Ce n’est plus une mission de sondage, mais celle d’une véritable implantation progressive que visent désormais les autorités du Mali. Après l’expérience de la fois dernière, ce sont les artisans eux-mêms qui semblent déterminés à élargir leur réseau de clients permanents à cet espace russe qui demeurait peu exploré jusque-là. C’est au troisième étage d’un immeuble situé en plein coeur de Saint-Pétersbourg, notamment sur la Perspective Nevski, que se déroule l’exposition dédiée à l’artisanat malien depuis le 19 mars. Cette année, ils sont neuf à faire le déplacement depuis Bamako. Moins nombreux qu’en 2013. Cependant, pour la première fois, deux jeunes femmes figurent dans la délégation. Madame Diallo Koura Boiré et Oumou Diallo sont venues proposer aux russes des bijoux traditionnels et des bogolans Made in Mali. Et si elles peinent à s’habituer à l’hiver russe, elles ne sont pas moins dynamiques que leurs confrères auprès des visiteurs.
En effet, depuis l’ouverture des stands, l’affluence est importante dans la salle. Mais les artisans qui ont connu la première édition, déplorent la lenteur dans l’écoulement des marchandises.
En fait, face aux sanctions occidentales liées à la situation en Ukraine, beaucoup de russes ont revu leur consommation à la baisse. Ce qui explique en partie la timidité des achats de cette année. Il y a par ailleurs des promesses d’achats émises par certains grossistes de la place. Sinon, les seuls grands gagnants sont les vendeurs d’instruments de musique, en particulier les tam-tams dont raffolent les jeunes saint-pétersbourgeois..
Prudence observée aussi du côté de Bamako, apparemment bien imprégné de l’état actuel du marché. En tout cas, ce n’est pas un hasard que l’effectif de la mission a été réduit par rapport à celui de la saison précédente. L’initiateur de l’événement, Aliou Tounkara, dira que cette décision résulte également de l’insuffisance de moyens dont souffrent et les acteurs de l’art et leur département de tutelle qui hésite encore dans ses démarches de prospection de ce nouveau marché peu commode pour les hommes d’affaires de Bamako, tant les enjeux sont aussi énormes pour le modeste budget alloué au secteur de la culture et du tourisme.
Pourtant, lourdement affecté par la crise qui sécoue le pays depuis mars 2012, le secteur est en quête d’alternatives urgentes pour compenser le manque à gagner engendré par la situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les autorités maliennes ont délégué deux agents spécialisés en communication touristique pour conduire cette délégation à Saint-Pétersbourg. Il s’agit de madame Koné Assétou Keita de la direction chargée de la promotion à l’OMATHO (Office Malien du Tourisme et de l’Hôtellerie) et de Sékou Doumbia de la Maison des artisans de Bamako, tous deux – membres du Comité de Pilotage des Manifestations Artisanales et Touristiques de l’APCMM. Après avoir supervisé des séances de formation de jeunes russes en teinture, musique (tam-tam), bijouterie, maroquinerie et sculpture africaine ; les deux experts ont animé une conférence ce vendredi 3 avril sur « le patrimoine touristique du Mali ».
C’est avec un grand intérêt que l’assistance saint-péterbourgeoise constituée d’élèves, d’étudiants, de personnalités de la culture et de simples admirateurs curieux de l’art africain, a écouté l’exposé de madame Koné et de monsieur Doumbia. En somme, le message adressé aux russes, c’est de venir découvrir ce Mali aux multiples couleurs, confluant de civilisations et berceau de trois grands empires et de nombreux royaumes dont les chefs ont laissé leur empreinte dans l’hsitoire du monde. Et pour ce faire, les deux agents assurent qu’en plus des guides touristiques accrédités par le département du tourisme, tous les maliens sont prêts à les accompagner au cours de leur déplacement dans les lieux emblématiques des huit régions du pays. Du côté russe, les préoccupations concernent surtout la sécurité des touristes et les précautions indispensables pour faire face aux maladies tropicales comme le paludisme. Il a été aussi question du virus Ebola à propos duquel les experts de l’OMATHO et de l’APCMM ont tenté de rassurer l’auditoire que le Mali n’en souffre plus depuis un bon moment. Pour les localités propices au tourisme occidental en ce moment, madame Koné et monsieur Doumbia suggèrent aux éventuels touristes de s’arrêter au niveau de la région de Mopti, eu égard à l’insécurité grandissante dans le nord du pays. Par contre, c’est Tombouctou, connu ici depuis le dixième siècle à travers les récits de voyage, que beaucoup de russes souhaiteraient visiter. Il leur a été conseillé d’attendre que la paix revienne définitivement dans la zone avant d’entreprendre un projet de voyage vers la cité des trois cent trente-trois saints.
Quant à Alou Tounkara, le grand artisan de cette oeuvre de rapprochement et d’échange culturel entre maliens et russes, il s’est réjoui du succès de l’exposition tout en reconnaissant qu’il reste beaucoup de choses à améliorer en vue de sa pérennisation. Il n’a pas oublié de souligner ici le soutien de l’ambassade de la Fédération de Russie au Mali qui, selon ses dires, a appuyé le dossier dès qu’on lui a présenté. La participation active des ministères des affaires étrangères et de l’artisanat a été aussi évoquée par monsieur Tounkara. La fête de l’artisanant malien continue encore à Saint-Pétersbourg jusqu’au 10 avril.
Par Aboubacar Maiga depuis Saint-Pétersbour pour Maliweb.net
Bravo Monsieur TOUNKARA ! Courage et succès…
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Pensées rebelles.
c’est une bonne initiative du Mali qu’il faut appuyer et pérenniser.
…il est gd tps de faire une orientation intense vers la Russie et les pays du BIRD en ce qui concerne nos productions artisanales et touristiques…
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