Longtemps laissé pour compte sur le quai du développement, le secteur de l’artisanat renaît de ses cendres. La ‘’main bénie de Jésus’’ vient du gouvernement d’Oumar Tatam Ly, qui a instruit à tous les ministres, directeurs des services centraux et organismes personnalisés de l’Etat de privilégier la production nationale, venant du secteur de l’artisanat, dans les achats et commandes publics en matière de fournitures de services.
Cette instruction fait suite à une série de commandes de fabrication d’objets d’arts passée par les services du Protocole de la République à la demande du nouveau locataire du Palais présidentiel de Koulouba, El Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, pour servir de cadeaux offerts à ses hôtes de marques de passage au Palais de la République. La qualité des produits proposés a semble t-il convaincu le commandeur, qui a décidé de stimuler le secteur de l’artisanat, qui est à la fois créateur d’emplois et de richesse.
A la différence de son prédécesseur, IBK a compris que le secteur de l’artisanat recèle une mine d’emplois qui n’a juste besoin que d’une simple reconnaissance des talents minorés. La création des 200 000 emplois promis aux jeunes pendant la campagne passe par une revalorisation des emplois considérés, à tort, comme précaire et peu valorisant. Le déclic vient donc du ‘’mandé mansa’’ lui-même, a indiqué le président de l’APCMM (Assemblée permanente des chambres des métiers du Mali), Mamadou Minkoro Traoré. C’était à la faveur d’une assemblée générale qu’il a organisé le lundi dernier au siège de l’APCMM sis à Ngolonina.
L’instruction de la délivrance du Premier ministre a sonné dans l’oreille des artisans comme un coup de tonnerre. Elle tombe à un moment où ils s’y attendaient le moins. Elle fait également suite à l’incendie qui a ravagé le marché des arts de Bamako (Artisanat). Cet incendie n’a fait que crever une situation déjà chaotique. Il faut rappeler que le détournement des touristes de notre pays à cause de la crise politico-sécuritaire, de laquelle notre pays se relève timidement, a fortement impacté les secteurs du tourisme et de l’artisanat (un binôme inséparable). Cette crise a ruiné beaucoup d’artisans du fait de la mévente. Cette situation de crise, qui a pris de court les Autorités d’alors, avait été pressentie par les artisans qui avaient voulu anticiper sur la contraction du marché. Il ressort du constat de certains artisans rencontrés en son temps, le secteur de l’artisanat au Mali s’est trop aliéné au marché international du tourisme, au point que la consommation locale s’est effritée. Les Maliens achètent très peu le « Made in Mali ». Pour renverser cette courbe dangereuse pour la survie du secteur, les artisans avaient proposés au gouvernement d’alors de leur donner le marché d’équipements de la nouvelle Cité administrative. Mais hélas, le cri de cœur tombait jusque-là dans les oreilles des sourds. Les Autorités de la Commande publique, plutôt préoccupées par les commissions qu’elles perçoivent des marchés sulfureux passés avec des commerçants véreux, avaient jeté leur dévolu sur les œuvres de fabrication étrangère et de surcroit de piètre qualité. L’invasion de nos administrations par ces meubles dignes des poubelles, asphyxiait à petit feu notre économie, dans l’indifférence généralisée. Il urgeait de mettre fin à cette hémorragie afin de relancer la production nationale, à travers le secteur de l’artisanat, dont le développement peut avoir un effet d’entrainement sur l’ensemble de notre économie. Les pays dit développés ne rechignent à soutenir les secteurs clés de leur économie. L’exemple du renouvellement de la flotte de l’armée de l’air américaine illustre parfaitement cette situation. Les Etats-Unis ont barré la route à Airbus au profit de son avionneur maison : Boeing. Le Mali aussi se doit de protéger son artisanat de l’importation sauvage des produits non durables et qui ne crée aucune valeur ajoutée. La prochaine étape est certainement le secteur agricole. Vivement des mesures incitatives pour booster notre production nationale.
Mohamed A. Diakité