Annoncé en grand pompe, puis ajourné pour cause de Covid, les portes de l’Expo Doubaï 2020 se sont finalement ouvertes, depuis quelques mois. Elles se refermeront visiblement sans le moindre profit pour notre pays alors que l’événement passait pour un créneau exceptionnel d’épanouissement entrepreneurial. En cause, une perversion de sa vocation et une gestion patrimoniale ayant freiné la dynamique initiale, en se résumant à des nombreux voyages improductifs d’officiels ainsi qu’à la conquête de places touristiques.
Le pavillon Mali de l’Expo Doubai 2020 serait-il devenu l’espace ludique de profanes sans qualification ? La question est d’autant moins superflue que la représentation du Mali sur cette scène internationale laisse à désirer, au moment où le pays traverse une crise sans précédent aux enjeux colossaux. En effet, le choix du personnel pose question quant au sérieux avec lequel cet événement est abordé par le département en charge d’organiser la participation du Mali. Et pour cause, les visées personnelles et considérations de personnes l’emportent vraisemblablement sur l’intérêt collectif, à en juger tout au moins par le choix porté sur une secrétaire pour assurer la direction du Pavillon Mali. Il s’agit, selon nos sources, de Mme Lah Adam Niambelé. Précédemment assistante du DG de l’API, il se murmure qu’elle doit cette ascension fulgurante et spectaculaire à un noyautage de l’Expo par la nouvelle équipe ministérielle, laquelle s’était déjà illustrée par le choix d’un proche collaborateur du maître des lieux comme point focal des volets « communication et business », en lieu et place d’une professionnelle à toute épreuve limogée sans aucun une forme de procès. Seul maître à bord en l’absence des relais appropriés auprès de la presse nationale et internationale, l’intéressé, confie-t-on, est le rivage et le confluent de tout. «Toute la relation publique est concentrée entre ses mains sans qu’on puisse cerner son rôle véritable dans le dispositif », a confié une source interne, en s’interrogeant sur la rigueur et le sérieux qui animent les autorités avec une telle prépondérance de la figuration et des intérêts obtus sur la compétence, le labeur et le résultat.
Le département en charge de l’industrie et du commerce rame ainsi à contre-courant de la marche du Mali-Koura tant agité par les nouvelles autorités ces derniers temps et dont le credo de «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut» est visiblement perverti au profit de «l’homme proche à la place de son choix». Conséquence : c’est l’omerta totale et l’inaction qui caractérisent la programmation business et culturelle de la journée consacrée au Mali à Doubaï 2020. Les opérateurs économiques sont invités à y prendre part en méconnaissance totale de son contenu, des intervenants et du parti qu’ils peuvent en tirer en termes de retours sur investissements, etc. Il va sans dire, en définitive, que leur participation pourrait se résumer à une simple randonnée touristique, surtout que l’intérêt au plus haut niveau tend au simple décompte du nombre de places à distribuer entre les participants qu’aux dividendes et opportunités en terme d’affaires.
L’organisation bat ainsi de l’aile avec un recours abondant à des canaux de communication inappropriés qui n’est que révélateur de ses lacunes et d’une carence évidente d’expertise dans la mise en relief du secteur privé, vitrine de tout un pays à cet événement exceptionnel. Et dont les composantes concernées n’ont jamais été outillées dans la promotion et la bancabilité de projets, pas plus que le département ne dispose de projet pays devant leur servir de fenêtre de visibilité.
À la différence notoire de nombreux pays voisins dont les autorités ont pu saisir l’occasion pour ouvrir des opportunités à leurs entreprises signataires de nombreuses conventions de partenariat, aucun profit ne se dessine pour les opérateurs économiques maliens depuis le début de l’événement.
Pendant que le rendez-vous planétaire tire vers son épilogue, la commission constituée auprès du Ministre pour superviser la participation du Mali continue de s’emmurer derrière un silence assourdissant, qui n’est mesurable qu’à la taille des opportunités qui nous filent entre les doigts. Car le bilan du Mali a atteint une nullité irrattrapable et se résume aux nombreuses missions improductives d’officiels.
En définitive, pour les opérateurs économiques maliens, Doubaï 202O tend inexorablement vers un raté sur lequel le peuple est en droit de demander des comptes et de situer les responsabilités.
A KEÏTA