Biennale artistique et culturelle du Mali-Mopti 2O23 : Une première journée fort bien agrémentée

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Les salles de spectacle Sory Bamba et de l’Alliance franco-malienne de Mopti ont servi de cadre aux présentations des troupes de Bamako, Mopti, Sikasso, Ménaka et Bandiagara dans les différentes disciplines de la compétition. C’était le 7 juillet 2023, au lendemain de l’ouverture officielle. Une première journée riche en couleurs.

«Le Mali : une histoire commune, une seule nation, un même destin», thème de l’édition 2023, était au cœur d’une conférence-débats au Gouvernorat de Mopti en prélude à la présentation des premières affiches de la journée. Les présentateurs étaient les anciens ministres Diadié Yacouba Dagnoko et Adama Samassékou. La police des débats était assurée par Morifing Cissé, Conseiller spécial du président de la Transition.

Entrée en compétition des troupes

En présence du ministre en charge de la culture et de son homologue du Burkina Faso, les premières prestations de la journée ont eu lieu dans la salle de spectacles de l’Alliance franco-malienne avec les troupes Bamassaba de Bamako et Kanaga de Mopti dans la discipline ‘’Orchestre moderne’’. Les deux troupes se sont évertuées à convaincre les neuf sages du jury avec des mélodies tirées du riche répertoire de la culture malienne, notamment bwa, sénoufou, peulh, bozo, malinké, sonraï. Mais aussi en abordant des thèmes d‘actualité comme le coronavirus, l’assainissement, la place de la femme dans la société, la bonne gouvernance.

Ensuite, les troupes des régions de Sikasso, Ménaka et Bandiagara ont fait leur entrée en compétition dans la salle de spectacles Sory Bamba, du nom d’une icône qui a marqué la musique malienne du sceau indélébile de son talent. Mais cette fois-ci avec d’autres disciplines, à savoir : la pièce de théâtre, l’ensemble instrumental traditionnel, le Ballet à thème, la danse traditionnelle, le solo de chant et le chœur. Au cours de leurs passages, elles ont abordé des thèmes traitant la réalité sociale du Mali : la réalité socioculturelle et religieuse, la crise multidimensionnelle, la réconciliation, la paix, la corruption, etc. Ce n’est pas tout, la beauté de ces premières affiches, c’était surtout ce savant dosage entre d’instruments de musique traditionnels et modernes par les troupes arborant des tenues du terroir.

Les spectateurs ont en outre eu l’occasion d’assister à la prestation de la troupe du Burkina Faso et la remise d’un trophée au ministre en charge de la Culture de ce pays voisin et ami, invité d’honneur de la présente édition. Les compétitions se poursuivent jusqu’au 15 juillet avec les prestations des régions et beaucoup de panels sur les enjeux de la culture dans la consolidation de la paix.

Boubacar  Idriss Diarra

 

Biennale artistique et culturelle- Mopti 2023 : …….Ils ont dit……….

Notre envoyé spécial a recueilli des avis sur l’organisation de cette édition de la Biennale artistique et culturelle dans la Venise malienne.

Souleymane Dembélé, encadreur de la troupe de Bamako dans les  disciplines des arts lyriques

« L’innovation est le nombre de participants par rapport  aux éditions passées».

Souleymane Dembélé, chef orchestre de Bamako

Je suis l’encadreur de la troupe du District de Bamako dans les disciplines des arts lyriques. Il s’agit du chœur, du solo et de l’ensemble instrumental. L’organisation n’est pas à cent pour cent dans nos dortoirs ici. Mais c’est tolérable et compréhensible parce que la fête a eu lieu dans la précipitation cette année. En plus, le nombre de participants est passé de 9 à 19 régions, plus le District de Bamako. Cette relance de la biennale aura un impact sur la sécurité et  l’interconnexion des peuples. Pour preuve, ici au sein du lycée public Amadou Toumani Touré, nous sommes dans le bloc avec Ménaka. Nous partageons tout ensemble. Le chef du village de Mopti nous a même offert un bœuf à partager entre nos deux délégations. Je suis un habitué de la Biennale. L’innovation apportée cette année est le nombre de participants par rapport  aux éditions passées, sinon les disciplines sont les mêmes.

Monzon Traoré, Directeur régional de la culture de Dioïla :

«Cette biennale a été un peu spécifique par rapport aux précédentes éditions»

Ma région Dioïla en est sa première participation. Donc la mobilisation pour animer la troupe n’a pas été facile. Car, cette biennale a été un peu spécifique par rapport aux précédentes éditions. Autrefois, il y avait d’abord les semaines locales qui nous permettaient de rassembler les meilleurs talents pour faire représenter la région. Mais cette fois-ci, ça n’a pas été le cas à cause du temps imparti. Ici, je remercie les acteurs culturels et aussi les autorités politique et administrative de ma région pour leur forte mobilisation. Du point de vue de l’organisation, je dirais que ça va dans l’ensemble. Les autorités locales de la région nous ont bien accueillis et continuent de nous assister. J’ai beaucoup apprécié l’initiative de la reprise de la biennale par nos plus hautes autorités. Elle est avant tout un facteur de renforcement de la cohésion sociale et de brassage culturel. En plus, elle  permet aux enfants de connaître et afficher leur identité culturelle.

Idrissa Bella Cissé, 3ème adjoint au maire de la Commune urbaine de Mopti

« Mopti est actuellement la capitale culturelle du Mali »

Toutes les régions sont chez nous aujourd’hui. Cela signifie que Mopti est actuellement la capitale culturelle du Mali. Malgré le contexte sécuritaire difficile du pays, les gens ont effectué le déplacement pour participer à la fête. L’ambiance et la sécurité sont partout dans la ville. Vraiment, il me manque de mot pour vous dire comment je suis heureux de recevoir tout ce beau monde aujourd’hui à Mopti. Pour l’organisation, ça reste toujours un travail humain. Donc, il peut y avoir des dysfonctionnements. Mais, tel n’est pas notre souhait. A l’instant, on peut dire ça va d’abord, surtout côté sécurité grâce aux Famas. Permettez-moi de remercier le Président Assimi Goïta et son gouvernement d’avoir choisi la ville de Mopti pour abriter cette cérémonie. Nous espérons que les membres de jury nommeront les meilleurs dans les différentes disciplines et que cela soit Mopti. Donc, j’invite ma troupe à être à la hauteur tout au long de la compétition.

Rabah, Directeur de la troupe de Ménaka : «C’est le seul regroupement des jeunes au Mali»

Ménaka est à sa deuxième participation en tant que région. On est devenu région en 2016. Donc, en 2017, nous avons pris part à la biennale spéciale de Bamako. On est au nombre de 80 personnes. Nous sommes venus par avion pour raison de sécurité tout comme les autres troupes du nord. Les autorités ont mis à la disposition des régions du nord les avions. Le regroupement se faisait à partir de Gao et l’avion se débrouillait à amener les gens par groupes.

La reprise de la biennale est une bonne chose car c’est le seul regroupement des jeunes au Mali. Je crois que c’est important surtout dans le contexte actuel d’insécurité. Je trouve quand-même que les gens participent peu aux activités. Certainement, ils ont peur. C’est normal aussi. Imaginez-vous, le jour même de l’ouverture, il y a eu attaque à Sofara tout près. Mais avec tout ça les Maliens ont accepté pour se retrouver ici. Cela est déjà une preuve de leur patriotisme. Vraiment, nous remercions notre Diatigui, le chef de village de Mopti qui a mis à notre disposition tout ce  dont on a besoin.

Moussa Guindo, chef de la troupe de Mopti :

«En tant que région d’accueil, on ose  espérer faire une très belle compétition »

La biennale à l’heure actuelle est un vecteur de cohésion sociale entre les régions. Dans l’internat ici, nous sommes avec la troupe de Kidal. Donc, c’est vraiment un réel plaisir de partager avec cette délégation de Kidal. Et nous le faisons déjà depuis leur arrivée. En tant que région d’accueil, on ose espérer faire une très belle compétition en vue d’avoir une bonne organisation et un bon résultat. Car, on a ces deux défis à relever dans cette édition Mopti 2023.

Hamidou Fofana, promoteur des hôtels Lafia de Sévaré et président de la Coordination des professionnels du tourisme de Mopti

«En tant que fils de Mopti, nous accompagnons la fête de notre mieux»

La réussite de cette biennale serait un début de la reprise des activités touristiques dans la région. C’est ça le grand côté positif de cette activité culturelle. Parce qu’il y a beaucoup de grandes firmes, des touristes qui veulent visiter la région. Donc, cette édition va les rassurer que le retour de la paix dans la région est réel. Du côté organisationnel, nous les hôteliers, on est déçu. Car, on n’a pas été associé à l’organisation. C’est ce qui fait défaut aujourd’hui tant dans l’hébergement et la restauration. En tant que fils de Mopti, nous accompagnons la fête de notre mieux. Pour preuve, on a même renoncé  5% de nos frais d’hébergement et de restauration. En plus de cela, on continue d’accepter les gens sans recevoir le moindre centime de nos communs d’accord avec les autorités jusqu’à présent.

Propos recueillis par Boubacar

 Idriss Diarra, depuis Mopti

 

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Et, voici la Plateforme Fuga : Le nouvel outil de cartographie culturelle du Mali

En marge de la biennale artistique et culturelle, la Direction nationale de l’action culturelle et le projet GIZ ‘’Donko ni Maya’’ en collaboration avec le ministère de la Culture, de l’Artisanat, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme ont procédé, le samedi 8 juillet 2023, dans la salle de conférence du gouvernorat de Mopti, au lancement officiel de la plateforme Fuga. 

La plateforme digitale ‘’Fuga’’ est un outil permettant de géolocaliser et de cartographier les évènements culturels à travers le Mali. A cet effet, elle comporte un agenda culturel avec des informations précises sur les activités culturelles et artistiques, des données sur les établissements, les équipements culturels et les sites patrimoniaux et touristiques du pays. C’est donc une plateforme riche de par son contenu.

Selon Alamouta Dagnoko, Directeur national de l’action culturelle, cette initiative est le fruit d’un travail acharné et d’une collaboration fructueuse entre le ministère de la Culture, de l’Artisanat, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, la Direction nationale de l’action culturelle et le projet GIZ ‘’Donko ni Maya’’. A l’en croire, cette plateforme est plus qu’un outil simple de cartographie culturelle. «Elle aspire à devenir la vitrine du secteur culturel malien en informant tant le public national qu’international sur le calendrier des évènements artistiques et culturels…. De plus, elle offre un espace privilégié pour la mise en valeur des acteurs culturels, des métiers liés à la culture et des sites d’hébergement et de restauration présents sur notre territoire national. Outre ces fonctionnalités, la plateforme Fuga constitue également une précieuse ressource pour la conservation et la mise à disposition des textes législatifs et règlementaires régissant le secteur de la culture au Mali», a-t-il précisé.

Ce qui a fait dire à Yamoussa Fané, chef du cabinet dudit ministère, que la plateforme Fuga représente pour les acteurs culturels de notre pays un outil révolutionnaire de valorisation et de collaboration. Au nom des autorités, il a félicité et remercié la coopération allemande au Mali à travers la directrice du projet ‘’Donko ni maya’’ pour sa précieuse collaboration qui a permis la concrétisation de la plateforme Fuga, démontrant ainsi le pouvoir de la synergie du secteur public et ceux de la société civile. «Je vous encourage à saisir cette opportunité, à l’explorer et l’enrichir de vos créations uniques et à collaborer avec vos pairs. Faisons de la plateforme Fuga un véritable carrefour de l’innovation culturelle, un espace où les talents s’épanouissent et les idées se transforment en action concrètes ».

Absente à la cérémonie, Magali Moussa, Directrice du projet ‘’Donko ni maya’’ a fait passer ses mots de remerciement à travers les écrans de la salle de conférence avant d’inviter l’assistance à faire bon usage de la plateforme Fuga.

Le lancement a pris fin par une séance d’inscription sur la plateforme des acteurs du monde de la culture présents à la cérémonie.

Boubacar Idriss Diarra, depuis Mopti

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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