Patrimoine mondial de l’humanité : Les « kôrêdougaw » et le balafon entrent dans le cercle

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Leur inscription sur les listes des héritages culturels à sauvegarder porte à six le nombre d’éléments du patrimoine immatériel de notre pays reconnus par l’Unesco.

Les valeurs de deux de nos pratiques culturelles viennent d’être reconnues par la communauté internationale : « La société secrète des Kôrêdugaw, rite de sagesse du Mali » et « les Pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo du Mali et du Burkina Faso ». C’est le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO qui a pris cette décision à l’issue de sa 6è session qui s’est tenue à Bali en Indonésie du 22 au 29 novembre. L’annonce a été faite samedi par le ministère de la Culture et la Direction nationale du patrimoine culturel. Au cours de la session, 11 éléments ont été inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, 19 autres sur la Liste représentative. Cinq meilleures pratiques de sauvegarde ont été sélectionnées. Ce qui fait un total de 35 éléments à travers le monde. « La société secrète des Kôrêdugaw, rite de sagesse du Mali » a été inscrite sur la première liste. Cette société est un rite de sagesse qui occupe une place centrale dans l’identité culturelle des communautés bambara, malinké, sénoufo et samogo. Les initiés revêtent des haillons ornés de colliers de fèves rouges et d’objets divers. Ils suscitent l’hilarité par leur comportement glouton, leur humour caustique et leur malin esprit. Mais ils font aussi preuve d’une grande intelligence et d’une tranquille sagesse. Les Kôrêdugaw sont à la fois des médiateurs sociaux, des herboristes et des thérapeutes traditionnels. Ils proviennent de toutes les couches socioprofessionnelles sans distinction d’ethnie, de sexe ou de religion.

Le statut de Kôrêdugaw est hérité. Mais de nos jours les modes traditionnels de transmission sont menacés, à cause de la diminution du nombre d’initiés et diverses autres raisons. D’où la nécessité d’inscrire le rite parmi les éléments du patrimoine culturel immatériel menacés. Cela permettra d’entreprendre les mesures nécessaires pour leur sauvegarde. Les pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo du Mali et du Burkina Faso constituent également des valeurs culturelles précieuses. Le balafon des communautés Sénoufo du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire est un xylophone pentatonique, connu localement sous le nom de « Ncegele ». L’instrument de musique est composé de 11 à 21 lamelles d’inégales longueurs, taillées dans du bois et rangées sur un support de forme trapézoïdale, également en bois ou en bambou. L’instrument a pour résonateurs des calebasses, elles aussi d’inégales grandeurs, rangées sous le support, proportionnellement aux dimensions des planchettes. Les calebasses sont perforées et garnies de membranes d’oothèques d’araignées pour donner de la vibration au son. L’accord du « Ncegele » est réglé sur une division de l’octave en cinq intervalles égaux.

Les sons s’obtiennent en frappant les planchettes avec des baguettes de bois renflées aux extrémités par un du caoutchouc. Joué en solo ou en ensemble instrumental, le discours musical se fonde sur une offre de multiples mélodies rythmées. Le « Ncegele » anime les fêtes, accompagne des prières dans des paroisses et dans les bois sacrés, stimule l’ardeur au travail, ponctue la musique funéraire et soutient l’enseignement des systèmes de valeurs, des traditions, des croyances, du droit coutumier, des règles d’éthique régissant la société et l’individu dans les actes quotidiens. L’inscription de la société secrète des Kôrêdugaw et des pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés sénoufo du Mali et du Burkina Faso » porte à six le nombre d’éléments du patrimoine culturel immatériel du Mali sur les Listes du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Déjà en 2008, c’était l’espace culturel « Yaaral Degal » qui avait été classé sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En 2009 « Le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké » avait été à son tour classé sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. La Charte du Mandén, proclamée à Kouroukan Fouga et la réfection septennale du toit du Kabablon, case sacrée de Kangaba figurent également sur la liste.

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