Crise sécuritaire et biennale artistique et culturelle de Mopti : La célébration de la diversité culturelle ne consolide-t-elle pas la paix ?

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Si, malgré son caractère d’épicentre de la crise sécuritaire aggravée que traverse le pays, la région de Mopti a pu organiser avec succès la biennale artistique et culturelle du Mali, cette année 2023, il faut en tirer le chapeau aux autorités de la Transition en cours.

En réussissant à organiser la biennale artistique et culturelle à Mopti, avec une participation effective de dizaines de troupes et des invités de pays amis, les autorités de la Transition ont gagné le pari de la reprise et du retour progressif à la normalité sociopolitique. Laquelle normalité devrait être scellée bientôt par des élections générales au premier trimestre 2024.

La biennale artistique et culturelle du Mali s’est ouverte le jeudi dernier, à Mopti et devrait se poursuivre jusqu’au 16 juillet prochain. Cet événement culturel d’envergure nationale se tient dans le contexte de crise multidimensionnelle, dont l’épicentre du volet sécuritaire est justement la région de Mopti.

Faut-il rappeler que la dernière édition de la biennale s’est tenue à Sikasso, du 20 au 29 décembre 2010, avant la survenance de la grave crise multidimensionnelle en 2012 ?

Il faut préciser que le thème choisi pour cette édition Mopti 2023 est « Le Mali : une Histoire commune, une seule Nation, un même Destin ». Et la rencontre a permis aux différents acteurs du monde culturel d’échanger autour des notions de diversités culturelles, facteurs de paix et de consolidation du vivre-ensemble, dans un contexte de déchirement récent du tissu social national. Ce qui a fait dire à divers observateurs que le Mali doit puiser dans ses us et coutumes, les vertus du dialogue et de la concertation pour régler ses différends. « Où sont les indices des conflits communautaires quand on voyait dogons et bambaras,  dogons et peuls et sénoufo danser côte à côte, discutant fièrement des richesses du riche terroir national ? », s’était interrogé un diplomate.

Il faut signaler que la cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence des gouverneurs de 19 régions du Mali, des membres du gouvernement, des diplomates accrédités, sous la présidence du Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, représenté par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga. Et la cérémonie inaugurale a également enregistré la présence de Jean Emmanuel Ouédraogo, le ministre burkinabé de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, porte-parole du gouvernement en tant que pays invité d’honneur.

Durant 10 jours, des compétitions officielles sont prévues telles que l’ensemble instrumental traditionnel, le solo de chant, la pièce de théâtre, la musique d’orchestre, la danse traditionnelle et le chœur. Le ministre de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo a déclaré devant les participants venus pour la circonstance que «l’organisation de cette biennale à Mopti montre que notre pays, le Mali, pays des hommes d’honneur, est résilient et reste debout malgré toutes les adversités ». Alors que le Premier ministre soulignait que «la biennale est donc une œuvre nationale, un appel au sursaut patriotique, un espace de communion de solidarité et une résistance culturelle et un refus clair de l’obscurantisme. La biennale c’est culturelle c’est 10 jours de métissage, de liens, de brassage. Des idées et des rencontres des esprits ». Avant d’ajouter : « La Biennale est l’affaire de la nation tout entière et elle apparait comme un espace privilégié d’éducation de la jeunesse, de manifestations, de solidarité et de moyens de consolider l’unité nationale. D’un point de vue pédagogique, la biennale est comme une école de formation artistique et culturelle ».

En clair, cette rencontre majeure est un ingrédient pour consolider la paix et la réconciliation entre les Maliens esprits. Surtout que cet événement est un message pour les forces obscurantistes qu’un peuple soudé dans sa diversité culturelle ne peut être soumis à aucun diktat. Sans oublier que la tenue de cet événement est le signe de l’amélioration  substantielle du climat sécuritaire dans cette zone longtemps infectée par les forces extrémistes rétrogrades.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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