La deuxième édition du Ciné Droit Libre, un festival de films sur les droits humains et la liberté d’expression, s’est tenue du mardi 17 au samedi 21 janvier 2017 à Bamako, la capitale malienne.
Parrainé par Tiken Jah Fakoly, un artiste engagé pour éveiller les consciences, le Ciné Droit Libre est organisé par Abdoulaye Diallo président dudit Festival, DJ Awadi artiste sénégalais, Smokey artiste burkinabè et Master Soumy artiste malien. La cérémonie du lancement s’est déroulée mardi 17 janvier à l’Institut Français de Bamako.
En plus de la présence de la Directrice de l’Institut français et de la représentante de l’Ambassadeur des Pays-Bas, la Ministre malienne de la culture Madame Ndiaye Ramatoulaye Diallo, le Ministre des Affaires Religieuses et du Culte Thierno Oumar Hass Diallo, du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, des journalistes, des cinéastes, des hommes politiques, des chercheurs étaient présents.
Sous l’animation de l’artiste et humoriste ivoirien, Adama Daico, la cérémonie du lancement a commencé par des prestations d’artistes comme Master Soumy, le jeune cinéaste malien Fla Yoro avec un sketch dénonçant l’extrémisme violent à travers le monde; deux jeunes dont un malien et un béninois Oxy et Sakarose, bien que ovationné par le public, ont envahi la salle de l’Institut français par un grand silence à travers un slam sur le parcours de l’étudiant africain du début de ses études jusqu’à l’obtention d’une Maitrise.
« Un gouvernant qui n’ose pas de se mettre face aux vérités des artistes n’œuvre tout simplement pas pour le développement de son pays », affirmera Ndiaye Ramatoulaye Diallo dans son discours d’ouverture. « Je ne vous applaudirai pas autant Master Soumy », plaisante-t-elle. Elle indiquera qu’il n’y a certainement pas de hasard au faite que la toute première activité d’envergure nationale après l’important Sommet Afrique-France soit une activité culturelle et des droits humains. A l’en croire avoir au même endroit autant d’artistes engagés par leurs textes et par leurs actions sur le terrain en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso au côté des représentants du pouvoir public peut sembler antinomique. En effet, dira-t-elle, ces artistes usent de l’art et de leurs talents pour décrier les maux de notre société. « Chers artistes engages, exhorte-elle, l’Afrique a besoin de vous. Et le festival Ciné Droit Libre s’inscrit dans la continuité de toutes les initiatives culturelles et veut défendre les libertés et les droits fondamentaux de l’homme. Le cinéma est un véhicule extraordinaire de sensibilisation certes, mais il est surtout un créneau d’expression auquel nombre d’Africains identités aujourd’hui. »
Madame la Ministre a singulièrement exhorté les organisateurs à travailler ardemment pour que le Cinéma Africain retrouve ses points de faiblesses et surtout qu’il soit un reflet véritable des sociétés et non une construction tributaire d’orientation d’autres cieux, encore moins une réflexion tributaire de source de financement. Evoquant l’engagement sans faille du Mali dans l’accompagnement du Cinéma africain, elle dira que l’adoption par le conseil des Ministres du 22 décembre 2016 d’un texte relatif au fond d’aide à l’Institut Cinématographique en est une illustration pour le soutien à la production cinématographique. Comme pour preuve de la liberté d’expression au Mali elle citera l’artiste rappeur en ces termes : « Mon cher Master Soumy, il est compris dans le pouvoir public malien qu’il nous appartient de donner une totale liberté à nos cinéastes pour qu’ils touchent du doigt, les frustrations africaines ». Avant de déclarer la deuxième édition du festival Ciné Droit Libre ouverte Madame la Ministre a rappelé que déjà au 13eme siècle, le Mali a vu naître la charte de Kouroukanfouga ,charte inaliénable des droits de l’homme et a souhaité une année culturellement riche dans un climat plus apaisé a toutes et à tous au Mali, en Afrique et partout dans le monde.
Pour sa part, Abdoulaye Diallo, Coordinateur du Festival Ciné Droit Libre a salué la Directrice et son personnel de l’Institut Français, le parterre d’invités ainsi que les diplomates et Ministres venus pour les soutenir pour la tenue et la réussite de cet évènement. Il fera une brève historique du Festival : « c’est en 2004 que le festival Ciné Droit Libre a été créé par Sem films dans le dessein de promouvoir et défendre les droits humains ainsi que la liberté d’expression en Afrique ». Selon lui, ce festival de films est une tribune libre d’expression pour la défense des droits humains à travers les images. Abdoulaye Diallo a invité le public bamakois à venir nombreux sur les différents sites de ce festival riche en programme de sensibilisation, de conscientisation tout en incitant la jeunesse et le peuple africain à prendre son destin en main dans la justice et l’égalité.
Résume des activités du festival du mardi 17 au samedi 21 janvier 2017
La deuxième édition du Festival ciné Droit Libre a porté sur « l’extrémisme violent en Afrique et les questions d’intolérance religieuse et rejet de la diversité ». Cinq jours durant, les festivaliers ont eu droit à des prestations d’artistes engagés, des projections de films documentaires et fictions sur les thèmes : droits humains, liberté d’expression, dénonciation des atteintes aux droits fondamentaux de l’homme. Un atelier d’écritures Rap ; des projections débats avec sa typique « un film, un thème, un débat », le dialogue démocratique avec le thème : face à la montée de l’extrémisme identitaire, quelles synergies des acteurs pour une éradication de la violence ? Étaient au cœur de cet évènement grandiose.
Ces thèmes ont été entre autres animés par le Professeur Abdoulaye Niang chercheur et président de Jocho ni Maya, Habib Kane, animateur et chef de cabinet au Ministère des affaires religieuses et du Culte, Serge Daniel, journaliste et écrivain, Doumbia Fakoly écrivain spécialiste de la région negro Africaine. Ces invités maitrisant les questions sécuritaires, géostratégiques, religieuses et identitaires se sont prononcés sur les thèmes. Objectif : éclairer l’opinion sur la montée du fondamentalisme religieux et surtout inciter à une réflexion critique sur les solutions de ce phénomène. Des activités de sensibilisations et de conscientisation incitant la jeunesse et le peuple africain à prendre son destin en main dans la justice et l’égalité étaient au centre du Festival. La cérémonie de clôture de la deuxième édition du festival ciné Droit Libre s’est déroulé le samedi 21 janvier à la maison de la Presse avec la projection du film « Fuocoamare » au-delà de Lampedusa de Gianfranco Rosi Italie-France 2016 (1h46mns).
A en croire, de nombreux festivaliers recueillis sur les différents sites du festival Ciné Droit Libre ont témoigné que ce festival leur a été une école de sensibilisation afin de les aider à s’approprier la nécessiter de prendre en compte le respect des droits humains et de stopper la violence sous toutes ses formes dans les différents processus de développement.
Les films et documentaires au cours de ce festival étaient entre autres : « sur la route de la transhumance » de Gideon Vink, Burkina Faso 2016 (85mns) ; « Boko Haram : les origines du mal » de Xavier Muntz, Bruno Fay, Nigeria-France 2016 (52mns) ; « Kemtiyu » de Ousmane William Mbaye Sénégal-France 2016 (1h34mns) ; « The revolution will not be televised » de Rama Thiaw Sénégal 2016 ; « Salafistes » de Francois Margolin & Lemine Ould Salem France-Mauritanie 2016 ; « Mali Blue » de Gregor Lutz Allemagne 2016 (92mns) ; « Fuocoamare » au-delà de Lampedusa Gianfranco Rosi Italie-France 2016 (1h46mns) ; « L’arbre sans fruit » de Aicha Macky Niger 2016 (52mns) ; « Modibo KEITA, un homme, un destin » de Sidi Bekaye Traore Mali 2016 (52mns).
Dognoumé DIARRA
L’œil du Péon