Awa Meité directrice du festival Daoulaba : « Cette année, le festival rend hommage au photographe Malick Sidibé »

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En prélude à la tenue de la 8ème édition du Festival Daoulaba, prévue courant janvier 2015, nous avons approché l’initiatrice dudit festival. Il s’agit de la grande styliste, Awa Meité, non moins la fille de l’écrivaine et alter mondialiste Aminata Dramane Traoré. A cœur ouvert, elle nous parle de cette rencontre autour du coton malien. La particularité de cette année sera un hommage appuyé au célèbre photographe malien le doyen Malick Sidibé. Interview.

 Awa  Meité directrice du festival Daoulaba
Awa Meité

L’Enquêteur : Présentez-vous à nos fidèles lecteurs.

 Awa Meité : Je m’appelle Awa Meité, épouse van Til. Je suis ivoiro-malienne. J’ai fait des études de sociologie aux Etats Unis. Je me suis ensuite intéressée á la mode en côtoyant feu Chris Seydou, qui était un ami, je dirai même plus, un membre de ma famille.

J’ai pris très tôt conscience de l’importance des produits locaux, dont le coton, et de l’impact qu’une transformation locale plus importante peut avoir sur les conditions de vie des populations, et sur la croissance économique de tout un pays. Surtout pour le Mali, qui fait partie des pays les plus importants producteurs de coton en Afrique et au monde.

J’ai donc décidé de créer un festival dédié au coton. Cela est inédit, car á chaque édition du festival Daoulaba « Rencontres autour du coton » qui est á sa 8ème édition, la mobilisation nationale et internationale est de plus en plus forte. Cela montre que nous commençons á nous faire entendre et cela ouvre á nouveau le débat sur les recherches d’alternatives et de réponses locales á la crise économique, en mettant les hommes et les femmes au cœur des choses.
L’Enquêteur : Courant janvier prochain aura lieu la 8e édition du festival Daoulaba. Parle-nous un peu de cette rencontre internationale autour du coton.

 Awa Meité : La prochaine édition du festival, dont le thème est « Le rôle des cultures dans la reconstruction », sera l’une des plus importantes, en terme de contenu, d’action, de médiatisation et de mobilisation. Cette année, le festival Daoulaba  « Rencontres autour du coton » rend hommage au photographe Malick Sidibé.

Des personnalités du monde entier, des artistes, des stylistes, etc… seront invités pour á cette importante occasion.

Le thème des défilés seront inspirés des photos de Malick Sidibé. Des stylistes très connus á travers le monde présenteront des collections faites á partir du coton malien, pendant les festivités.

Les artistes invités sur scènes pour les concerts géants seront habillés de coton malien.

Nous invitons le public á faire de même.

Des expositions permettront de montrer au public et aux acheteurs le talent et l’ingéniosité des artisans maliens.

Les intervenants qui seront invités pour les débats sont de différents domaines, de différentes régions du Mali et de différents pays.

 

L’Enquêteur : Cette année le thème retenu est le rôle des cultures dans la reconstruction nationale. Quel message vous voulez passer à travers ce thème ?

 Awa Meité : Cette édition est un défi énorme pour le Mali, qui traverse l’une des crises les plus importantes de son histoire. En effet le monde entier sera á nos côtés, dont des stars internationales, dont ce sera le premier voyage en Afrique. Cette grande mobilisation est un signe que le thème de cette édition est d’une grande importance et un enjeu universel.

La quête d’alternative est mondiale, car il est évident que le modèle économique mondial est en faillite. Cela a un impact á tout les niveaux, social, politique, humain, environnemental, etc…

Cela se ressent, que l’on soit á Bamako, á New York ou á Pékin.

Il est devenu impératif que la recherche de solutions doit aussi se faire ensemble, que l’on soit du Nord ou du Sud.

C’est pour cela que de grands rendez-vous comme le festival Daoulaba, est une occasion de créer ces espaces d’échanges et de partage.


L’Enquêteur :   Pouvez-vous nous dire les raisons de la délocalisation du festival de Koulikoro à Bamako cette année?

 Awa Meité: Ce que vous appelez en fait une délocalisation n’en est pas une.

Nous voulions dès le départ faire de notre festival une initiative itinérante.

Les premières éditions du festival se sont tenues á Bamako, au Palais de la Culture.

Nous sommes ensuite allés á Koulikoro, où le festival a été pendant plusieurs années un événement phare, une fête populaire et entièrement gratuite.

 

Cela a été une expérience formidable et inoubliable.

Nous avons un partenariat avec le village de Shô, où nous avons construit un centre de formation en tissage et installé des métiers á tisser. A l’époque, le projet avait été financé par la coopération monégasque. Nous avons aussi eu un appui technique et matériel du Ministère de l’Artisanat et de la Culture de l’époque.

Nous essayons d’avoir un impact là où nous passons, car le festival Daoulaba veut sensibiliser, mais aussi montrer que le changement est possible localement. Cela n’est pas facile, et ne le sera probablement jamais. Mais nous avons décidé de nous battre et de ne jamais baisser les bras. C’est pour cela que nous continuons d’exister et de grandir.

 

Je me souviens encore que l’une des éditions les plus réussies du festival était celle de 2012, qui s’est tenue au Musée National du Mali, et qui avait été intégralement financée par des sponsors locaux et par la CMDT qui, aujourd’hui encore, est le partenaire officiel du festival et dont la confiance nous honore. C’était l’édition avec le plus petit budget, á l’un des moments les plus difficiles de la crise, mais nous étions fière d’y être arrivée avec seulement des ressources locales et une forte mobilisation des autorités.

 

C’est année, le site principal choisi est le quartier de Missira, á Bamako.

Ce quartier est le tout premier quartier pavé de Bamako, dont de nombreux autres se sont inspirés.

Ce quartier, est le tout premier á avoir été entièrement pavé au Mali. Il a été choisi comme l’un des sites les plus importants de cette édition du Festival Daoulaba « Rencontres autour du Coton » cette année pour deux raisons :

-Impliquer les populations locales au festival Daoulaba

-Montrer un modèle né d’initiatives locales, qui peut être viable et participatif.

En effet, ce quartier populaire a un visage humain. Les personnes qui y vivent veillent tant bien que mal á prendre soin les uns des autres. Des espaces exceptionnels dans le quartier offriront aux festivaliers des moments inédits de rencontres et de partages.

Ce quartier est engagé en faveur de l’assainissement

De la création artistique

De l’architecture de terre

Donne une belle image de Bamako, la coquette

Tous les habitants de ce quartier ont été impliqués au processus de pavage, d’assainissement et de reconstruction. Les enfants y ont planté des arbres, qui aujourd’hui offrent de l’ombre et créent un micro climat aux périodes les plus chaudes.

Ce modèle nous paraît très intéressant et nous avons estimé que le festival peut se tenir dans ce quartier. Nous y ferons peut être qu’une édition ou plusieurs, cela dépendra du déroulement.

 
L’Enquêteur : Pourquoi voulez vous rendre un hommage appuyé au célèbre photographe malien le doyen Malick Sidibe?

 Awa Meité : Pour nous, rendre hommage á Malick Sidibé allait de soi. Ses photos sont connus á travers le monde, et c’est une personnalité qui a aidé á faire connaître le Mali post- indépendance et a fait honneur á son pays. La plupart des maliens ne le savent peut être pas, mais Malick Sidibé est devenue une vraie légende vivante.

En plus de cela, il y a les liens de complicité et d’affection que j’ai tissés avec lui au fil du temps.   J’ai découvert en lui, une personne remarquable de générosité, d’humour, de sagesse et d’humilité. Les visites que je lui rendais étaient de vrais moments de bonheur, au cours desquels j’apprends énormément.   Ils ne sont malheureusement pas aussi nombreux que je le souhaiterais.

Sans compter que dans mon enfance, je faisais partie du même grain que l’un de ses fils avec qui j’ai gardé de bonnes relations. Je me souviens encore qu’on allait souvent á son atelier.

Il était toujours en train de nettoyer un appareil, ou de regarder des négatifs. C’était un homme passionné de son travail, et curieux de tout.

 

Bien que ses photos témoignent des années 50, 60 et 70 et chroniquent la joie de vivre et l’espérance de cette époque, elles restent d’actualité et peuvent nous inspirer si nous regardons avec un autre regard.
L’Enquêteur : Un avant-goût sur les temps forts de ce rendez-vous culturel et bien sûr les invités de marque qui seront de la fête?

Awa Meité : Vous aurez bientôt un goût de cette édition inédite de la grande fête du coton du Mali.

Lisez l’Enquêteur pour les nouvelles informations sur les noms des invités qui vous seront communiquées incessamment.

Mais surtout, venez nombreux, habillés de coton tissé fait au Mali

Soutenons notre filière cotonnière, car l’or blanc peut nous aider á surmonter les crises et á retisser les liens légendaires entre frères et sœurs maliens, africains, et du monde.
Aliou Badara Diarra

 

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