Report de la biennale artistique : Cacophonie au sommet de l’Etat

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Ce qu’on appelle incohérence dans les actions gouvernementales, pendant que tout est fin prêt pour l’ouverture de la Biennale artistique, un Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat décide de son report au profit de la conférence d’entente nationale qui débute le même jour que la Biennale.

Annoncée en grande pompe pour se tenir du 25 au 1er avril 2017, la Biennale artistique et culturelle, la fête de la jeunesse malienne vient d’être reportée pour la seconde fois en Conseil des ministres du samedi 18 mars. Raison évoquée : la tenue de la conférence d’entente à la même date que la Biennale, c’est-à-dire du 25 au 2er avril.

Oui, ils ont de nouveau poignardé dans le dos des organisateurs de la Biennale qui, depuis plusieurs mois sont à pied d’œuvres pour la bonne tenue la manifestation.

La question qui taraude les esprits est de savoir les vraies motivations qui ont prévalu à fixer la date de la conférence à celle de la Biennale ? Qui plus que le Président de la république peut décider du report de la Biennale ? Etant attendu que c’est lui-même qui a présidé la cérémonie de lancement de la manifestation au Palais de la Culture le 21 septembre 2016 en présence du Premier ministre, Modibo Keita, ce à la grande satisfaction de la famille de la culture. Ces hommes et femmes ont cru aux propos rassurants d’IBK qui disait ce jour «  que la Biennale est un pas de plus vers la paix ».  IBK est allé plus loin  « …j’ai instruit à Madame le ministre de tenir ce grand rendez-vous de la Nation malienne au mois de mars 2017 … la Biennale édition spéciale  est un pas de plus du Mali vers la paix ».

Pour les hommes et femmes de culture, rien ne pouvait donc décider du report de la Biennale. Une semaine avant la tenue, le président de la république, ont-ils martelé, les a déçus pour la seconde fois. Pour eux, c’est de deux choses l’une: soit le chef de l’Etat n’a d’égard pour la Biennale donc pour la culture,  soit il ne veut pas la tenue de la Biennale édition spéciale ces temps-ci et a lui-même un calendrier caché.

Pour les observateurs, si la tenue de la conférence d’entente nationale est  une préoccupation majeure pour les autorités, un créneau pour le retour de la paix, la Biennale culturelle en est un. Elle est facteur de cohésion sociale avec son brassage culturel de tout le Mali. Sa tenue est écrite dans les textes de l’accord de paix. L’annexe 3 de l’accord de paix nous engage à une reprise de ces activités au nom de la réconciliation mais aussi et surtout à une consolidation de la cohésion sociale.

Des dépenses colossales

Au lendemain du lancement de la  Biennale, la commission d’organisation composée de plusieurs ministères a travaillé d’arrache-pied pour une bonne organisation de la manifestation. A une semaine de l’ouverture, tout était fin prêt pour que la fête commence. Le moindre détail n’a été négligé. Toutes les régions et le district avaient confirmé leur participation. Et c’est des  centaines de millions F CFA qui ont été injectés dans l’organisation notamment dans l’achat de billets pour les participants de la diaspora malienne, la confection des pagnes, des affiches,  des annonces avaient commencé à passer sur les antennes de l’ORTM sans oublier le coté logistique… Des troupes dans les internats, d’autres en pleine répétition au Palais de la Culture.

Le moins que l’on puisse dire est que les dates annoncées de la conférence d’entente nationale en conseil des ministres extraordinaire du 18 mars, et qui a reporté la tenue de la Biennale ont été accueillies avec surprise par les organisateurs de la Biennale. Un coup dur pour la renaissance culturelle du Mali.

Une chose de fixer la date de la tenue d’une manifestation, une chose en est de la tenir surtout que des dépenses colossales ont été déjà faites.

A.S. pour Maliweb.net

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3 COMMENTAIRES

  1. Il était difficile sinon impossible au Ministre de la Culture de prévoir le chronogramme de cette conférence d’entente nationale lors de la planification de cette biennale car rien n’était fixée comme date il y a seulement deux semaines. Même cette conférence dite d’entente nationale va créer des frustrations et des injustices comme pour dire que nos dirigeants même en voulant bien faire, ils font mal. Quels dirigeants pour les fils lambda de ce pays qui ne mérite pas d’être traité de la sorte. Le jour où toutes ces injustices et frustrations se butteront, l’implosion du pays serait sans limite et se produirait dans la durée. Mali! Mali! Mali! Le coup de gong final est proche et très proche.

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