« Le Mali à la recherche de repères culturels : le Ciwara » est l’intitulé d’un document qu’Abdoulaye Sylla, ancien Directeur général adjoint du Musée national du Mali et Président de l’Association malienne pour la protection du patrimoine, vient de publier. Il y dénonce avec la manière la mauvaise utilisation des « Ciwara » et demande la remise des choses en ordre.
Très représentatif d’une grande aire culturelle malienne, le masque « Ciwara » n’est plus à présenter. Du 26 janvier au 30 avril 2011, le Musée national du Mali a accueilli une exposition intitulée « Ciwara, collections du Musée du Quai Branly ».
Cette exposition a permis aux bamakois de voir 33 œuvres représentant des « Ciwara » du Mali issus des collections du Musée du quai Branly. Partis du Mali, pour la plupart pendant la période coloniale, pour le plus ancien en 1882, ces 33 « Ciwara » nous ont donné une belle occasion de voir leur évolution sur au moins 100 ans et de voir la différence qu’il y a entre les « Ciwara » des zones comme Bougouni, Bamako, Ségou, Sikasso et Kita.
C’est l’usage qui est fait de ces objets culturels qui révolte aujourd’hui l’ancien directeur général adjoint du Musée National du Mali. Très choqué, il n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Selon lui, c’est dans le Mali, pays de grande culture, sinon de vieille culture, que nos fécondités culturelles, nos intellectuelles et nos hautes autorités continuent à commettre une grave erreur, aboutissant à un déni de justice à l’encontre d’un des grands emblèmes du monde bamanan, à savoir le Ciwarakun. Abdoulaye Sylla dénonce « l’utilisation abusive et incorrecte » des deux majestueuses sculptures, sans faire un rappel aux réjouissances populaires des rites agraires dans le milieu traditionnel. Il fait remarquer qu’au cours de toutes les occasions traditionnelles, c’est le mâle et la femelle qui sont exhibés.
Selon l’ex-directeur général adjoint du Musée national du Mali, de nos jours, dans toutes les structures administratives et politiques, on n’aperçoit qu’un seul mâle orphelin. Mais, pire, il trouve qu’il est très regrettable qu’à toutes les occasions officielles, ce sont les figurations mâles qui sont offertes à nos hôtes et à nos braves maliens méritants, sans autre forme de procès. Pour plus de réappropriation de nos formes culturelles, il a exigé à ce que tout soit urgemment rectifié, à savoir la réutilisation harmonieuse du couple « Ciwara » à l’Assemblée nationale, à la Mairie de Bamako, sur le fronton d’Air Mali, sur les affiches publicitaires d’énergie du Mali et au cours des dons offerts par le chef de l’Etat à ses hôtes.
Assane Koné