À la faveur du concert dédicace de l’album du groupe Amanar de Kidal, produit par «Kôrè Sound», le 28 mai 2016, le Centre Kôrè de Ségou a donné une très belle leçon quant à la nature des actions à initier pour le retour rapide de la cohésion nationale. Pour cette soirée riche en sons et en lumières, le groupe Amanar avait à ses côtés Mohamed Dorintié et Ben Zabo. Cette cohésion entre artistes n’a pas mis du temps à contaminer le public. Et, le concert a par moment pris l’allure d’un bal.
En cette période où le peuple malien aspire à la cohésion nationale, le 28 mai 2016, le Centre Kôrè de Ségou a donné le ton de ce qui pourrait être fait dans ce sens. La culture reste l’instrument privilégié pour un pays comme le Mali de panser rapidement les plaies ouvertes par cette crise qui n’aurait jamais du avoir lieu. À la faveur du concert dédicace du groupe Amanar de Kidal, la preuve a encore été une fois administrée.
Mohamed Dorintié, Ségouvien d’adoption et sonrhaï par ses origines, Ben Zabo dont le nom traduit son métissage entre bamanan et bobo, et le groupe Amanar qui vient des Adrar des Ifogas, sur la même scène à Ségou, pour la même cause : la dédicace de l’album de Amanar. Cela ne traduit qu’une seule chose : La cohésion entre les artistes maliens, qu’ils soient du nord, du centre, de l’est, de l’ouest ou du sud. Cette cohésion contagieuse entre artistes a emballé le public de Ségou dès les premières notes de la prestation de Mohemd Dorintié. Très en verve et soutenu par une très belle orchestration, où chaque musicien n’avait aucun mal à retrouver sa gamme, cet artiste qui fait déjà parler de lui, et qui le fera de manière plus convaincante les années à venir, le prodige de Ségou, a égrené bon nombre de titres de son répertoire pour le plaisir du public. Dans une parfaite maîtrise de la scène, en complicité harmonieuse avec Lala Coulibaly, sa choriste, elle-même un trait d’union humain entre le nord et le sud du Mali (née d’un parent du Sud et l’autre du nord), Mohamed Dorintié est parvenu, dans une interaction avec le public, à l’amener à participer au spectacle au fil de la dizaine de morceaux qu’il a interprétés.
Le voyage dans le pays bobo
Ensuite, ce fut le tour de Ben Zabo à inviter les spectateurs à une incursion rapide dans le pays bobo à travers deux de ses titres. L’hommage à Dounatié Koïta et son morceau célèbre «Wari Vo» qui l’a révélé sur la scène nationale. Le rythme envoûtant du «Tendoro» a été apprécié par des tamasheks qui n’ont pas attendu pour se faire inviter à esquisser des pas de danse.
Souvenir des nuits étoilées dans le désert de Kidal
Et, comme le concert était à l’honneur du groupe Amanar, il faut dire qu’il était le groupe le plus attendu. Dès les premières notes de la guitare du leader du groupe, les cameramen ont été les premiers à comprendre que la soirée n’allait pas être de tout repos. En effet, venus très nombreux pour la circonstance, les tamasheks de Ségou n’ont pas voulu être jugés à l’applaudimètre. Se souvenant des randonnées nocturnes à la belle étoile, sur les dunes de sable, avec le son du «Tendé», ils ont décidé de reproduire la façon dont la musique est appréciée dans cette partie du Mali.
Femmes et jeunes filles d’un côté, hommes et jeunes garçons de l’autre, et se faisant face, la fête ne pouvait être que belle. Tellement que les spectateurs n’arrivaient pas à cacher qu’ils étaient venus pour danser, le leader du groupe s’est vu dans l’obligation d’inviter ses fans à organiser les tours de danse afin de permettre à tout le monde d’avoir son tour de passage pour dégourdir les jambes. Et, pour leur plaisir, Amanar a parcouru tous son répertoire. Des morceaux connus par le grand public, à certains morceaux encore inédits. En tout cas, en cette soirée Kidal a dansé à Ségou, la soirée fut belle et la cohésion nationale, en cet espace, fut renforcée. Vivement, une initiative à multiplier pour le bonheur des Maliens qui n’aspirent qu’à vivre en paix.
Assane KONE