est le retour des embouteillages à Paris. C’est la rentrée des élus à l’Assemblée nationale. C’est le moment où les réformes proposées par le gouvernement vont susciter débats et manifestations. Cette année, alors que nous sommes à quelques jours du 21 septembre, Journée internationale de la Paix, la rentrée se fait au rythme des discours de François Hollande et Barack Obama qui veulent «punir» le régime syrien.
C’est la rentrée, dans tous les établissements de France, les enfants pourront lire la charte qui leur expliquera les grands principes du vivre-ensemble. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, rappelle qu’«il ne suffit pas d’apprendre aux enfants à lire, à écrire et à compter, qu’il faut aussi leur enseigner le respect des autres et du monde dans lequel nous vivons, et favoriser ainsi l’avènement de sociétés plus justes, plus ouvertes et plus harmonieuses.» Au-delà des évidences purement géopolitiques et économiques, de nombreux groupes de réflexion se demandent comment agir pour briser le cycle infernal de la violence, et contribuer à la Culture de la Paix. La Coordination Afrique 21 Septembre UNESCO a vu le jour, il y a tout juste un an, pour se tenir auprès des Maliennes et des Maliens, alors que le Mali était mis à mal par les crises sécuritaire et politique. En cette Journée de la Paix, le groupe réunira des jeunes et des adultes, afin d’échanger sur le rôle et la place des associations de femmes africaines, et plus spécifiquement maliennes, dans les processus d’apprentissage de la culture de la paix, sur celui des familles migrantes en France dans les processus d’éducation et de participation citoyennes de leurs enfants. Ensemble, nous réfléchirons comment favoriser la mobilisation et l’implication des jeunes d’Afrique, de France et d’Europe, dans des actions concrètes d’éducation à la culture de la paix. Programme très ambitieux pour cette prochaine Journée de la Paix, mais absolument nécessaire pour que les enfants, qui regardent et entendent, via les médias, ce qui se passe dans le monde, puissent devenir des adultes conscients que chaque individu a un rôle à jouer. Cette Journée pour la Paix concerne tout le monde, jeunes et adultes, sur le continent comme en Occident. Pour la Coordination Afrique UNESCO, ce sera l’occasion de créer un espace d’échanges entre des familles maliennes et, plus largement, africaines, qui vivent en France. Ce sera le moment, pour les parents et les enfants, d’exprimer ce que cette culture de la paix signifie pour eux, et, de mieux comprendre encore, comment ils la favorisent, grâce à leurs valeurs ancestrales, quelque soit leur pays d’origine. Toute famille transmet la culture de la paix, même si nous n’en sommes pas toujours conscients. La culture de la paix, au quotidien, c’est savoir expliquer, savoir demander, savoir entendre et écouter l’autre, afin de désamorcer une dispute, dénouer un malentendu, résoudre un conflit. Cela permet à celui qui se sent lésé ou victime, de s’expliquer avec celui qui l’a blessé, et à celui qui a fait souffrir, de comprendre comment éviter que cela ne se répète. La culture de la paix doit, en effet, d’abord exister entre les individus. Lorsqu’un conflit majeur a touché toute une population, c’est cette Culture de la Paix qui doit être retrouvée. Cependant, rien ne doit être «gommé». La justice doit faire son travail, afin que les victimes soient prises en charge, et reconnues comme telles, car aucune plaie ne peut se cicatriser tant qu’il y reste du pus. Chacun, dans le pays concerné, et les autres, a son rôle à jouer, pour aider à cette reconstruction. Les individus, la société civile, les mouvements de jeunes, les organisations de femmes, les artistes, chaque citoyen du monde, chaque famille, chaque groupe culturel, chaque pays, doit s’approprier la notion de culture de la paix. Et tout, les groupes de réflexion, les enseignants, les médias, la musique, le théâtre, l’art en général, et même les réseaux sociaux, tout doit être utilisé pour «déclencher cette volonté universelle de non-violence, de droits humains, de démocratie et de paix», comme l’a rappelé le Forum Panafricain, en mars dernier, à Luanda (Angola). Les dirigeants politiques et économiques, où que ce soit dans le monde, ont un rôle déterminant pour la paix. Et pourtant, les responsables des conflits passés et actuels, en Afrique, au Moyen Orient, et ailleurs, dont ils maquillent et travestissent les raisons profondes, ne sont pas des exemples. Seules la lucidité d’analyse, la volonté inébranlable et l’action quotidienne de l’ensemble des êtres humains, conscients des trésors que sont la paix et l’harmonie, pourront contrer l’inhumanité de cette minorité assoiffée de pouvoir et de profits. Il y va de la survie de chaque individu, de chaque communauté culturelle, de chaque pays, il y va de l’équilibre du monde. Cette journée du 21 septembre devrait être l’occasion, pour chacun, de s’arrêter un instant, en famille, à l’école comme dans les grins, pour échanger sur ce que «Culture de la Paix» signifie.
Françoise WASSERVOGEL