La salle « Aula Magna » de la Faculté des lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines qu’occupaient les étudiants en licence de lettres a refusé du monde en cet après-midi du 19 février. Sur les murs de l’amphi, l’écriture bien stylée «J’aime la littérature. Je suis Yambo », traduit de manière caricaturale la volonté des membres du Club pour bousculer toutes les formes de mépris qui frappent leur mentor .Ce dernier, coule, une retraite paisible à Sévaré, loin du luxe insultant de Bamako, la capitale.
Madame Diallo Adama, Professeure d’espagnol à la retraite, ex épouse du célèbre écrivain est venue de Paris pour coanimer ladite conférence. D’entrée de jeu, elle a attiré l’attention du public sur quelques notes d’engagement. « Vous êtes de ceux qu’on peut utiliser pour servir la cause d’un grand homme qui s’est rendu célèbre par sa pensée ».
Elle était en colère contre ceux qui ont enterré Yambo alors qu’il est encore vivant. Oui, furieuse contre les piètres intellectuels pensant à chosifier une personne. Pour sa part, la rentrée littéraire doit rectifier certains tirs. L’initiative prise par les organisateurs reste une excellente idée. Mais le mépris et le rejet d’une grande plume comme Yambo ne sont point tolérables.
Dans une colère noire, Madame Diallo se disait prête à tout pour réhabiliter l’œuvre du 1er prix Renaudot de littérature décerné à un Africain. « On ne peut pas honorer quelqu’un en le rejetant. Ils n’ont même pas cherché ni à le voir ni à le rencontrer pour au moins l’informer du prix d’une valeur de 5 millions », a-t-elle martelé.
Prenant la parole, le Président du club, le Professeur de Lettres Drissa Kanambaye a dénoncé d’une manière satirique le « coup d’Etat littéraire » dont leur mentor a été victime. Pour sa part, l’auteur de Le Devoir de violence est victime de toutes sortes de discours calomnieux.
Avant de terminer, le Président du club a fait étalage de ses compétences d’excellent biographe.
Yambo Ouologuem a vu le jour le 22 août 1940 à Bandiagara dans la région de Mopti. Il a fait d’après plusieurs témoignages de brillantes études au Mali avant de les poursuivre en France au lycée Henri-IV.Nous étions en 1960, année de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Il sera bardé de diplômes. A preuve, il a décroché une licence en Lettres et en Philosophie. Yambo est excellent dans la langue de Shakespeare (l’anglais).Bien sûr, il est diplômé d’études supérieures d’Anglais.
Selon Idrissa Kanambaye Yambo a enseigné quelques années en France avant de retourner au bercail.
Quant à Dr Docteur Mamadou Dia, Chef du Département Lettres, lui, a reconnu que Yambo fait partie intégrante des auteurs africains au programme de Licence avant de dire toute la disponibilité de son Département à exhorter de telles initiatives. Dr Dia va plus loin et souhaite même la tenue d’un Colloque international sur l’œuvre de Yambo Ouologuem, une grande et belle plume du Mali victime de mépris.
Bref, il s’agit de l’une des fines plumes que la région de Mopti, la Venise malienne offre au Mali et à l’Afrique. Yambo Ouologuem est un intellectuel de haut vol, car auteur de quelques classiques de la littérature négro-africaine. L’on se rappelle encore le tintamarre qui a frappé son roman Le Devoir de violence pour une fallacieuse histoire de plagiat alors que la France bouillonnait sous l’effet des manifs du mois de mai 1968. En tout état de cause, le livre a pu captiver l’attention du Jury et de fort belle manière : Yambo devenait ainsi le premier africain à rentrer au Panthéon du Renaudot.
Moussa Welé DIALLO