Dans le cadre de la promotion de la lecture comme facteur de développement au Mali, nous nous sommes intéressés à un ouvrage intitulé : « La procédure pénale au Mali ». C’est un ouvrage de 205 pages écrit par Malick Coulibaly et publié aux Éditions Jamana.
En l’espèce, le document écrit par un juriste et commenté par un autre juriste recommande beaucoup d’attention quant à la démarche à suivre. Cependant, l’étude de l’ouvrage nous montre qu’il est composé d’une introduction générale comportant la définition et le domaine de la procédure pénale, son importance ainsi que son évolution et ses sources ; une première partie qui traite les institutions du procès pénal ; la seconde partie porte sur le déroulement du procès pénal sans oublier la table alphabétique et la bibliographie.
Pour mieux situer le lecteur, l’auteur pose la problématique d’un cas pratique. A la page 7, il est écrit ceci : « 1- Sous une fine pluie, l’infirmier Mamadou prit sa moto Djakarta pour se rendre dans un hameau situé non loin de la commune rurale de Dio en vue d’apporter des soins à un malade en détresse. Chemin faisant, il tomba dans une embuscade tendue par deux individus qui le dépouillèrent de son téléphone portable avant de disparaître avec sa moto. La victime continua son chemin à pieds jusqu’à destination. Il apporta les soins au malade et y passa la nuit. Le lendemain, il se rendit à la brigade de gendarmerie de Kati pour porter plainte. Deux semaines plu tard, les investigations entreprises par les gendarmes aboutirent à l’arrestation des deux agresseurs. Ceux-ci furent déférés au parquet de Kati. Après avoir interrogé les présumés auteurs et la victime, le Procureur de la République sollicita et obtint l’ouverture d’une information judiciaire. Pendant des mois, le juge d’instruction saisi mena des investigations qui conduisirent au démantèlement d’un véritable réseau de malfaiteurs. A l’arrivée, le juge d’instruction prit une ordonnance de transmission de pièces au Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako. Ce magistrat saisit à son tour la Chambre d’Accusation de la juridiction du second degré qui décida in fine de la mise en accusation des inculpés devant la Cour d’Assises. A l’issue du procès entrepris, les accusés furent condamnés à de lourdes peines. 2- Le cheminement suivi de la dénonciation au niveau de la gendarmerie jusqu’à la condamnation définitive constitue l’objet de la procédure pénale. Celle-ci ne doit pas s’entendre seulement de la marche du procès pénal, mais de l’ensemble des institutions liées à ce procès. 3- Il convient de souligner que l’infraction et la sanction qui lui est applicable ressortent du droit pénal général. Dès lors, nait inéluctablement un lien entre cette discipline et la procédure pénale. L’explication est que, la première prend vie à travers la seconde qui devient un trait d’union entre l’infraction et la sanction ». Ceci étant dit, l’auteur met l’accent à la page 8 sur l’importance de la procédure pénale par ces mots : « La procédure pénale revêt une importance toute capitale. D’abord, comme souligné plus haut, elle rend possible l’application du droit pénal. Ensuite, la procédure pénale peut avoir une fonction de prévention du crime. Beccaria l’affirmait autrement : « La cause profonde de tous les relâchements viennent de l’impunité des crimes, non de la modération des peines ». L’explication est qu’une procédure pénale efficace assure une répression sans faille et anéantit le sentiment d’impunité. L’anecdote rapportée par MADAN le signifie à suffisance : un avocat rencontra un repris de justice et s’étonna : « Vous qui avez échappé de peu à la mort, comment se fait il que vous soyez à nouveau confronté à la justice? ». L’interlocuteur lui répondit : « Monsieur, la vérité est qu’il y a tellement de chances en notre faveur, et tellement peu contre nous, que je n’aurais jamais pensé en venir là. D’abord, les chances sont élevées de ne pas être découvert et beaucoup plus être appréhendé, et si vous êtes appréhendés de ne pas être condamnés et n’être pendu. Ainsi, je me considérais en sécurité, avec vingt chances contre une en ma faveur ».
Dans la même logique, l’auteur dira que la procédure pénale est principalement régie au Mali par la loi n° 01-080 AN-RM du 20 août 2001 portant code de procédure pénale. Cette loi a abrogé et remplacé la loi n° 62-66 AN-RM du 6 août 1962 portant code de procédure pénale qui a succédé au code d’instruction criminelle naguère applicable en Afrique Occidentale Française (AOF).
7- Le nouveau code de procédure pénale fait sienne la protection des droits de l’homme et des libertés. Ainsi, dans ses dispositions préliminaires, il prescrit un certain nombre de garanties portant sur le caractère équitable du procès pénal, la présomption d’innocence, le respect des droits de la défense ou encore le principe du double degré de juridictions. 8- D’autres textes régissent également la procédure pénale. C’est le cas par exemple de la Constitution du 25 février 1992, la loi n° 01-081 AN-RM du 24 août 2001 portant sur la minorité pénale et institution de juridictions pour mineurs ou encore la loi n° 95-042 / AN-RM du 20 avril 1995 portant code de justice militaire.
La première partie de l’ouvrage qui débuta à la page 11, détaille les institutions du procès pénal. Divisée en deux chapitres, elle traite les organes chargés de la répression de l’infraction et les actions en justice. Quant à la seconde partie, la lumière est faite sur elle à partir de la page 119. Elle concerne le déroulement du procès pénal. A ce niveau, le premier chapitre traite l’instruction préparatoire ; et le second la phase décisoire et le troisième les voies de recours.
En tant qu’enseignent à la faculté des Sciences Juridiques et Politiques, l’auteur n’a pas occulté de mettre cette partie : « Un étudiant en droit qui ne s’accorde pas le temps de suivre des audiences correctionnelles et civiles pendant son cursus universitaire, ne vaut guère mieux qu’un ingénieur agronome qui a décroché son diplôme sans mettre le pied dans un champ. Le présent chapitre est tout simplement une invite adressée aux étudiants à s’imprégner du parachèvement de la procédure pénale. De ce fait, nous laissons les lecteurs d’aller à la satisfaction de leur curiosité en se procurant de ce document.
Il est à noter que Malick Coulibaly, après ses études fondamentales et secondaires, obtint le baccalauréat au lycée Prosper Kamara, série Langues Littératures (LL) en 1992. Sorti de l’École Nationale d’Administration (ENA) avec une maîtrise en Sciences Juridiques en 1998, puis à la Faculté de Droit de Montpellier où il décrocha successivement un DEA en Droit privé fondamental en 2000, un Doctorat en Droit privé fondamental et Sciences criminelles. Depuis 2004, il est chargé de cours à la faculté des Sciences Juridiques et Politiques. Il fut magistrat de 2005 à 2008.
Malick Coulibaly est aujourd’hui l’actuel ministre de la justice du Mali.
Mamadou Macalou
Merci monsieur le ministre pour avoir mis un tel ouvrage à la disposition de vos étudiants et des professionnels du droit. A travers cet ouvrage vous vous immortalisez sans doute devant la mémoire collective car notre pays a connu des grands juristes et rare sont ceux qui ont pris la plume pour matérialiser leur savoir afin de le partager avec des générations futures et vous aviez su le faire.
Puisse cet ouvrage servi à éclairer davantage les juristes en herbe et renforcé les juristes confirmés au MALI et ailleurs.
Que d’autres éditions succèdent à celle-là!
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