Réduit aujourd’hui en un champ de ruines, l’édifice, construit à Gao par l’ancien empereur du Manding à son retour de la Mecque, a complètement disparu et suscite de nombreuses interrogations chez les chercheurs, archéologues, anthropologues et autres acteurs culturels. Les participants à la présente édition de la semaine nationale du patrimoine culturel ont décidé d’engager une large réflexion sur la question.
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« Conservation et gestion des sites archéologiques : Cas du site de la mosquée de Kankou Moussa à Gao », tel était le thème de la conférence-débats tenue mardi dernier dans la salle de conférences du Palais de la culture Amadou Hampathé Bâ. La présente conférence, qui s’inscrit dans le cadre des activités marquant la célébration de l’édition 2007 de la semaine nationale du patrimoine culturel, ouverte depuis lundi, a réuni les chefs de mission culturelle et les directeurs régionaux des arts et de la culture des huit régions du pays, les chercheurs et archéologues autour d’un thème jugé aussi riche que d’actualité par les participants.
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Entrant dans le vif du sujet, le conférencier, M. Mamadi Dembélé, chercheur à l’Institut des sciences humaines, fera savoir que le site de la mosquée de Kankou Moussa se trouve au cœur du village ancien de Gao. « Il ressort des traditions orales que cette mosquée fut construite par l’empereur Manding Kankou Moussa, à son retour du pèlerinage à la Mecque en 1324 » a déclaré le chercheur Mamadi Dembélé que révèle que selon les mêmes traditions, l’ouvrage aurait été construit par le célèbre architecte andalou, Abou Isaac Es Sahéli, qui faisait partie de la suite du « Mansa » et auquel est attribué la construction de la célèbre Mosquée Sankoré de l’Tombouctou.
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« A l’opposé d’autres ouvrages de la même période, c”est-à-dire celle de la gloire des grands empires du Moyen Age qui ont marqué de façon significative l’histoire du Soudan occidental et qui ont survécu à l’usure du temps, (Tombeau des Askia, Mosquées Sankoré, et de Djingaryber) la mosquée Kankou Moussa, n’est actuellement qu’un champ de ruines, l’édifice ayant totalement disparu » dira le conférencier. Qui ajoute que cette disparition suscite de nos jours d’énormes interrogations chez les chercheurs. Pourquoi parmi des bâtiments de la même époque, un a disparu alors que les autres existent ? Quelles peuvent être les causes d’une telle situation : défaillances techniques ou négligence humaine ? s’est interrogé le conférencier, qui a déclaré que la réponse à cette question nécessite qu’on procède à des recherches.
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De l’avis du chercheur de l’Institut des sciences humaines, les investigations déjà opérées et celles en cours depuis 2004, n’ont encore permis la découverte de la mosquée, mais plutôt d’une série de murs colossaux en pierres sèches surmontés de briques en terre crue moulée ou cuite, circonscrivant des champs (souks ?), l’ensemble appartenant à un complexe commercial, artisanal ou résidentiel. « Quant au mobilier récolté, il est particulièrement riche et varié (céramique, objets divers en fer, en cuivre, perles, cornaline, fusaïoles), et dénote de la participation active de Gao au lucratif commerce transsaharien qui existait être l’Afrique de l’ouest et le bassin méditerranéen » a déclaré le conférencier. Qui, dans sa conclusion, a mis l’accent sur la nécessité d’une large réflexion sur la problématique de la conservation des vestiges du moyen âge.
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Issa Fakaba SISSOKO
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