La ministre en charge de la Culture et du Tourisme, Ramatoulaye Diallo, n’a manifestement pas fait que du plaisir à ses oreilles en effectuant, la semaine dernière, une visite de terrain pour tâter le pouls du secteur et évaluer l’ampleur des dégâts que lui a infligés la crise sécurité qui perdure quatre années environ. La période, à en juger par les contacts et échanges du ministre avec les acteurs régionaux, aura été marquée par un recul indescriptible de tous les indicateurs avec son lot d’incommensurables impacts sur l’économie régionale. Ainsi, selon le maire de la commune de Sangha, la ville accueillait pas moins de 40 000 touristes annuellement drainés par des merveilles très convoités comme le tunnel naturel du Banani long d’une centaine de mètres. Et de déplorer, par la même occasion, la subite disparition des visiteurs étrangers ses conséquences sur certaines activités vitales.
Exemple parmi tant d’autres, tous les travailleurs de l’Hôtel de Sangha ont fui, laissant une poignée du personnel qui demeure sans salaire depuis trois ans, a déploré le maire, se réjouissant de la visite ministériel dont la dernière remonte à huit années environ.
Les autres activités connexes ne sont pas en reste, à en juger notamment par le cri du cœur de ce guide touristique qui implore instamment la représentante du gouvernement de trouver une alternative contre le désœuvrement et l’oisiveté ainsi que le dénuement logique qui s’ensuit.
Ce faisant, les autorités auront inversé la tendance non seulement pour les nombreuses familles dépourvues de prix de condiments, mais également pour le Trésor public auquel le secteur touristique procurait plus de 120 milliards Fcfa de recettes annuelles.
Mopti, la capitale régionale, ne se distingue point par une tendance moins alarmante que les autres villes touristiques de l’intérieur de la 5e région. Comme conséquence de l’état agonisant du secteur, s’alarme un autre guide touristique : beaucoup de jeunes désespérés commencent à sombrer dans l’alcool faute de réussir leur reconversion dans d’autres activités génératrices de revenus.
Le phénomène affecte en réalité des milliers d’entre eux car, selon les données officielles divulguées par le gouverneur de la région, pour la circonstance, la crise sécuritaire a occasionné la suppression d’environ 1649 emplois dans les secteurs de l’artisanat et du tourisme.
Et, la situation ne semble guère plus élogieuse à Bandiagara que dans les deux autres localités visitées par la ministre Ramatoulaye Diallo. Là, la décadence s’illustre par la transformation des magasins de la Maison des artisans en débits d’alcool, pratique que la représentante du gouvernement a jugé inadmissible pour des locaux exclusivement réservés à la promotion de l’artisanat.
Mais, le hic c’est qu’une tentation plus grave que l’alcool guette la jeunesse de Mopti, une région qui est devenu l’une des cibles des offensives guerrières et idéologiques des groupes djihadistes.
«Si une solution tarde à intervenir, nous allons tous les rejoindre», a d’ailleurs prévenu un jeune guide. Mais qui ?
Abdrahmane KEITA
