Bakoroba Diabaté, grand parolier de l’ensemble instrumental en 1978 : ''L'ensemble instrumental national du Mali a été une bonne école pour moi ''

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De son vrai nom, Kardjigué Diabaté,  il est issu d’une grande famille de griots de Ségou qui est venue par la suite s’installer dans la région de Koulikoro, plus précisément à Tafala. Mais notre artiste est né  dans le village  de Kayo, au nord est de Koulikoro. Très peu de gens savent que le vrai nom de Bakoroba Diabaté est Kardjigué. Il est en fait l’homonyme de son grand-père maternel. C’est pourquoi tout le monde l’appelle Bakoroba et c’est devenu son nom d’artiste.


 

Présentement, Bakoroba vit à Bamako, plus précisément à Sangarebougou. Mais il est très fréquent à Boulkassoumbougou. Très connu au Mali, il n’est plus à présenter pour avoir été  l’un des plus jeunes artistes de l’Ensemble instrumental du Mali, dans les années 1980. Il a eu la chance de travailler  avec des doyens de l’Ensemble instrumental comme Batourou Sékou Kouyaté, Sidiki Diabaté, Moungatafé Sacko, Djeli Mady Sissoko, Mody Tounkara, Ba Tounkara, Djeli Mady N°1 qui joue du balafon.

Bakoroba, est le 6ème fils de son père. A la différence de leur géniteur, les frères Diabaté ont tous été des artistes. leur père n’a pas chanté, encore moins joué un instrument de musique. Il fait les démarches des mariages, rapprochements des familles et conciliations entre les gens. Bakoroba, le benjamin de la famille et ses frères, chantent, jouent des instruments de musique et connaissent bien l’histoire de notre pays. C’est pourquoi, ils sont tous des paroliers.  D’après notre artiste, il a intégré l’Ensemble instrumental national, grâce à Mody Tounkara, qui joue le grand n’goni dans l’épopée Bamanan, que l’ensemble instrumental a monté dans les années 70.

En effet, dans la famille de Bakoroba, on n’a jamais abandonné les champs parce qu’ils sont griots: "Nous sommes griots, mais à chaque hivernage, on mettait nos n’goni de côté, et on cultivait la terre. Ce n’est pas parce qu’on n’est griot qu’on ne doit pas cultiver. Dans notre village, aucune famille noble ne pouvait nous damer le pion pendant la saison des pluies. Même pour participer aux mariages et baptêmes dans le village, pendant la saison des pluies, il faut passer par notre père, pour qu’il puisse mettre à disposition un d’entre nous. Sinon on ne quittait pas le champ, pour faire le griotisme ". C’est dire que l’artiste a toujours privilégié le travail, mais tout en restant griot. C’est ainsi qu’il est parti à l’aventure en Côté d’Ivoire. Il est bien vrai qu’il y travaillait comme les jeunes de son âge, mais les samedis, Bakoroba avec son n’goni faisait de l’animation pour les maliens qui étaient à Daloa. C’est ainsi qu’il a fait la connaissance de Sékou Mabo, un autre Malien qui était très connu à Daloa à l’époque. Avec Sékou Mabo, ils ont animé des soirées en Côté d’Ivoire, avant de rentrer au pays.

Arrivés à Bamako, ils sont descendus à Bagadadji. Bakoroba a été approché par des jeunes de son village, qui lui ont demandé de faire une cassette de contes. C’est en écoutant cette cassette que Mady Tounkara est tombé sous le charme artistique du jeune Diabaté. Mody Tounkara lui a proposé ainsi de venir travailler à l’Ensemble instrumental. Dans un premier temps il n’a pas voulu. C’est après qu’ils sont partis le chercher dans son village pour le ramener à Bamako, en 1978. C‘est comme ça que Bakoroba est venu dans l’Ensemble instrumental national du Mali.

Il a trouvé que l’Ensemble instrumental a fini de monter ”Da Monzon”. Cela trouve aussi que Salia Sanogo avait posé sa voix, mais comme ce dernier était au niveau du ballet national, il a été remplacé par Bakoroba. C’est ainsi que lors de l’ouverture officielle de la télévision nationale, le 22 septembre 1983, l‘Ensemble instrumental a joué l’épopée mandingue avec Djeli Mady Sissoko N°2, Da Monzon avec les paroles de Bakororoba Diabaté. A l’époque, c’est feu Harouna Barry qui était le directeur de l’Ensemble instrumental. " Quand je venais, il y avait les ténors, Fanta Damba Koroba, Djeli Mady Sissoko, Batrou Sékou, Sidiki Diabaté, N’Fa Diabaté, Moungatafé Sacko. Ils étaient nombreux, je ne peux pas citer tout le monde, mais j’étais le plus jeune parmi eux. J’ai beaucoup appris avec ces vieux, certains vivent encore, mais la plupart sont décédés ".

Bakoroba, a quitté l’Ensemble instrumental pour faire une carrière solo. A l’époque, c’est Diadié Yacouba Dagnoko qui était ministre de la Culture, et Zoumana Sacko Premier ministre, en 199&. C’est ce qui a facilité ce départ, car les fonctionnaires pouvaient aller à la retraite anticipée. C’est ainsi qu’il a fait plusieurs albums, dont ” Fifi jolie”. Actuellement il travaille avec Kalitex qui fait des cassettes sur l’histoire du Mali et les relations franco-africaines. Ces DVD, aux dires de l’artiste, qui sont fait en France, lui permettent de joindre les deux bouts. Mais pour lui, si ce n’était pas la piraterie, il aurait pu se contenter des droits de ses œuvres.

De nos jours, plusieurs œuvres de Bakoroba sont disponibles en Europe, mais on ne les trouve pas sur le marché malien. " Je peux vivre du griotisme, mais je ne peux vivre de mes albums. Je ne dois pas vous mentir. Avec le travail qu’on fait, si l’Etat nous aidait à sauvegarder nos droits, à lutter contre les pirates, on aurait pu vivre de notre travail, même nos Jatigui seraient tranquilles, car il n’est pas facile de prendre en charge un griot de nos jours ". Bakoroba Diabaté est entre le Mali et la France car il travaille avec Camara production et M. Touré de Kalitex,  qui sont tous basés en France. Bientôt, il va commencer à vendre des CD au Mali, afin que les maliens soient au courant de tout ce qu’il est en train de faire. Bakoroba nous a fait savoir que ce qu’il gagne dans les démarches des mariages, la consolidation des liens de parenté, la médiation, est plus beaucoup plus important que les bénéfices de ses DVD et CD.    

Kassim TRAORE

 

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