Le tourisme local ou tourisme de proximité peut être une alternative. Mais il est clair que nos compatriotes ne se pressent pas pour visiter les nombreux sites touristiques dont regorgent le pays, berceaux des trois grands empires au Sud du Sahara. Combien de Maliens peuvent ou veulent se déplacer pour voir un site touristique dans une localité ?
Pourtant, nous avons des merveilles à découvrir. C’est pourquoi, l’Etat doit soutenir le tourisme scolaire à travers des voyages d’études pour permettre aux enfants maliens de connaître le pays de leurs ancêtres dans sa diversité. Disons-le sans langues de bois et même vertement, le secteur du tourisme est dans l’agonie et les acteurs se rechignent les bambines. Les conversations des acteurs du secteur touristique et des autorités en charge de la question glissent régulièrement et de manière lancinante sur la nécessité d’une relance du secteur. Parce que les appréhensions liées à l’insécurité détournent de la destination Mali, et les touristes ne visitent plus comme avant les sites, chargés d’histoire. Mêmes les plus optimistes reconnaissent la fragilité du secteur et l’urgence de mettre en œuvre des mécanismes de relance.
Le tourisme représente un secteur pourvoyeur d’emplois et contribue à l’économie nationale. Ce secteur qui était en pleine expansion dans notre pays a connu un coup d’arrêt depuis 2012, année de l’éclatement de la crise sécuritaire dans le Septentrion, suivi du coup d’état militaire. Depuis, notre pays peine à redonner confiance aux touristes qui redoutent les enlèvements, ou respectent simplement les consignes de leurs pays d’origines, qui classent, le pays en zone rouge. Ces pays dressent, à tort ou à raison, un état des lieux préoccupant et en interdisent à leurs ressortissants d’embarquer vers la destination Mali. Ainsi, les touristes ne se sentent plus en sécurité dans notre pays, dont le genou est à terre. C’est à partir de la crise multidimensionnelle, que le secteur du tourisme est totalement à terre. Le département de l’Artisanat et du Tourisme, à travers la direction nationale du tourisme et de l’hôtellerie, et d’autres acteurs du secteur privé travaillent à lui redonner son lustre d’antan. Ils multiplient les initiatives de relance et s’emploie à donner des garanties sur la destination Mali. Les ateliers de réflexion qui ont conduit à des réformes administratives participent des efforts de relance. Il est même utile de rappeler que la ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Nina Wallet Intallou, avait accordé une longue interview à L’Essor, quotidien national, sur la question en septembre 2017. Elle avait exprimé sa détermination à reformer le secteur afin de l’adapter au contexte actuel de l’environnement touristique, mais aussi aux alternatives de relance par des actions ciblées sur l’écotourisme et le tourisme local. «Nous avons beaucoup de perspectives pour la relance du tourisme », expliquait la ministre. Le tourisme n’est cependant pas qu’un chapitre de nuisances ; il demeure une industrie culturelle, une dynamique économique qu’il faut certes «assainir», mais surtout construire dans la durée. Voilà pourquoi on le définit par ailleurs par son aspect transversal, catalyseur d’un ensemble d’activités économiques, sociales et culturelles. « l’activité touristique résulte de la mise en mouvement d’un grand nombre d’éléments et de partenaires : sites naturels, conditions climatiques, attractions et équipements touristiques, hébergement, informations, transport, mise en marché, professionnels divers, revenus disponibles et choix des clients, situation sociopolitique des espaces visités, état de l’environnement…». Il faut rappeler que la timide reprise du tourisme au centre du pays surtout après 2013, a été contrariée stopper net du fait de la barbarie et de la violence, notamment présenté sous l’appellation du conflit communautaire Peulh/Dogons. Et la situation est redevenue catastrophique avec la psychose qui s’est installée dans la zone. Personne ne peut reprocher aux touristes de mal s’accommoder d’une situation d’insécurité et de menaces réelles. Au-delà de notre pays, c’est tout le Sahel qui est menacé par l’insécurité.
Mahamadou YATTARA