Plus connu au Mali comme le Président de l’Association culturelle Acte Sept, organisatrice depuis 1996 du festival théâtral dénommée « Théâtre des réalités », Adama Traoré compte parmi les monstres du théâtre malien.
Personne ne peut parler de théâtre au Mali et faire une impasse sur le nom de ce natif de Sikasso qui a construit sa réputation à force de travail et de persévérance. Né en février 1962 à Sikasso, Adama Traoré est une fierté de l’Institut national des Arts (INA) de Bamako qui lui a décerné en 1986 son diplôme de fin de formation. Mais, avant d’obtenir son parchemin à l’INA, il s’était déjà révélé être un grand comédien.
En 1983, il joue avec beaucoup de succès le rôle de « Mhoi-ceul » dans « Mhoi-Ceul » une œuvre de Bernard B. Dadié, mise en scène par Victoria Diawara. En 1984, on l’a retrouvé dans le rôle de « Peachum » dans l’opéra de quat sous de Bertold Brecht, mise en scène par Victoria Diawara.
En 1985, dans la geste de Ségou de Gérald Dumestre et Amadou Hampaté Ba, mise en scène par Philipe Dauchez, on l’a vu dans le rôle de « Simbalan ». En 1986, l’année où il terminait ses études à l’INA, il sera sollicité pour jouer le rôle de « Kulamo » dans le cercle de la peur de Oumar Kanouté, mise en scène de Abdoulaye Ascofaré. Désormais, diplômé, Adama Traoré va adjoindre une autre corde à son arc. En 1987, il met en scène « le revenant » de Aminata Sow Fall, dans laquelle, il joue le rôle de « Le commissaire ». Comme, il fallait s’y attendre, conscient de ses capacités de metteur en scène, il va petit à petit quitter la vie de comédien actif.
En effet, de 1988 à 1990, après avoir successivement joué le rôle de « Le lion » dans « un songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare, de « Un passager » dans « les tribulations du bâché », « Mallot » dans « je soussigné cardiaque »de Sony Labou Tansi et « Bérenger » dans « le Roi se meurt » de Eugène Ionesco, il va s’essayer à l’écriture. Cet essai fut un coup de maître. Aujourd’hui, Adama Traoré est auteur de plusieurs textes, dont les quatre premiers sont : « Pharamansi » en 1989, « Rave Party » en 1990, « La visite du maire » en 1992, « Sidiga Koura » en 1993, « Les fruits mûrs » en 1994, « Le Suicide » en 2005 et « La messe est dite » en 2010. Parallèlement à l’écriture, Adama Traoré va explorer le champ de la mise en scène et y rester en demeure. De 1998 à 2009, il fait la mise en scène ou participe avec un autre metteur en scène d’au moins 14 pièces de théâtre, dont les plus récents sont : « Kaklara ou jamais à genoux », « Le développement à cœur ouvert en 10 tableaux », mise en scène en 2009, « La messe est dite » en 2009, « Le pays où on fabrique l’argent » en 2008, dans une collaboration avec Clément Bechtel. Celui qui fut Professeur d’Arts dramatiques de 1989 à 1999 à l’INA de Bamako est assurément le malien qui a exploré le mieux toutes les grandes professions du théâtre.
Et, cette expérience accumulée sur de longues années lui a valu une reconnaissance internationale. En plus d’être Président de l’Association culturelle Acte Sept, Adama Traoré a été Président de jury de plusieurs festivals de théâtres dans le monde : Festival du théâtre de la fraternité « Assahoum » au Togo en 2001, les arts de la rue des 4ème jeux de la Francophonie à Ottawa au Canada en 2001. Il fut membre du jury des Prix spéciaux UEMOA au 18ème FESPACO en 2003. De 2001 à 2005, il a été expert de l’Afrique de l’Ouest auprès de la Commission internationale du théâtre francophone. Membre de jury des 6ème jeux de la francophonie au Liban et membre de jury de la 5ème édition du festival professionnel du théâtre Algérien en Juin 2004, Adama Traoré est depuis 2002, chevalier des arts et lettres de la République de France. Adama Traoré est auteur de plusieurs publications dont certains sont : « Théâtre-Action 1996-2006 : théâtre(s) en résistance (s) », aux Editions du Cerisier, « Le théâtre de rue, un théâtre de l’échange : (Le théâtre et le théâtre de rue au Mali) », aux Editions « Etudes théâtrales ». En janvier 2013, il a publié deux textes de théâtres : « Ceux qui sont morts, suivi de Kaklara ou jamais à genoux ».
Assane Koné