Non encore révélé aux fans du hip-hop bamakois, Alou Badra Coulibaly alias Bad Pi, comme on le surnomme, est pourtant un pur talent de rap. Unique fils du défunt comédien Lassine Coulibaly plus connu sous le nom de Zankè, Bad Pi est la nouvelle coqueluche de la jeunesse d’Hamdallaye en Commune IV du district de Bamako.
Le monde artistique malien est une véritable réserve de jeunes talents. Certains déjà révélés au grand public et d’autres connus seulement dans leur environnement social direct. Le jeune rappeur Alou Badra Coulibaly fait partie de la dernière catégorie. Son surnom d’artiste, Bad Pi, est l’abréviation de son prénom Badra et Pi (Pie : l’oiseau connu comme bavard).
Doté d’un talent inné, il est promis à un bel avenir, non pas sur les traces de défunt père comédien, mais plutôt dans la musique, notamment dans le hip-hop dont il est passionné depuis son jeune âge.
Depuis fin 2018, le jeune rappeur a produit une quinzaine de singles dont les plus connus sont entre autres “Chouina”, “Samara Boulama” et “Bko Trap” ainsi que quelques clips amateurs. Ces singles lui permettent de se faire remarquer dans le quartier et sur les réseaux sociaux. Pas de grands studios. Bad Pi, pour le moment, fait son chemin avec un groupe dénommé Choco Gang composé de quelques jeunes chanteurs et beat makers passionnés qui font de belles choses avec les moyens de bord.
Après avoir longtemps tourné dans le ghetto et freestylé tard dans la nuit avec des potes devant des magasins fermés, Bad Pi passe finalement le concours de l’Institut national des arts (Ina) en 2013 après son Diplôme d’études fondamentale (Def).
A l’Ina, il s’inscrit à la section Art Dramatique suite aux conseils du réalisateur Ousmane Sow, qui voulait le voir emprunter le chemin de son défunt père. Mais le jeune homme a des ambitions différentes. N’étant donc pas vraiment passionné de la comédie, il n’arrivera pas à poursuivre son cursus en art dramatique. Il était plutôt fréquent dans les classes de la section musique, sa vraie passion. Avec ses amis de cette section, il apprend la Kora et la guitare. Toutefois, Bad Pi ne compte pas rejeter totalement l’héritage familial.
Il envisage de faire carrière dans le cinéma, mais dit-il, il lui faut devenir un artiste célèbre afin d’attirer l’attention des réalisateurs de cinéma.
Alors qu’il était en licence à l’Ina, il décide de quitter les bancs de l’école et de se lancer dans le rap, en fin 2018. Le rap c’est son univers. Il a toujours été influencé par des grands noms du hip-hop comme Chris Brown. Ce jeune rappeur veut suivre les pas de grands rappeurs maliens. Il est surtout attiré et influencé par Dr Keb devenu ces deux dernières années une figure montante du rap malien.
Dad Pi chante dans un style très efficace et le flow est bien travaillé. L’autre force du jeune rappeur est surtout voix rauque qui donne du tonus à ses refrains. Le jeune rappeur varie également les genres musicaux, alliant du Dance Hall, du Madingue et du Vibe. En tout cas, le talent ne manque à Pad Pi. Il a juste besoin d’un accompagnement digne de ce nom et surtout d’un excellent producteur qui saura exploiter ses potentialités pour en faire le rappeur qu’il mérite d’être.
Youssouf KONE