L’innovation se situe au niveau des compositions, du graphisme, des couleurs utilisées et dans la présentation des oeuvre.
C’est en 1979 qu’un groupe de jeunes artistes plasticiens nouvellement sorti de l’Institut national des arts (INA) de Bamako décide de revaloriser les techniques traditionnelles de décoration du Mali. Par leur génie et leur perspicacité ils font passer le bogolan de l’artisan à l’art. Le Groupe s’exprime à partir de la technique du Bogolan : peinture végétale sur tissu. Mais son oeuvre se situe largement au-delà du Bogolan traditionnel. Bien que le support, les couleurs, les instruments de travail ainsi que le processus de fabrication demeurent sensiblement les mêmes, il est à noter que sur le plan technique, le groupe Kasobané a apporté une innovation dans les compositions, le graphisme, dans la gamme des couleurs utilisées et dans la présentation des oeuvres. Il est composé de Kandioura Coulibaly, Costumier au Centre national de la cinématographique du Mali, Nènè Thiam, Professeur de dessin et de tourisme à l’Institut national des arts de Bamako, Boubacar Doumbia de l’atelier de formation et de production de Ségou, Fallo Baba Keïta directeur de l’Ecole du Patrimoine au Bénin, Souleymane Goro animateur de l’atelier de recherche et d’enseignement sur la technique du bogolan à l’institut national des arts, Klétigui Dembélé animateur aussi à l’atelier de recherche et d’enseignement sur la technique du bogolan à l’institut national des arts Déjà à l’école, un goût profond pour l’artisanat malien rapprocha très vite les membres.
Le choix crucial du thème de mémoire de fin d’études leur révéla une convergence d’intérêts surprenant puisqu’ils ont tous choisi un sujet lié à la “revalorisation et l’adaptation des techniques traditionnelles pour un meilleur développement de l’art et de l’artisanat contemporains du pays”. Orientation toute nouvelle à l’institut des arts dans la mesure où, jusqu’alors, tous les mémoires d’arts plastiques traitant des thèmes traditionnels avaient pris en compte uniquement les techniques occidentales. Lors des soutenances, les quatre mémoires, dont le sujet “la revalorisation du bogolan, un art traditionnel de teinture végétale et minérale” suscite l’intérêt du jury et de l’assistance. Ce fut l’occasion pour les autres lauréats de décoller et poursuivre ensemble les recherches et travaux en vue de préparer une exposition collective sur la technique du bogolan : le groupe Kasobané venait de naître autour de l’esprit de “Oeuvre collective”. La première exposition a eu lieu à la Maison des jeunes de la ville de Ségou, elle attira très peu de monde. La seconde attira l’intérêt des milieux professionnels et des autorités des arts et de la culture.
Le groupe a pour but, de contribuer à la diffusion et la promotion de l’art malien, notamment les techniques traditionnelles ; de faire des recherches dans les foyers de teintures végétales en les orientant essentiellement sur la technique du bogolan en milieu rural ; de réhabiliter ces techniques dans leur finalité première, ensuite les innover ; de faciliter l’encadrement et l’initiation aux techniques de teinture végétale à travers les ateliers ; former une relève efficace et suffisante pour perpétuer la technique et enfin de contribuer au mieux être de l’artiste à travers son travail. Les activités essentielles du groupe sont le dessin, la peinture, le décor d’intérieur, la création de tissu de l’ameublement, la création de costumes et décor de cinéma.
Création d’un musée. C’est cet esprit de recherche qui les conduit à la création des costumes et représentations des art et costumes pour beaucoup d’exhibitions et du cinéma malien. C’est aussi cette intelligence qui les conduira à la collecte et à la sauvegarde des accessoires de beauté, de parures dont des perles, des colliers et des bracelets. Il s’agit des perles : colliers, pendentifs, bracelets, bagues … anciens et ou contemporains. D’authentiques pièces et de créations seront mises ensembles pour une expression plastique significative. Elles sont dans des matières telles que le métal, le verre, le caoutchouc … elles sont aghate, coraline, ambre, mille fleures, terres, pierres… Elle surprend par sa richesse en forme, en couleurs et en authenticité.
Quant aux vêtements, du textile ancien au nouveau, du boubou cousu, brodé au décoré. Ils se trouvent dans du cuir, des fibres, du tissu, dans la laine, et la soie. Kandioura Coulibaly, le leader du groupe a donc emmagasiné une collection extrêmement importante des défilés de mode et des costumes et décors d’une vingtaine de films maliens, burkinabé, sud africains et français. Toutes les ethnies de toutes les régions du Mali y sont représentées. Des pièces modernes aux antiques en passant par les pièces classiques constituent cette collection. Elles sont à la fois des créations, des reconstitutions et même des pièces d’origine. Depuis quelques années, le groupe Kassobané a monté un projet de création d’un musée. La tortue du Djoliba est l’intitulé de ce projet de musée de la parure, qui se veut un lieu de rencontre d’expressions culturelles. Elle vise la sauvegarde et la promotion des styles de parures développés dans nos campagnes et dans nos villes, entre ce qui a été et ce qui nous est contemporain, explique Kandioura Coulibaly. Il serait également un cadre de concertation et d’échange entre professionnels du secteur, pour l’émergence, la promotion des métiers et l’expression, culturelle.
Ce musée se veut une vitrine pour affirmer l’identité malienne-africaine ; un lieu de refus de l’assimilation ; un lieu d’incitation à la sauvegarde et à la valorisation de produits locaux. Notre projet de développement culturel est axé sur la création d’un espace dénommé « Musée de la Tortue » qui nous est apparue très intéressante par la forme et la symbolique des objets que nous avons collectés mais aussi les représentations des diverses populations du pays. Cette entreprise de promotion de la production locale, unique au Mali par l’initiative et la collection, met en scène un parc à thème autour de la parure. Il s’agit avant tout d’un lieu de mémoire authentique à travers un univers culturel, touristique et pédagogique, celui de la beauté.