De tous les temps et dans toutes les ethnies de notre société, il y a la création artistique qui joue pour chacun de nos événements. De la naissance jusqu’à la mort, ce sont des éléments qui appellent à des créations artistiques. A la naissance, on chante le nouveau bébé et danse le nouveau bébé, ne serait-ce qu’au moment du baptême, les maîtres de la parole seront là pour magnifier les parents de l’enfant. Parce que ces événements restent et sont pérennisés. En toute circonstance nous participons à des créations.
Les formes de ces créations diffèrent d’une ethnie à une autre. Cela peut être dans de la danse, du théâtre ou la musique. Par exemple le kotéba bambara et le koroba dogon. Ceux-ci sont des éléments théâtraux qui demandent un travail de cerveau très fort et très soutenu ; d’où la création. Dans le domaine de la musique, il n’y pas un seul événement qui n’appelle pas le chant.
Même la mort appelle à la composition du chant. Idem pour la danse. A chaque moment de notre vie, il y a la notion de création. Les chants que nous exploitons pour en faire des chansons personnelles ont une base. Ils sont nés à une certaine période de notre vie. Aujourd’hui un Traoré est fier quand on dit qu’il est descendant de “Touramakanssi”, un Kéita de Soundiata Kéita… Il y a des phénomènes qui sont créés par rapport à la période, au moment, au sexe et à la grandeur. Tous ces éléments contribuent à la création artistique.
Pour Kardjigué Laïco Traoré, un homme de culture, la création musicale était plus riche hier qu’aujourd’hui. “Parce que nos ancêtres se sont inspirés des faits pour créer de la musique. Aujourd’hui, nous nous inspirons de leurs inspirations. Il a fallu donc des gens intelligents pour donner du courage aux braves combattants de l’époque. A l’exemple de la chanson Djandjo pour magnifier l’homme qui n’hésite pas à affronter le danger, nos travaux sont accompagnés de chants dans nos champs dans le but d’encourager ceux qui cultivent la terre. La femme quand elle pile ou cuisine, elle chante pour exprimer ses sentiments”, souligne-t-il.
La génération d’aujourd’hui crée parce que quand on adapte nos chansons au reggae, c’est aussi de la création. Chacun peut prendre chez l’autre et ce qui est de la création contemporaine. La création est un processus continu de la base jusqu’au chemin où nous sommes. Les Iba one et les Sidiki Diabaté chantent dans les rythmes qui n’ont pas été les rythmes, mais ils ne cessent mobiliser le public derrière eux. C’est la création de leur époque, conclut l’acteur culturel.
Pour l’administrateur culturel à la retraite Ntji Diakité, si la création artistique se faisait avec une certaine attention, tel n’est pas le cas aujourd’hui. “La différence fondamentale entre les artistes d’hier et ceux d’aujourd’hui, c’est la paresse. Je le dis tout haut : les artistes d’aujourd’hui sont paresseux. Lorsqu’un artiste ne fait pas de recherche, il ne pourra rien faire de bon. Regardez les chansons d’avant, quand il y a des manifestations, c’est les anciens de l’Ensemble instrumental, des cantatrices comme Fana Damba et autres qu’on approchait. Nous sommes fiers de cela parce que c’est des chansons qui sont et qui ont du contenu. Elles qui ont été réfléchies et recherchées”.
“Dans beaucoup de domaines, c’est la paresse, les gens ne travaillent pas, tant qu’on ne travaille pas, on ne peut pas réussir. Avec seulement deux ou trois mots accompagnés de guitare et djembé, on est content et on dit qu’on a créé. La création artistique est profonde, elle mérite beaucoup de sacrifices et d’efforts”, insiste-t-il.
“J’avoue honnêtement que de nos jours, un sentiment d’insatisfaction m’anime, je ne suis pas satisfait du tout. En se pressant d’avoir de l’argent, ils ne cherchent pas et souvent, c’est des résultats médiocres qu’on rencontre”, conclut-il.
Ousmane Sagara