Sélingué est connu comme une zone de production de poisson par excellence. Mais depuis quelques années, les pirogues se sont vidées, et les pêcheurs ont abandonné les filets au profit des piques et des dabas des mines d’orpaillage dans les villages environnants. A Farabacou, à une quinzaine de kilomètres de Sélingué, ils sont des centaines sur ce site d’exploitation traditionnelle d’or, devenu le centre de toutes convoitises, au moment où le prix du kilogramme d’or est passé à plus de 20 000 F CFA.
Parmi ces orpailleurs ex pêcheurs, l’artiste Koko Dembélé a beaucoup de fans. Et ils ont été des centaines à effectuer le déplacement de Sélingué ce samedi 3 mars. Si de nombreux spectateurs étaient attirés par l’affiche Salif Kéita, Oumou Sangaré, etc. ils n’en sont pas moins nombreux à venir voir sur scène le reggae man Koko Dembélé.
On comprend ainsi que l’un des temps forts de cette première édition du Festival de Sélingué, a été les concerts géants au bord du Sankarani. Un cadre somptueux, qui a offert l’occasion aux populations de retrouver les meilleures voix de la musique malienne et d’ailleurs. Il s’agit de grosses pointures de la malienne comme Batoma Kouyaté, Niéba Solo, Salif Kéita, Cheick Tidiane Seck, Oumou Sangaré, etc.
Mais l’une des prestations dont on se souviendra longtemps, reste celle du reggae man Koko Dembélé. Si l’âge tente de prendre le dessus sur l’homme (il est né en 1954), sa voix demeure intacte, et il reste l’une des vedettes préférées de la jeune génération. Le « Vieux père », comme l’appellent certains, n’a rien perdu de sa vivacité et de la teneur de son message à transmettre à la jeune génération.
Ce samedi soir lors de son passage sur podium, les nombreux pêcheurs qui avaient abandonné Sélingué au profit des mines d’orpaillage des villages environnants, ont décidé de retourner ce soir-là. Devant plus de 5000 spectateurs, le chanteur a fait parler la poudre de sa guitare, notamment à travers ses morceaux phares comme « Resta-man », « Démocratie fiyè », etc. « Depuis quelques années je suis basé à Farabacoura, où je mène des activités d’exploitation artisanale d’or. Si j’aime les chanteurs comme Oumou Sangaré, ou Niéba Solo, mon artiste préféré reste Koko Dembélé. J’ai pris le billet uniquement pour le voir jouer. C’est l’un des meilleurs chanteurs à cause de la pertinence de ses thèmes, et l’importance de son genre musical », nous a confié cet ex-pêcheur devenu orpailleur. Pour lui, « le reggae malien vit grâce Koko ». Le rasta guitariste et percussionniste virtuose est et demeure un grand du reggae. Et la jeune génération de chanteur a de quoi s’inspirer.
Si le Festival international de Sélingué a été un facteur de brassage culturel et de renforcement de la fraternité entre les peuples de la localité et ceux d’ailleurs, il n’en demeure pas moins évident qu’il a consacré les retrouvailles entre certains artistes et leurs fans.
I. F. Sissoko