Ousmane Samassekou, forgeron de son état, a son atelier au nouveau marché de Médine appelé «Marché Dossolo». Âgé d’une soixantaine d’années, notre forgeron dispose de son propre atelier depuis plus de 30 ans. De par les activités qui s’y affluent de nos jours, son atelier est devenu une véritable entreprise. Il emploie une quarante de personnes et tous gagnent leur vie dans la forge.
De 1965 à nos jours, il a fabriqué des matériels agricoles et des foyers améliorés dans son atelier. M. Samassekou est polygame et père de plusieurs enfants tous scolarisés, bien que lui-même a quitté les bancs en 1ère année fondamentale, en 1960, à Bandiagara, sa ville natale. À l’en croire, il est arrivé à Bamako en 1976, et avant déjà, le métier de forgeron était exercé dans sa famille puisqu’il est issu d’une famille de forgerons de naissance et de métier. Il nous raconte son histoire.
«Ce métier, je l’ai appris auprès de mon père en famille. Ici, dans mon atelier, j’ai environ 40 personnes (adultes et jeunes adolescents) apprenants et employés. Nous fabriquons des charrues, des charrettes, des herses, des semoirs et beaucoup d’autres choses dont les foyers améliorés. Je parle très bien français comme vous le constatez, alors que je n’ai pas fait l’école, parce que tous mes amis et collaborateurs et autres clients sont tous des fonctionnaires ou des étudiants. Comme expérience, j’ai effectué 45 jours de stage de perfectionnement dans la fabrique des matériels agricoles en Allemagne en 2000, et plus tard, en 2005, je suis de nouveau reparti en Allemagne. Cette dernière fois, c’était pour démontrer nos expériences en matière de forge dans sa ‘forme ancienne’, c’est-à-dire la forge rudimentaire, traditionnelle et manuelle par laquelle on fabrique des dabas, des houes des haches et autres couteaux et fusils etc. Il y avait des Togolais des Burkinabé, des Sénégalais, des Tchadiens, des Ethiopiens, des Nigériens et des Maliens. Mais parmi toutes ces nationalités, moi j’ai été le seul à pouvoir travailler avec les Allemands sur ‘l’ancienne forge’. Toutes les autres nationalités n’ont pu faire de démonstrations, sauf moi seul, le Malien et un Français appelé Nando. C’est d’ailleurs pourquoi, en fin de séance, Français et moi, on nous a donné un Trophée. Ce qui m’a valu d’être membre de l’Association des forgerons de l’Europe. Nous avons tous obtenu des diplômes de reconnaissance. Il faut signaler que j’ai reçu la visite du président ATT dans ma forge ici en 2010. Aussi, le ministre Iba N’diaye m’a visité ici dans ma forge au marché Dossolo à Médine. Je suis aussi le tout premier fabriquant des foyers améliorés au Mali. Car je l’ai commencé depuis sous Moussa Traore avec l’UNFM. J’ai ensuite fait 2 ans avec un Blanc qui était le formateur des femmes de l’UNFM ; on était organisé de sorte que ce Blanc faisait le plan des foyers améliorés sur papier et moi je les fabriquai matériellement. C’est après que GTZ m’a recruté en me donnant 150.000 Fcfa comme salaire tout en commandant et payant tous les foyers améliorés que je fabriquai pendant toute année. J’étais aussi formateur des artisans-forgerons avec GTZ. J’ai formé pour eux plus de 300 artisans-forgerons dans la fabrique de foyers améliorés. Dans ce projet de GTZ, j’ai fait tous les cercles du Mali de Yelimané à Kidal. J’ai aussi fait tous les pays de la sous-région dans la fabrication des foyers améliorés. C’est quand tous les autres forgerons se sont lancés dans la fabrication des foyers améliorés, que le revenu est devenu très maigre maintenant. Donc moi, j’ai choisi de virer dans la fabrication des matériels agricoles. Dans ce domaine aussi j’excelle beaucoup. Car maintenant, je fabrique un semoir particulier qui sème et met de l’engrais en même temps, en plus des herses, des charrues, des charrettes, des semoirs et beaucoup d’autres matériels agricoles. Depuis que j’ai eu des contacts avec l’usine SMECMA (société malienne de confection de matériels agricoles), des pays comme la Mauritanie, le Sénégal la Côte d’Ivoire à travers cette société achètent des matériels agricoles avec moi en grandes quantités. J’ai même l’habitude de faire des marchés de 100.000.000 de Fcfa. Si j’ai un conseil à donner aux jeunes, je leur dirai d’étudier d’abord ensuite d’embarrasser les métiers, les techniques, car c’est cela qui paie. Mais il leur faut du courage et du sérieux dans tout ce qu’ils entreprennent dans la vie. Moi j’ai tout eu dans l’ouvrage, fan mon métier de forgeron».
Seyni TOURE