Je m’excuse encore de paraitre comme quelqu’un qui s’attaque régulièrement à un patrimoine national. La Biennale artistique et culturelle est un patrimoine national. Mais elle ne peut continuer à être le cœur de notre politique nationale de la culture et de notre politique nationale d’éducation à la citoyenneté.
Sa place doit être actuellement au Musée. Nous devrions sérieusement la documenter et en faire un sujet d’une exposition permanente pour les différents musées du pays afin de permettre aux jeunes de comprendre la part que l’institution a jouée, pendant les années 1970-1980, dans la dynamique de construction d’un Mali moderne.
Ce qui m’étonne, c’est l’aveuglement à vouloir, coûte que coûte, mettre en œuvre un événement extrêmement coûteux pour le résultat produit, en déphasage avec nos enjeux actuels, qui a fait régulièrement la preuve, par les tentatives de reprise ces 20 dernières années, qu’il n’est qu’un événement de nostalgie. La Biennale est loin d’être le programme de reconstruction citoyenne qu’on essaie de nous vendre.
Citons l’exemple de l’édition de Mopti, la dernière tentative de reprise de la Biennale artistique et culturelle.
Où est le rapport de cette édition ? Il ne nous-a-t-il pas été dit, en communication verbale dans un conseil des ministres, que cette édition a mobilisé 300 000 festivaliers ? Sur quelle base on a avancé ce chiffre ? Et les artistes qui auraient été révélés pendant cette édition ? Pourrait-on nous dire quel programme a été mis en place pour les accompagner dans leur développement ?
Est-ce qu’on pourrait nous dire de manière concrète et objective comment du lien social a été reconstruit et entretenu entre les jeunes participants à cette édition ? Comment faire vivre à ces jeunes la modernité à laquelle ils doivent tendre dans ce 21e siècle, en les logeant, comme si le pays vit un sinistre, à même le sol, dans des salles de classes, avec des toilettes d’un autre âge, avec des services de repas qu’on ne propose même plus dans une prison obsolète ?
La Biennale artistique a fait son temps. Cependant, on s’apprête à présenter la mascotte de l’édition de Tombouctou.
Je propose de donner un label d’utilité publique au festival “Vivre Ensemble” de Tombouctou. Que l’argent qu’on souhaite mettre dans la future Biennale à Tombouctou soit mis à la disposition de l’association qui organise cet événement culturel avec un cahier de charges.
Le festival “Vivre Ensemble” fait déjà une merveille à Tombouctou ! Permettons-lui de s’ouvrir sur le Mali, avec les moyens de notre budget national.
La Biennale artistique et culturelle est dépassée. Ce qu’on nous propose relève de la nostalgie.
Mes excuses à tous ceux que j’ai désobligés.
Alioune Ifra Ndiaye