Après 28 ans d’attente, le Burkina Faso décroche son troisième Étalon d’or grâce à Dani Kouyaté et son film Katanga, la danse des scorpions. Lors de la cérémonie de clôture du FESPACO 2025, le réalisateur a rendu un vibrant hommage au regretté Souleymane Cissé, affirmant poursuivre le chemin tracé par ce maître du cinéma africain : « Souleymane Cissé n’est pas mort ».
Les rideaux sont tombés le 1ᵉʳ mars 2025 sur la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) avec l’annonce du palmarès tant attendu.
Dans la catégorie long-métrage de fiction, Dani Kouyaté a hissé haut les couleurs du Burkina Faso en remportant l’Étalon d’or de Yennenga avec son film Katanga, la danse des scorpions. L’Étalon d’argent a été attribué au film somalien « The Village Next To Paradise » de Mo Harawe, tandis que l’Etalon de bronze a couronné On becoming a Guinea fowl », du réalisateur Rungano Nyoni de la Zambie.
Ce sacre marque un moment historique pour le Burkina Faso, qui remporte à nouveau l’Etalon d’or après 28 ans d’attente. Fière de cette consécration, Dani Kouyaté a dédié son trophée aux forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, engagées sur les théâtres d’opérations.
Un hommage appuyé à Feu Souleymane Cissé
Juste après la remise du trophée, Dani Kouyaté a tenu à rendre hommage à Souleymane Cissé, figure emblématique du cinéma africain, décédé à la veille du FESPACO. « Je suis la voie qu’il a tracée. Souleymane Cissé n’est pas mort », a-t-il déclaré avec émotion.
Avant même l’annonce du lauréat de l’Etalon d’or, le porte-parole du jury, Martin Zongo, a tenu à préciser que, par respect pour Souleymane Cissé, aucun remplacement officiel n’avait été fait à la présidence du jury. « Nous avons décidé, en accord avec la délégation du FESPACO, de ne pas remplacer notre président. Souleymane demeure notre président. Je ne suis qu’un porte-parole », a-t-il affirmé.
Une édition marquante du FESPACO
Le Délégué général du FESPACO 2025, Alex Sawadogo a souligné que cette année, la fete a enregistrée 13 500 festivaliers, 95 directeurs de festivals, 53 pays représentés, 625 projections sur 12 sites, 60 rencontres professionnelles, 178 millions F CFA distribués aux lauréats
La cérémonie de clôture s’est déroulée en présence du président du Faso, Ibrahim Traoré, et du Premier ministre tchadien, Allah-Maye Halina. Ils ont assisté à la remise des trophées, dont celui tant convoité de l’Etalon d’or de Yennenga.
Dani Kouyaté succède ainsi au Tunisien Youssef Chebbi, lauréat de l’édition précédente. Il repart avec une récompense de 20 millions de F CFA et le prestigieux trophée.
Enfin, la date de la 30ᵉ édition du FESPACO a été annoncée, c’est du 27 février au 6 mars 2027.
Amadou Sidibé
(depuis Ouaga)
« Katanga, la danse des scorpions »
Ce film plonge le spectateur dans une fresque historique et politique où intrigues et luttes de pouvoir rythment le destin de Katanga, un chef de guerre ambitieux.
L’histoire débute avec une tentative de complot avortée contre le roi Pazouknaam, qui décide alors de nommer son cousin Katanga au poste de chef des armées. Conscient de la lourde tâche qui l’attend, Katanga consulte un devin. Ce dernier lui révèle une prophétie troublante : il est destiné à devenir roi à la place de son cousin.
Guidé par cette prédiction et encouragé par son épouse, Katanga finit par renverser le roi et s’empare du pouvoir. Mais très vite, il sombre dans la tyrannie, éliminant ses proches pour asseoir son autorité. La soif du pouvoir le conduit alors dans une spirale de violence et de paranoïa.
Dani Kouyaté, connu pour ses œuvres marquantes telles que « Keita ! L’héritage du griot » (1995) et « Sya », le rêve du python (2001), signe ici une fresque puissante et engagée, explorant les dérives du pouvoir et les tragédies qu’il engendre.
A.S.