Conférence : Murambi, le livre des ossements

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Dans le cadre des rencontres « Etonnants voyageurs », le Pr Boris Diop a animé une conférence-débats au lycée Ba Aminata Diallo sur son roman « Murambi, le livre des ossements ». L’auditoire, composé de filles des classes de Lettres accompagnées de leurs professeurs, a suivi la conférence avec un intérêt soutenu.

 L’ultime génocide du XXe siècle

Murambi est une petite ville du Rwanda, comme Ségou, Mopti. C’était en 1994, au Rwanda. L’Eta y a planifié et exécuté l’élimination d’une partie de la population, en l’occurrence les membres de l’ethnie tutsi, minoritaire. Du 6 avril 1994 au soir au 5 juillet 1994, soit en cent jours, un million de personnes sont tuées, soit dix mille par jour, et cinquante à soixante mille par semaine. Le Rwanda a une superficie de vingt mille kilomètres carrés : d’où, après le massacre, des ossements partout. A Murambi, on a manqué de fosses communes !

La France complice

Sous prétexte d’aide humanitaire, la France lance l’opération « Turquoise », destinée à cacher le crime et à protéger les génocidaires. La France, depuis 1973, est du côté des criminels. Il ne s’agit pas du peuple français, mais des hommes politiques. Il faut signaler que l’Eglise rwandaise était aussi du côté du mal. En effet, l’archevêque Augustin Missago s’est adressé aux malheureuses personnes traquées en ces termes : « Rassemblez-vous à l’école technique de Murambi. Je vais vous protéger. » Et d’appeler ensuite les tueurs. On avait accusé d’abord les Tutsis du Général Kagamé d’être les auteurs de l’assassinat des présidents hutus rwandais et burundais. Argument apparemment imparable ; mais les témoins ont retiré leur témoignage. Le nouveau président français, Sarkozy, a compris que le travail du juge Bruguière avait été bâclé. Les sept experts commis à nouveau ont affirmé que c’est le « Hutu Power », formé d’extrémistes, qui est à la base de l’attentat meurtrier contre l’avion du président Habyarimana. Selon Elie Wiesel, intellectuel juif, le bourreau tue deux fois : la mort physique et le silence. Ecrire, c’est dire au bourreau : tu n’as pas gagné. On a l’impression que ça n’arrive qu’aux autres. Mais ça peut arriver partout. Le plus grand génocide du XXe  siècle, c’est celui commis par les Nazis. Il faut y ajouter, a dit le Pr Boubacar Boris Diop, ceux du Cambodge et de l’Arménie. Il arrive lorsqu’on se met à penser qu’une ethnie porte le mal, de façon exclusive. C’est pourquoi le président Kagamé a interdit désormais toute mention ethnique sur les cartes d’identité. Il faut éviter d’entretenir la haine de l’autre. C’est l’enseignement que Nelson Mandela a donné au monde.

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Source MADIKAMA

 

 

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