L’histoire retiendra que c’est la Sénégalaise Mariama N’Doye qui a été la première à remporter le «Grand Prix» de l’épouse du chef de l’Etat de cette manifestation dont la 3ème édition est prévue pour mars 2017. Le «Grand Prix» de la Première Dame de la Biennale des lettres de Bamako est revenu à l’écrivaine sénégalaise Mariama N’Doye pour son roman «L’arbre s’est penché». Elle a reçu une attestation et une enveloppe financière de 5 millions de Fcfa.
La seconde marche du podium est occupée par la Malienne Fatoumata Kéïta pour son roman «Sous fer». Ce qui lui a valu une attestation et 3 millions de Fcfa. Le 3ème Prix, d’une valeur de 2 millions de Fcfa, a été décerné à la Guinéenne Koumanthio Zeïnab Diallo (absente) pour son œuvre «Les fous du 7ème siècle». Le «Grand Prix» du président de la République, devant récompenser un écrivain en herbe, n’a pas été attribué parce qu’aucune des œuvres présentées ne remplissait les critères littéraires d’une nouvelle, le genre retenu. À la place, le jury a recommandé l’organisation d’un atelier d’écriture pour les jeunes qui ont postulé à ce prix afin de pouvoir éditer un recueil de nouvelles pour la prochaine édition de la Biennale.
La cérémonie de remise avait commencé par un sketch des étudiants de la Faculté des Lettres intitulé «La famille Coulibaly». Il s’agit des velléités de division d’une famille polygamique après le décès du père. Les comédiens en herbe ont démontré un talent prometteur et surtout envoyé des messages forts au peuple malien. «Les cœurs et les esprits doivent se réconcilier maintenant… Rien ne vaut la paix, donnons-nous la main…Tant que nous sommes unis, rien n’est perdu», ont-ils recommandé sous les ovations de l’assistance qui adhérait à cet appel pour l’unité de la Nation.
De Saint-Louis à Bamako, une longue quête de reconnaissance
Pour le président du Jury, Pr. Issaka Singaré, la reconnaissance de l’écriture féminine a été une longue quête qui a commencé à Saint-Louis au Sénégal. En effet, il a fallu attendre les années 80 pour qu’elle se fasse une place dans le monde littéraire avec la génération des Mariama Bâ et Sow Aminata Fall. Le combat et surtout le talent des pionnières comme Annette MBaye d’Erneville, la première poétesse africaine et d’Aoua Kéïta a été longtemps occulté. Lauréate du «Grand Prix» d’Afrique noire en 1976 pour son autobiographie, «La vie d’Aoua Kéïta» est racontée par elle-même» (Présence africaine, Paris, 1975). Aoua Kéïta était une sage-femme, militante et femme politique née en 1912 à Bamako (alors au Soudan français) et décédée le 7 mai 1980. Elle fut «une figure de l’indépendantisme, du syndicalisme et du féminisme au Mali». Donc, pour le Professeur Singaré, cette Biennale des lettres de Bamako vise à magnifier cette quête en mettant en exergue l’importance de l’écriture féminine.
Le président du jury et non moins président de l’Association des professeurs de français d’Afrique n’a pas manqué de rendre un «hommage appuyé» à la Première Dame du Mali. «Nous traversons une époque où les mécènes se font rares, en dehors du commerce», a-t-il rappelé. «Nous devons donc attention et reconnaissance à celle qui ne cesse d’œuvrer pour que la production littéraire s’épanouisse», a-t-il exhorté, en évoquant l’accompagnement de Mme Kéïta Aminata Maïga.
Intervenant au nom des invités de la Biennale, la Sénégalaise Andrée Marie N’Diaye a aussi manifesté sa reconnaissance à Mme Kéïta et remercié les organisateurs qui, selon elle, sont en train de réussir à relever un défi immense : faire de Bamako la capitale de l’écriture féminine francophone en Afrique de l’Ouest. Elle a encouragé ses consœurs maliennes à s’investir davantage dans l’écriture ; à échanger avec les écrivaines d’autres horizons afin de se perfectionner et faire connaître leur travail en dehors du Mali.
Rappelant que l’éducation est sa priorité, la marraine de la Biennale des lettres de Bamako, la Première Dame Kéïta Aminata Maïga, a encouragé ses sœurs maliennes et étrangères écrivaines à s’investir davantage dans l’écriture afin de rehausser l’image de la femme africaine.
La 3ème édition de la Biennale des lettres de Bamako est annoncée pour 2017. Et dans ses recommandations, le jury a souhaité que l’appel à candidature pour les deux prix se fasse au moins 6 mois à l’avance. Il a également souhaité la constitution d’un jury international mixte (hommes et femmes). Des recommandations ont été faites aussi par la Commission d’organisation, présidée par Mamadou Dia, dans le Mémorandum qui a sanctionné cette seconde édition.
À noter que cette Biennale est une initiative de l’Association des écrivaines du Mali, en partenariat avec l’Université des Lettres, des Langues et des Sciences humaines de Bamako.
Moussa BOLLY
Un tremplin d’échanges fructueux avec la jeune génération
Outre les participants maliens, cette 3ème édition de la Biennale des lettres de Bamako a enregistré la participation des hommes et des femmes de culture et des arts venus du Burkina-Faso et du Sénégal. La rencontre a été marquée par des table-rondes et des conférence-débats sur des œuvres des femmes de lettres et sur les thèmes relatifs à l’écriture, au rôle de l’écrivaine dans un contexte de guerre, la crise de l’écriture, l’édition, la littérature dans les Universités…
Le programme faisait également place à des témoignages sur la vie universitaire, des déclamations poétiques, les animations théâtrales… Les écrivaines ont pris beaucoup de plaisir à aller à la rencontre des élèves des lycées Notre Dame du Niger, Massa Makan Diabaté, Kankou Moussa ainsi que des étudiants de l’Ecole Normale Supérieure. Les débats ont été essentiellement animés par les écrivaines maliennes et sénégalaises comme Aminata Dramane Traoré, Traoré Hanane Kéïta, Niaré Fatoumata Kéïta, Habi Bamba, Habibata Thienta, Andrée Marie N’Diaye et Mariama N’Doye.
Cette initiative a été saluée par les grands professionnels du monde des lettres comme Pr. Mamadou Bani Diallo, critique littéraire et conseiller technique au ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Pour cette éminence grise, «l’écriture permet aux Africaines d’exercer pleinement leur droit à la créativité et à l’innovation ; de réfléchir au développement et de construire la société ; de faire passer leur propre sensibilité et vécu profond».
Ainsi, précise-t-il, la création littéraire apparaît comme «un acte décisif qui contribue à l’épanouissement de la personnalité des écrivaines en leur offrant un outil d’expression d’une très grande subtilité». À l’ouverture de la Biennale, le 9 mars 2015, le ministre Mountaga Tall de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a présenté le forum comme «un espace de confrontation d’idées, de diffusion des connaissances et d’émancipation académique», avant d’assurer la Biennale de l’appui institutionnel de son Département.
Moussa BOLLY