Arlequin au théâtre c’est un valet de comédie, glouton et naïf. Aujourd’hui, c’est un adjectif qui désigne un mélange de couleurs, mais les enfants pensent que c’est un bonbon tandis qu’une équipe de rugby porte son nom ainsi qu’une collection de romans de hall de gare. Pourtant Arlequin vient de Hellequin ou Hierlequin, un démon sanguinaire qui vient de la nuit des temps, un Trickster.
Construit comme une poupée russe, ce Trickster est insaisissable, et quand on croit en tenir une facette, elle s’évanouit déjà dans celle qui suit. Un balai récalcitrant et muet ouvre le bal, avant qu’une mascarade de visages et de langages ne détraque la mécanique burlesque et silencieuse du spectacle. Les onomatopées conjuguées aux improvisations sonores provoquent l’arrivée de bégaiements qui décollent la parole du sens pour arriver à de purs enjeux mélodiques. Allant jusqu’à se démasquer, Arlequin laisse apparaître son masque nu et décide de créer sa propre loi du théâtre. Entre anticonformisme et délectation des traditions théâtrales, ce solo fait la part belle au rire, à la parole et au corps en utilisant une profusion de langages parlés, aussi bien que corporels