Le ministre de la Culture El Moctar a procédé, depuis le stade Babemba Traoré de Sikasso, au lancement de la Biennale 2010 que la capitale du Kénédougou s’apprête à abriter. C’était du vendredi 8 au samedi 9 octobre, dans une effervescence populaire. Cependant un constat demeure : les organisateurs, qui s’attendent à plus de 400 millions FCFA, ne sont même pas arrivés à mobiliser la moitié de cette somme.
C’est parti pour les festivités marquant la Biennale artistique et culturelle que la capitale du Kénédougou doit abriter du 19 au 29 décembre 2010.
Au cours du weekend dernier, c’est une série d’activités à laquelle les populations de la localité ont eu droit. Une façon de tester la capacité de mobilisation de la population de Sikasso. L’événement a réuni autour du ministre de la Culture, l’ensemble des directeurs régionaux de jeunesse et des sports. C’est avec un grand intérêt qu’ils ont pu suivre la course cycliste déterminant l’ordre de passage des troupes lors de la phase finale de la biennale. Une petite explication s’impose à ce niveau.
La Biennale est un événement culturel dont l’enjeu est énorme, parce qu’elle oppose les différentes troupes régionales dans une grande compétition. Ces troupes s’inspirant les unes des autres, chacune espère corriger ses erreurs au fur et à mesure de la compétition. Il s’en suit qu’aucune d’elle ne veut étaler ses prestations en première position, au risque de se planter d’entrée de jeu. C’est pourquoi, il a été décidé de les départager à travers une activité prisée de la ville hôte, notamment la course cycliste.
En effet, ladite course cycliste, qui s’est déroulée le vendredi dernier, rentrait dans ce cadre. Elle a concerné une vingtaine de cyclistes sur une distance de 42 km. C’est au terme de cette course que l’ordre de passage des troupes a été déterminé. La région de Koulikoro aura la lourde responsabilité d’ouvrir le bal. Elle sera suivie respectivement de Kayes, Sikasso, Kidal, Tombouctou, Gao, Ségou, Mopti et Bamako.
De la place de l’indépendance au quartier de Sanoubougou où s’était déroulée la course cycliste, les officiels se sont transportés au gouvernorat de la région pour une conférence-débats sur les préparatifs de la Biennale et la capacité du Kénédougou à pouvoir organiser l’événement, à seulement quelques semaines de la date-butoir. Quatre intervenants pour animer cette conférence. Il s’agissait, tout d’abord, du gouverneur Mamadou Issa Tapo, du maire Mamadou Tangara, du président de l’assemblée régionale de Sikasso et d’un représentant de la société civile. Une conférence qui a fait étalage des soucis financiers auxquels les organisateurs sont confrontés. Le gouverneur Mamadou Issa Tapo a indiqué qu’il faut à la région plus de 400 millions de FCFA pour rehausser le niveau de son organisation. La Commission d’organisation n’a pas plus de deux cent millions de nos francs dans sa caisse. Le hic est que les collectivités locales n’ont pas été en mesure de mobiliser assez de fonds. Elles n’ont pas obtenu plus de 2 à 3 millions de FCFA. Une situation qui a poussé le gouverneur de la région à sortir de son silence, pour exhorter davantage les populations de Sikasso, les ressortissants, à contribuer financièrement à l’effort de la Biennale.
Bien avant, les élèves de Sikasso ont posé un acte citoyen de très grande portée historique, en prenant l’initiative de contribuer à l’organisation de l’événement. Ils ont cotisé jusqu’à hauteur de 11 millions FCFA. En plus, le concert du samedi 9 octobre, au stade Babemba Traoré, a vite pris l’allure d’un téléthon. Des mécènes ont mis la main à la poche. Entre 26 et 30 millions FCFA ont été collectés sur place. Le premier à se signaler fut le PDG du groupe Airness, notre compatriote Malamine Koné. Il a remis 10 millions de FCFA à la Commission d’organisation. Une somme qui a été remise par son représentant, en la personne d’Adama Diarra, du Fonds de solidarité nationale. S’y ajoutent des donations venant des particuliers.
Pourtant, ce souci financier ne semble pas affecter la volonté du gouverneur de la région. Mamadou Issa Tapo dira que Sikasso sera à la hauteur des attentes placées en elle. L’optimisme du gouverneur est également partagé par l’artiste Abdoulaye Diabaté, qui dans une mélodie, touchera l’orgueil des ressortissants de Sikasso, inviter à se surpasser pour relever le défi de l’organisation.
Envoyé spécial à Sikasso
Abdoulaye DIARRA
Les coulisses
La pluie, l’invité surprise
Il est connu de tous que pour toute activité devant se tenir à Sikasso pendant l’hivernage, les organisateurs doivent compter avec la pluie. Malheureusement, ce ne fut pas le cas lors du lancement de la Biennale le weekend dernier à Sikasso. Pour cause, la conférence-débats prévue dans la cour du gouvernorat, en plein air, pour 18 heures, fut retardée jusqu’au delà de 19 heures pour raison de pluie.
Et ce fut un remue-ménage pour les organisateurs qui avaient déployé le materiel dans la cour. Un homme averti en vaut deux, a-t-on coutume de dire. Malheureusement, les organisateurs n’ont pas su tirer beaucoup d’enseignements de cette situation. Lors du concert au stade Babemba Traoré, la fête a failli être gâchée faute de matériels, parce que ceux existants avaient été mouillés par l’eau de pluie. Les organisateurs étaient obligés d’en louer d’autres pour sauver la soirée.
Mamadou Issa Tapo : " Ce sont des détracteurs qui soutiennent qu’on ne sent pas la Biennale à Sikasso"
La preuve que tout Sikasso ne se mobilise pas pour la Biennale. Au moment où certains abattent un énorme sacrifice, d’autres par contre cherchent à exploiter la moindre défaillance pour critiquer. A en croire le gouverneur de région, tout Sikasso vit au rythme de la Biennale. Il n’y a que des détracteurs pour dire le contraire.
Master Soumi, Iba One et Djénéba Kouyaté enflamment le stade
Les jeunes rappeurs les plus en vue du hip hop malien, Master Soumi et Iba One, ont respectivement tenu en haleine le public en majorité composé de jeunes, pendant un bon bout de temps.
Le public n’avait d’yeux que pour eux et c’est d’ailleurs par crainte d’un débordement de la foule que les organisateurs ont délocalisé le concert de la salle Lamissa Bengaly au stade Babemba. La révélation de Toukagouna, Djénéba Kouyaté, avec une voix bien soutenue, a amené le public à esquisser des pas de danse khassonké.
Abdoulaye Diabaté a fait parler l’expérience
Pour ne pas se retrouver devant des gradins vides aussitôt après le passage des jeunes artistes car le public de ce soir pour la plupart jeune était acquis aux rappeurs, Abdoulaye Diabaté a fait monter sur scène ces jeunes artistes et leur a demandé, à tour de rôle, de composer un pamphlet sous des rythmiques jouées par son orchestre. Pour un coup d’essai, ils ont réussi un coup de maitre. Le tout dans l’apothéose.