Le cercle de Yanfolila est réputé être une zone de chasse par excellence, une zone de grands artistes musiciens de notre pays. S’il est vrai que la plupart des artistes musiciens du Wassoulou ne sont pas des griots, force est de reconnaître qu’il y a des griots à Yanfolila dont certains sont de vrais maîtres de la parole. La meilleure manière pour un griot de s’illustrer réside dans les manifestations culturelles, les cérémonies et les grands événements.
L’arrivée de Modibo Sidibé à Yanfolila a été une occasion pour Djeli Harouna Kouyaté fils de Bounougon Djemory, d’étaler son talent de jeune maître de la parole. Mais pour lui-même les maîtres de la parole au Wassoulou sont les peuls” ce sont eux qui nous donnent la permission de parler, parce qu’ils voient ce que nous ne voyons pas, ils connaissent ce que nous ne connaissons pas”. Selon Harouna Kouyaté, il a été formé à Kela chez Balla Diabaté, ”c’est grâce à Kela Balla que je parle aujourd’hui, nous sommes encore jeunes, on ne connaît rien dans la parole”.
Bien formé, ce géant avec son 1m 80 est aussi un géant dans la parole. Harouna Kouyaté avec son frère Amadou Kouyaté ont parlé de Modibo Sidibé, la généalogie des peuls d’une manière et celle de la famille Sidibé dans le Wassoulou. Harouna Kouyaté, a tracé la lignée des peuls, jusqu’aux peuls du Wassoulou, ”Mamourou, Amadou, Tiefing, Fla Massa Djan. C’est Fla Massan Djan qui a épousé 4 femmes, la première était Diallo Ba, la deuxième Diakité Ba, la troisième Sidibé Ba et la quatrième Sangaré Ba”.
Parlant de la famille Sidibé, c’est-à-dire la famille de Modibo Sidibé et cela devant leur patriarche à Tieouléna (village d’origine de Modibo Sidibé), de Séré Moussa, au vieux Mandé, en passant par Moro Djan, ”Fatouma Barri a donné naissance à Yoro Moussa, Yalan, Mandé koroba, a eu pour enfant Mamadou Sidibé, qui est le père de Modibo Sidibé, on peut être plus âgé que Modibo Sidibé mais personne ne peut être du Wassoulou plus que lui, parce qu’il est d’une grande famille, une famille de guerriers”. Harouna Kouyaté n’est pas comme les autres jeunes griots de son âge, car en dehors du griotisme, il est un vendeur de moutons à Yanfolila, il travaille avec Seydou Tembely.
” Je suis griot et un fils de griot, mais cela ne veut pas dire que je ne dois pas travailler. Un griot doit donner le bon exemple partout. Un griot doit connaître son Jatigui au lieu de parler dans le vide, c’est honteux pour nous de crier, de faire l’éloge de quelqu’un qu’on ne connaît pas”. Ce jeune griot est aujourd’hui une fierté pour les populations de Yanfolila, avec son frère Amadou Kouyaté, ils répondent toujours présents aux différentes sollicitations de la ville.
Kassim TRAORE