Plus connue sous le nom de Bougouniéré, Diarrah Sanogo est à citer parmi les comédiennes maliennes qui inscrivent en lettres d’or le nom de notre pays sur les grandes scènes de théâtre de ce monde. Le week-end dernier, l’artiste comédienne révélée au grand public malien en 1986, par la pièce de théâtre intitulée « Bougouniéré », a été consacrée meilleure comédienne d’Afrique par la 3ème édition des grands prix Afrique du théâtre francophone qui s’est ténue à Porto Novo au Bénin. Quel est le chemin par lequel cette comédienne est passée pour se hisser sur la plus haute marche d’Afrique de son amour de tous les temps : le théâtre ?
Celle qui vient de hisser le drapeau malien sur l’une des plus hautes marches du théâtre africain au palais Homné de Porto Novo, lors de la soirée de distinction des professionnels africains de théâtre pour le compte de l’année 2009, est née à Kafana dans le cercle de Sikasso, quelques mois avant l’indépendance de notre pays. Après des études primaires à Kafana, sanctionnées par le certificat d’études primaires en 1973, elle débarque à Sikasso pour ses études fondamentales. En 1978, après avoir obtenu le diplôme d’études fondamentales, Diarrah Sanogo va devoir attendre 1981 pour rentrer à l’Institut National des Arts de Bamako.
En 1985, avec son diplôme de technicienne des Arts et de la culture en poche, le talent aidant, celle qui allait devenir quelques temps après, la grande révélation de la comédie malienne, ne tardera pas à décrocher des opportunités pour sa promotion. Cheick Oumar Sissoko, célèbre réalisateur, en 1985, fut l’un des premiers à lui donner sa chance en la faisant jouer le rôle de la principale actrice dans son film « Nyamaton ». Mais, il a fallu attendre 1986, pour que le public malien fasse la connaissance de cette comédienne talentueuse à travers la pièce « Bougouniéré ». Tellement l’interprétation de son rôle a été parfaite dans cette création du théâtre national du Mali, Diarrah Sanogo, n’a plus jamais pu se départir du nom de « Bougouniéré ». Pendant trois ans, elle fera le bonheur des Maliens en interprétant à merveille le rôle d’une aide ménagère.
En 1989, feu Adama Drabo va lui faire appel pour jouer dans son film « Ta Dona » et la même année, Cheick Oumar Sissoko va recourir à son talent pour lui confier le rôle d’actrice principale dans son film « Finzan ». Les Maliens auront l’opportunité de la voir pour la dernière fois dans un film en 1991, lorsqu’elle a été actrice dans le film de Yanouch Morov Sky, intitulé la « Danse du singe ». Mais, la même année, elle surprendra tous ses fans en déployant un autre de son riche talent artistique. A travers l’album « Djougouya », en 1991, Diarrah Sanogo va démontrer qu’elle a du talent à revendre dans le domaine de la musique. Elle va rééditer cet exploit en 2004, avec l’album « Kamè ».
C’est aussi pendant la même année, qu’elle va intégrer la faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash), pour se voir décerner au bout de 4 années d’études en 2008, la maîtrise en mise scène, avec un mémoire sur la mise en scène « D’Œdipe-Roi de Sophocle ». Entre temps, de 1998 à 1999, elle va participer à la courte aventure d’ « Antigone », une mise en scène de Sotigui Kouyaté, qui néanmoins eut la chance de tourner en France et dans les centres culturels français au Mali, au Sénégal et en Guinée Conakry. Des malentendus ayant divisé le groupe sur Paris, les artistes comédiens vont aller chacun de son côté. En réalité un gros lot de la troupe viendra au Burkina Faso pour le tournage du film « Sya » de Dany Kouyaté, fils de Sotigui Kouyaté.
Mais, Diarrah Sanogo, mettra ce temps à profit pour travailler la pièce intitulée « le retour de Bougouniéré ». De 2000 à 2003, elle va tourner avec cette pièce au Mali, au Bénin, en France, au Luxembourg et à Liège. Et, en 2003, soucieuse de sa formation, elle va participer à l’atelier de direction d’acteurs à Bamako et en 2005, à un atelier d’écriture dramatique dirigé par Claude Yersin, dans le cadre d’écriture vagabonde. C’est tout juste, après l’atelier de 2005, que les fans de Diarrah Sanogo, vont la retrouver dans la pièce « Bougouniéré invite à dîner ». Cette pièce qui dénonce à sa façon la mondialisation et les politiques néolibérales, va bénéficier de nombreuses tournées à Paris, Angers, Avignon, Auxerre, Limoges, Marseille et Bénin. S’il a fallu attendre avril 2009, pour voir la première mise en scène d’Œdipe-Roi de Sophocle, avec les élèves de l’INA de Bamako dans le cadre de son mémoire pour l’obtention de son diplôme de mise en scène, elle est aujourd’hui, une comédienne accomplie.
Cinéma, théâtre, musique, Diarrah Sanogo a du talent à revendre dans tous ces arts. Cela est d’autant plus vrai que son nom est gravé sur un certain nombre de festivals de théâtre : Atelier Théâtre du Burkina (ATB), Festival International de théâtre de Marionnettes de Ouagadougou (FITMO), Festival international de Théâtre du Bénin (FITEB), Festival Racine du Bénin, Festival de Blayes à Bordeaux. C’est ce talent qui a été salué la semaine dernière à Porto Novo par le titre de meilleure comédienne d’Afrique des grands prix Afrique du théâtre francophone.
Assane Koné