Bamako : Trop de cinquantenaire pour une piètre prestation

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La compétition dans le cadre de la biennale 2010 à Sikasso a démarré le 20 décembre 2010, sur la pelouse du stade Babemba Traoré de Sikasso avec la prestation de Bamako. La troupe de Bamako, d’habitude très crainte, a été suffisamment moyenne pour impressionner les troupes régionales. Est-ce parce qu’elle a été la première à ouvrir le bal ? Ou bien, elle a été prise dans le piège du cinquantenaire : la quasi-totalité de ses œuvres tournant autour du cinquantenaire ?

Tous les habitués de la biennale qui ont toujours apprécié la puissance artistique et de créativité de la troupe de Bamako, le 20 décembre 2010, sont sortis du Stade Babemba un peu déçus, mais, avec la conviction que Bamako pouvait et devait mieux faire. A part la pièce de théâtre, la prestation de l’orchestre et dans une moindre mesure le ballet, Bamako a pratiquement été très moyen dans les autres disciplines. C’est devant un public relativement acceptable en nombre que la troupe de Bamako a entamé sa prestation avec le jeu de son orchestre. Et toute porte à croire que l’orchestre de Bamako aurait pu mieux faire, si elle n’avait pas été handicapée, par une coupure d’électricité à l’heure de la balance. Mais qu’à cela ne tienne, elle a eu une prestation honorable. Que ce soit du point de vue du costume, du chant et du rythme, l’orchestre de Bamako a puisé dans le terroir Bobo. Son premier morceau dédié au cinquantenaire de l’indépendance du Mali, chanté en Bobo, est une invitation des Maliens à célébrer le cinquantenaire dans l’union, la convivialité et la cordialité.

Le deuxième morceau qui prône l’union est un cri d’appel à tous les Maliens, face à l’importance de l’unité nationale. Chanté en bamana, ce morceau est une belle orchestration du « bara » de Ségou. L’utilisation des instruments à vent est une grande innovation qui va sûrement placer l’orchestre de Bamako parmi les meilleurs de cette année. La prestation de l’ensemble instrumental est une fusion entre l’air culturel Bobo et Bamana, même si certains instruments utilisés comme le « Kamélégoni » est originaire du Wassoulou, donc de la région de Sikasso. L’ensemble instrumental de Bamako a eu la lourde charge de trouver le bon accord entre des instruments – les balafons – qui parlaient le bobo et le chant de douze jeunes filles en bambara.

Composé de deux balafonistes, d’un flutiste, d’un djeligonifola, d’un Kamélégoni fola, de deux joueurs de tamani, d’un joueur de tam-tam, de douze chanteuses et d’un joueur de yabara, il a souhaité que la fête du cinquantenaire soit un motif à plus d’entente et de paix, afin de promouvoir l’unité nationale, indispensable pour continuer les efforts menés dans les domaines comme la santé, l’éducation, les infrastructures routières, les logements sociaux, l’économie et la bonne gouvernance. Le solo de chant intitulé « l’inquiétude », a été exécuté par une jeune chanteuse accompagnée d’un flutiste et d’un joueur de djeli goni. La soliste expose les maux qui rongent la société malienne.

« Levons nous pour notre pays, car mieux vaut la mort que la honte.. ». Tel est le refrain repris en chœur par les exécutants du chœur de Bamako. Sous le titre « Bôrô ta », la danse traditionnelle de Bamako était du « tchèblétché ». Elle retrace une cérémonie traditionnelle en milieu bamanan du Bélédougou, au cours de laquelle des jeunes vont recevoir le « Bôrô » pour succéder à leurs aînés. En relation avec le cinquantenaire, le ballet à thème de Bamako retrace les cinquante ans de la vie politique du Mali, de la proclamation de l’indépendance jusqu’à l’avènement de la démocratie. Mais, la pièce de théâtre intitulée « Les naufragés » a été une grande réussite. Cela ne pouvait en être autrement quand on sait que Bamako a fait appel aux services d’un maître en la matière : Ousmane Sow.

« Les naufragés » n’est rien d’autre que la critique de l’école malienne d’aujourd’hui. Les élèves, les parents, les enseignants et surtout l’Etat, chacun a pour son compte dans cette pièce qui respecte le principe de l’unicité de temps et de lieu. Il faut rappeler qu’elle a été jouée en seul acte.

Assane Koné

Envoyé Spécial

 

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